“Malheureusement, cette décision ne nous surprend pas. Nous sommes totalement conscients que nos actions contre la corruption agacent le gouvernement”, lance Jean-Émile De Bollivier, référent local de l’association Anticor.
Après la perte de son agrément, l’association avait fait une nouvelle demande auprès du ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti puis de la Première ministre Elisabeth Borne qui s’étaient successivement déportés. La tâche d’un nouvel arrêté revenait donc à la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna qui avait jusqu’à ce mardi 26 décembre minuit pour se prononcer.
Ce refus implicite questionne l’association d’autant que “durant les 6 mois de l’instruction, aucun reproche ne nous a été fait”. Pour Jean-Émile De Bollivier, “il y a une volonté avérée de mettre à mort notre association par rapport aux dossiers que nous montons au niveau national et local. La pilule bleue et blanche avait du mal à passer pour le gouvernement” (le logo d’Anticor, qui se veut être un « remède contre la corruption », étant bleu et blanc).
À La Réunion, une cinquantaine de dossiers sont dans les tiroirs d’AntiCor. L’association s’était pour exemple portée partie civile dans le procès de Jean-Paul Virapoullé, Nassimah Dindar, Olivier Rivière ou encore André Thien Ah Koon. “Sans agrément, nous perdons notre intérêt à agir, notamment en cas d’inaction du parquet”, rappelle Jean-Émile De Bollivier. Il déplore au passage que l’appel lancé à tous les parlementaires réunionnais soit resté lettre morte.
Si la présidente d’AntiCor, Elise Van Beneden, a déjà annoncé “contester cette décision devant la justice administrative”, son référent à La Réunion tient à rassurer les lanceurs d’alerte. “Nous sommes obligés d’attendre, mais nous avons encore le temps de récupérer notre agrément. On ne lâche pas”.