L’opposition possessionnaise l’avait promis. Au bout des 100 premiers jours de mandature de Vanessa Miranville, elle ferait le bilan. Chose promise, chose due, hier lors d’une conférence de presse au cours de laquelle François Fasquel, Jean-Hugues Savigny et Patrice Lauriol ont dégainé sur tous les sujets.
Le trio n’y est pas allé de main morte. Un condensé : « Vanessa Miranville est une manipulatrice qui use de mensonges, de contre-vérités, d’allégations, de renvois de responsabilités ». La suite est du même acabit.
Ce trait de caractère que prête l’opposition à la maire a commencé par son « mensonge sur la situation financière de la ville. Qu’est-ce qu’on ne vous a pas raconté sur l’état des finances de la ville. Au final, la vérité a fini par éclater : au dernier conseil municipal, les élus ont adopté le compte administratif de la majorité sortante, l’équipe de Miranville s’est abstenue et on peut comprendre, on ne crache pas sur un excédent net de clôture de près de 1,2 million d’euros. C’est une performance, malheureusement passée sous silence, qui traduit la bonne santé financière de la commune », explique Jean-Hugues Savigny, ancien adjoint aux finances. Une présentation des comptes faussée qui a conduit selon eux à « une entreprise de démolition » des projets engagés par l’ancien maire. Nous avons déjà eu l’occasion d’en parler.
Ils ne lâchent pas l’affaire concernant le recrutement d’une directrice générale des services « et probablement du prochain DRH » dont l’appel à candidature était « bidon » selon eux.
Le « système Miranville »
Au point que pour eux, « les délits de favoritisme sont avérés ». Jean-Hugues Savigny et Patrice Lauriol comptent d’ailleurs se constituer partie civile et saisir le Procureur pour délit de prise illégale d’intérêt et recel de prise illégale d’intérêt contre le maire et son DGS, EliseMme Cadren, « dans la mesure où nous avons eu confirmation que le recrutement de la nouvelle DGS n’est au final qu’un renvoi d’ascenseur pour son implication dans la campagne de l’actuelle maire », disent-ils. Même topo pour les chargés de mission. Au passage, Anticor sera informée sur ces pratiques, promettent-ils.
Les anciens adjoints de Roland Robert osent même le terme de « système Miranville » qui s’installe. « Avec Vanessa Miranville, c’est l’apogée du système clanique qu’elle a pourtant vivement reproché aux Robert ». Ils en tiennent pour preuve que lors d’un conseil municipal, « Mme Le Maire a siégé aux côtés de son frère et de son concubin ». Pareil pour ses soutiens : « tout son staff de campagne a été recruté en mairie : le cabinet, les chargés de mission et même Philippe Lew. C’est faites ce que je dis, pas ce que je fais ! »
Un DGS plus cher
Le cas particulier de la transition entre l’ancien DGS et la nouvelle occupe une bonne part de l’intervention des opposants extérieurs au conseil. « Il faut rétablir la vérité », disent-ils, avant de détailler le recrutement de la DGS par des chiffres.
« Puisque Mme le Maire se fait le chantre de la transparence, il ne faut pas avoir peur de tout dire : dans un premier temps, en tant que DGA, Mme Cadren va percevoir 6.500 euros, chiffre donné par Mme Le Maire. Dès que le poste de Doris Carassou sera vacant en septembre, elle sera donc sur l’indice du poste de DGS, soit 7.300€ /mois. A cela s’ajoutent la villa de fonction à la Ravine à Malheur, 1.900€ /mois (dont une partie serait prise en charge par Mme Cadren, on ne sait pas s’il s’agit de la facture d’eau ou d’électricité et la taxe d’habitation comme l’impose la loi), et s’ajoute également la véhicule de fonction valorisé à 300€/mois. Au total, Mme Cadren percevra au 1er septembre en tant que DGS 9.500€/ mois, avec les avantages en nature. Soit, pour reprendre le raisonnement de Mme Le Maire : 585.000 € sur cinq ans, puisque la ville a aussi pris en charge les frais de déménagement de sa famille. Si elle avait gardé Doris Carassou ou pris un autre DGS réunionnais (pas de frais de déménagement, ni de logement de fonction), cela nous aurait coûté 465.000 sur les cinq ans, une économie de 120.000€, tout de même ! »
François Fasquel, Jean-Hugues Savigny et Patrice Lauriol poursuivront leur travail de sape en connexion directe avec la population. Le premier numéro de leur Journal sera distribué à 12.000 exemplaires. Comme son nom l’indique, la ligne éditoriale est celle de « l’émancipation ». « Pour nous, l’émancipation est un projet politique. Il porte en lui la nécessité d’une information objective et celle de la formation citoyenne par des rappels d’éléments de mémoire », affirme François Fasquel.
L’équipe a choisi de le faire publier tous les trois mois. Un journal des 100 jours qui signe « la fin de l’état de grâce de Vanessa Miranville ».