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Meurtre de Vanina : « Si je devais le refaire, je le referais »

​Le deuxième jour du procès du meurtre de Vanina a réservé une surprise de taille. L’accusé a commencé par présenter ses excuses à la famille de la jeune fille et demander pardon. Il s’est également excusé pour les insultes proférées envers les magistrats tout au long de l’instruction, mais aussi envers la France qu’il avait injuriée devant la chambre de l’instruction.

Ecrit par 1167938 – le mercredi 03 mai 2023 à 20H24

Une fois n’est pas coutume, Ridaï-Mdallah Mari est difficile à cerner. Après n’avoir exprimé aucun regret lors du premier jour de son procès en appel, il a présenté des excuses à la famille de Vanina : ‘J’espère qu’un jour vous pourrez me pardonner ». La présidente a ensuite procédé à son interrogatoire. À travers les questions de la magistrate, l’accusé a raconté sa rencontre avec Vanina, son voyage à Mayotte et son retour à la Réunion la veille du meurtre. La présidente a dû user de finesse et d’autorité pour arriver jusqu’à la scène du crime. En effet, l’accusé a une tendance certaine à la dichotomie et à la logorrhée. 

Cette fois encore, les déclarations de Ridaï-Mdallah Mari sont en contradiction avec ses déclarations lors des auditions. Il avait évoqué un crime passionnel, car selon ses dires, Vanina voulait le quitter. Là, il n’est plus question de cela : « Je n’avais pas de projet de couple avec elle, je n’ai pas eu de coup de foudre » indique-t-il. Aussitôt contredit par la présidente qui lui relit ses déclarations, il rebondit et fait volte-face : «  J’ai dit ça, mais j’ai tout inventé. C’était une stratégie pour ne pas aller en hôpital psychiatrique, on voulait me faire passer pour un fou. La seule vérité est celle que j’ai dite durant la garde à vue »

« J’ai senti que quelqu’un contrôlait mon esprit »

La présidente en arrive difficilement à l’élément déclencheur de son acte, mais parvient à l’y emmener : « Elle est venue chez moi vers 10h30, on a passé la journée ensemble et elle m’a dit qu’elle devait partir à 16h. On a regardé la télé et puis il y a eu cet appel des gendarmes, ça m’a énervé. J’ai senti que quelqu’un contrôlait mon esprit après les appels de la famille et de la gendarmerie. Ensuite, elle a décidé de rester, on s’est allongé sur le lit. 

On a discuté et on s’est endormi. Il y avait des forces obscures ce soir-là, je me suis réveillé d’un coup et j’ai senti que je changeais de personnalité. Je lui ai dit : « C’est toi qui fait ça, c’est toi le diable ».  Et là, l’armoire s’est écroulée d’un seul coup, les étagères se sont écroulées et tout est allé se ranger dans le salon. Je me suis levé et j’ai pris le couteau », explique l’accusé avec une froideur sans nom en mimant ses actes par des gestes précis sous le regard médusé de la famille et des jurés . L’horrible suite est malheureusement connue.  

« Je ne regrette rien ! Si je devais le refaire, je le referai »

Interrogé ensuite par Me Saubert, avocat des parties civiles, le ton monte quelque peu entre les deux hommes. L’accusé est mis à mal par la robe noire qui le place face à ses contradictions, mais surtout face à ses élucubrations : « Vous avez des regrets ? Quels regrets ? Pourquoi  avez-vous tué cette personne ? Vous êtes le seul qui reste pour témoigner, elle, elle n’est plus là ! Vous comprenez ça ??? » lance Me Saubert. La réaction de l’accusé ne s’est pas fait attendre. Dans un style qui est le sien, il regarde l’avocat et lui lance fièrement : « Je ne regrette rien ! Si je devais le refaire, je le referais. Je n’ai pas de regrets d’avoir tué le diable« .

La suite de l’audience était consacrée aux témoignages des différents experts psychiatres et psychologues. La question cruciale de son état psychiatrique au moment des faits a été placée au centre du débat. Les expertises ont été faites en mai et juin 2018 pour les premières et en octobre 2019 pour les dernières. Selon les experts, l’accusé est une personne moyennement intelligente présentant une personnalité narcissique et mégalomane. S’ils s’accordent sur la présence d’une manie délirante (obsession), d’une hypomanie (trouble de l’humeur) et d’une paranoïa, leurs conclusions divergent totalement. 

« M. Mari n’est pas quelqu’un que l’on peut qualifier de normal »

Le premier psychiatre conclut à une abolition du discernement au moment des faits et le maintient lors de l’audience : « Pour moi, il fallait l’hospitaliser. C’est peut-être la rencontre avec la victime qui l’a fait décompenser. Il a une maladie mentale liée au trouble de l’humeur. M. Mari n’est pas quelqu’un que l’on peut qualifier de normal » soutient le spécialiste à la cour. 

La conclusion du second psychiatre est l’altération du discernement qu’il maintient également à l’audience : « Ce fût une décision difficile, mais je conclus qu’il est altéré, car il a trop de troubles. Pour autant, il est dans une réalité même au moment de l’acte, il y avait un degré de conscience » conclut le psychiatre. 

La loi est claire à ce sujet, on ne juge pas les fous

Dans les deux cas, les spécialistes sont unanimes sur la dangerosité psychiatrique et criminelle de l’accusé. Compte tenu des enjeux en matière pénale, l’altération laisse l’accusé responsable de ses actes et accessible à une sanction pénale, mais amoindrie. Dans le cas de l’abolition, l’accusé est déclaré irresponsable et ne serait plus accessible à une sanction pénale. La loi est claire à ce sujet, on ne juge pas les fous. Il serait alors placé, sur ordre du préfet en UMD (Unité pour Malade Difficile). À ce titre, l’avocate générale s’est évertuée, en vain, à vouloir faire changer d’avis le premier spécialiste malgré de nombreux arguments. La défense a, pour sa part, tenté d’obtenir l’acquiescement d’un degré d’altération reconnue proche de l’abolition. 

Ce procès hors norme en appel devrait voir sa conclusion ce jeudi 4 mai dans la soirée. L’enjeu pour le parquet général est de convaincre les jurés que l’accusé était altéré mais non aboli au moment des faits. Il serait donc accessible à une sanction pénale. L’accusé, qui avait écopé d’une peine de 30 ans en première instance eu égard à son altération du discernement, risque la réclusion criminelle à perpétuité. 

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