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Adolescentes violées: 15 ans de prison pour le prêtre tamoul malgache

Accusé de viol sur deux adolescentes entre 2012 et 2014, le prêtre tamoul malgache, David Ramara, a été condamné à 15 ans de prison.   Ce jeudi – deuxième et dernier jour de procès – l’accusé de 44 ans semblait croire encore à sa liberté, clamant son innocence et se présentant toujours comme la victime […]

Ecrit par – le jeudi 30 novembre 2017 à 17H16

Accusé de viol sur deux adolescentes entre 2012 et 2014, le prêtre tamoul malgache, David Ramara, a été condamné à 15 ans de prison.
 
Ce jeudi – deuxième et dernier jour de procès – l’accusé de 44 ans semblait croire encore à sa liberté, clamant son innocence et se présentant toujours comme la victime d’un complot, lui qui était si « généreux » et « bienveillant » envers ces jeunes filles et leurs familles. Un sauveur, stricte en ce qui concernait les cérémonies religieuses, mais sinon « cool » auprès des jeunes malgré ses 41 ans. Et ce n’est pas son casier judiciaire lourd, ni la longue liste de témoins qui le qualifient de « manipulateur » et de « violent », ni les nombreuses femmes, concubines et maîtresses qu’il a pu connaître, qui peuvent le faire chavirer. Il a « changé ».
 
Mais coup de massue en fin de matinée. Le président de la cour d’Assises, Michel Carrue, déclare avoir entre les mains un procès verbal datant du 28 novembre, soit la veille de ce procès. Il y est écrit que David Ramara est accusé par son ex-concubine de l’avoir frappée alors qu’elle venait récupérer des affaires chez lui. Il aurait ensuite cherché à fuir les gendarmes en voiture, avec son ex séquestrée à l’intérieur et manquant de peu de faire un accident, alors qu’il n’a pas de permis. Un permis retiré suite à un accident de voiture en 2004, dans lequel il avait été responsable de la mort d’une personne. Il maintient devant la cour que ce qui est écrit est faux, il n’était pas là… Mais l’accusé, qui comparaissait libre jusqu’à présent, s’est vu assigner un mandat de dépôt. Fini la liberté pour lui, un peu plus tôt que prévu.
 
« Il n’a pas peur, même des juges »
 
Les avocats de la partie civile ont décrit le calvaire des victimes qui tenteraient tant bien que mal de s’en sortir aujourd’hui. Des jeunes femmes violées dont les familles n’ont pu douter une seule fois de la bonté de ce prêtre ; à tel point que le père d’une des adolescentes n’a pas cru sa fille jusqu’aux auditions avec la police. « Pardon, pardon », dit-il en pleurant, se retournant pour regarder sa fille. Si David Ramara avait une telle emprise sur les parents, on ne peut qu’imaginer celle qu’il aurait eue sur les enfants.
 
Ceci expliquerait, selon l’expert psychiatrique, l’incohérence de certains détails – les victimes craignant toujours les conséquences de leurs accusations. Elles seraient aujourd’hui encore intimidées par cet homme qui a eu tout pouvoir sur elles et leur famille. Lui, avoue pouvoir être violent. Selon lui, elles en avaient conscience, l’ayant vu « régler des trucs pour elles ».  « Ce n’est pas facile de lui parler, il répond, il n’a pas peur, même des juges », affirme l’avocat d’une des victimes, Fabrice Saubert.
 
 « Je suis innocent »
 
Selon la défense, « le dossier est vide ». Les dépôts de plaintes auraient tout fait basculer mais « avant, tout se passait bien ». Après les faits, les victimes auraient continué à participer aux cérémonies et fréquenter l’accuser, preuve que rien ne s’était réellement passé. « Quelqu’un de très ouvert, populaire avec toutes les personnes », « il aime sa religion, il travaille et aime tout le monde », voilà le portrait peint par la défense. « Si on l’envoie en prison alors qu’il n’a rien fait, sa vie est finie ».
 
« Je suis innocent », déclare enfin David Ramara. Pour lui, ce n’est pas des actes de viol qui ont été jugés ce jeudi:  « J’entends parler d’argent, on ne parle pas de viol, on parle de finances, d’escroquerie, de la religion malbar ». Il abandonne le Français pour revendiquer son identité créole. Il décrit à nouveau les cérémonies, leur déroulement, son dévouement à la religion – car il en a plusieurs, ayant grandi dans le catholicisme, s’étant rapproché de la religion malgache puis s’étant converti à l’Islam – et justifie les sommes d’argent demandées, comme voulant parler de tout sauf des faits qui lui sont reprochés.
 
Les sanglots et tremblements des jeunes femmes semblaient pourtant bien réels. Serait-ce du cinéma ? Un complot ? Le jury n’y a pas cru. La procureure avait requis 12 ans de prison et 10 ans de suivi socio-judiciaire avec une peine de 2 ans en cas de non-respect, évoquant sa dangerosité et le refus de reconnaître ses torts. Il a finalement été condamné à 15 années de prison.

Me Laurent Payen, avocat de l’une des victimes:

 

 

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