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Meurtre de Vanina : 5 ans après, l’accusé toujours sans aucun regret

​Le procès en appel du meurtrier de la jeune Vanina a débuté ce mardi 2 mai 2023. Contre toute attente, Ridaï-Mdallah Mari était bien présent dans les box des accusés. Malgré la souffrance, de revivre une deuxième fois l’énoncé des horreurs commises, la famille de Vanina était également dans la salle. On pouvait sentir beaucoup de pudeur et de dignité dans leur comportement malgré les indicibles souffrances endurées depuis 5 ans jour pour jour.

Ecrit par 1167938 – le mercredi 03 mai 2023 à 05H45

Vous l’aurez compris, ce n’est pas une date anodine pour la famille de la victime puisque les faits ont eu lieu le 2 mai 2018.  La présidente s’en est d’ailleurs excusée auprès de la maman de Vanina, évoquant le hasard du calendrier. Il convient également de préciser que le procès, prévu sur quatre jours afin d’entendre les nombreuses parties prenantes, sera écourté en raison de l’absence des enquêteurs. La présidente indique un problème de disponibilité. Il en est de même pour le psychiatre qui avait conclu à l’altération du discernement de l’accusé. 

Beaucoup d’inconnues entouraient le premier jour de ce procès hors norme, tant par les faits d’une horreur sans nom, que par la personnalité de l’accusé. C’est un homme méconnaissable qui se présente dans le box de la cour d’assises. L’accusé a pris énormément  de poids et, est apparu étonnamment calme. Il s’étonne d’abord de ne pas voir l’avocat qui l’avait défendu en première instance : « Pourquoi ce n’est pas mon avocat ? De toutes façons, il a eu un comportement étrange envers ma personne », oubliant de préciser qu’il avait refusé de le voir pendant 4 mois à l’issue du premier procès. La présidente s’est d‘ailleurs faite fort de le lui rappeler. Il accepte donc, et sans broncher, son nouveau défenseur en la personne de Maître Nicolas Normand, désigné par le bâtonnier. 

« Elle a compris ce qu’il se passait, car elle s’est protégée avec son bras »

Les débats débutent par le témoignage du médecin légiste, il est 9 heures, l’accusé est étonnamment calme. Par souci de respect envers la famille, nous avons volontairement choisi de ne pas revenir sur les détails de ce meurtre d’une cruauté sans nom. Comme le dit le médecin légiste : « Je m’excuse auprès de la famille pour les termes de ma déposition qui vont être particulièrement pénibles » et de conclure à la fin de son exposé de l’examen du corps de Vanina : « Elle a compris ce qu’il se passait, car elle s’est protégée avec son bras. Les gestes que l’accusé a pratiqués ensuite, relèvent de la minutie. La mise en scène relève à mon sens, de la symbolique ». 

Interrogé par les différentes parties, le médecin légiste, à la demande de l’avocate générale, évoque des traces de cendres sur certains organes. Il n’en fallait pas plus à l’accusé pour interrompre la magistrate et sortir de ses gonds. Il est 11h20 : « C’est faux, j’ai vu les photos, je n’ai pas mis de cigarette. J’ai tué, mais je n’ai pas mis de cigarette. Montrez la photo aux jurés » s’emporte l’accusé, aussitôt repris par son avocat qui lui demande de se taire avec autorité. « Je ne peux pas laisser ce monsieur dire des mensonges » insiste son client. La tension monte entre Me Normand et l’accusé qui finit par se taire. 

« L’assassin », c’est le nom qu’elle donne au meurtrier de sa fille

Le calme revient quelque peu dans la salle, ce qui permet à la présidente d’interroger ensuite la mère de Vanina. « L’assassin », c’est le nom qu’elle donne au meurtrier de sa fille. Elle raconte les longues heures qui ont précédé la mort de Vanina et surtout revient sur les appels qu’elle a passés aux forces de l’ordre : « J’ai eu le ressenti que quelque chose n’allait pas. J’étais intriguée par le fait qu’elle ne voulait pas me parler. Je pourrais difficilement faire mon deuil sachant que je les ai appelés pour leur dire que quelque chose n’allait pas » explique-t-elle dignement. Elle ajoute qu’elle ne connaissait pas l’accusé et que sa fille lui avait parlé de lui comme une connaissance, mais pas comme d’une relation. Elle avait été étonnée qu’elle veuille rester dormir chez lui ce soir du 2 mai 2018. 

Elle avait eu l’accusé au téléphone qui lui avait dit : « Vanina a peur du noir, elle ne sait plus ou elle habite. Je lui ai proposé de rester chez moi ce soir ». Très inquiète, elle appelle la gendarmerie pour les alerter donnant le numéro de portable et l’adresse de l’homme chez qui était sa fille. En retour, un gendarme de permanence avait téléphoné à l’accusé qui lui avait passé Vanina. Elle avait rassuré le militaire et avait promis d’appeler sa mère, ce qu’elle avait fait. La suite est malheureusement connue, la gendarmerie l’avait appelée à 8H du matin pour lui dire qu’il fallait qu’elle vienne. 

« Je parle avec la mère de la jeune fille que vous avez tuée »

Le débat se passait dans le calme jusqu’à ce que Me Normand se lève pour poser des questions à la mère de Vanina, commençant par s’excuser auprès d’elle eu égard à la situation, il lui lit la retranscription de l’appel entre sa fille et le gendarme. D’un seul coup, l’accusé interrompt la robe noire et part dans une logorrhée. Inarrêtable, l’avocat finit par se retourner vers son client et lui demande de se taire avec force et vigueur : « Taisez-vous maintenant ça suffit ! Je parle avec la mère de la jeune fille que vous avez tuée. Un peu de respect quand même » fustige Me Normand à son client. « Vous n’êtes pas mon avocat. Je reconnais que j’ai tué, mais je ne veux pas ce monsieur comme avocat. J’ai commis une faute, mais je suis un citoyen comme les autres je veux un autre avocat, je ne vois pas ou il veut aller. C’est mon avenir qui est en jeu » s’emporte l’accusé. 

« Je suis votre avocat j’ai été désigné pour vous défendre, c’est comme ça » répond Me Normand qui pour finir lui lance à la figure : « Vous pouvez aussi vous désister de votre appel ! ». L’accusé s’assoit enfin après la menace de la présidente de l’exclure, ce qu’elle finit par faire. Après la suspension d’audience, l’accusé repart sur les mêmes bases et révoque son avocat. Un procès d’assises ne pouvant se tenir sans avocat de la défense, la présidente désigne immédiatement Me Normand qui accepte de rester pour le défendre. L’accusé en profite au passage pour expliquer qui s’il a fait appel, c’est la faute de son autre avocat qui ne lui avait pas expliqué sa peine. Il explique qu’il va téléphoner à son frère « ce soir » qui va lui envoyer un avocat de Mayotte. 

Cette première journée, riche en incidents d’audience, laisse pour le moment de côté le réel enjeu de ce procès. En effet, la question se pose plus que jamais au regard du comportement de l’accusé, de savoir si son discernement est altéré ou aboli. Les jurés devront répondre à cette interrogation le jeudi 4 mai dans la journée. Pour le moment, après avoir passé 5 ans à l’isolement, Ridaï-Mdallah Mari, n’exprime toujours aucun regret.

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