Djayan S., 21 ans aujourd’hui, a déclaré avoir menti. Son projet était bien d’attirer sa camarade de lycée dans un endroit reculé et d’exercer des violences pour la forcer à avoir une relation sexuelle. Mais selon ses nouvelles affirmations, il n’a jamais eu l’intention de tuer puis de faire disparaitre son corps et d’effacer les traces de son crime. Ses avocats ont par ailleurs laissé entendre que le gendarme ayant mené les auditions avait recueilli des aveux en posant des questions orientées.
Cette journée de jeudi a donc commencé par un visionnage de certains passages des interrogatoires de Djayan. Si ces images n’ont rien apporté quant aux faits, elles ont donné l’occasion aux jurés d’observer l’attitude décontractée adoptée par le mis en cause donnant moultes détails sur les actes qu’il avait commis quelques jours auparavant. « Je sais que je suis différent. Ce que j’ai fait est une quête de soi. Je voulais savoir si j’allais être capable d’aller jusqu’au bout » raconte Djayan.
Pour l’expert psychologue qui a examiné le jeune homme à trois reprises en 2019, Djayan se posait des questions existentielles bien avant les faits. Le spécialiste confirme une fragilité narcissique importante chez le vingtenaire à la personnalité immature au moment de son passage à l’acte. « Malgré le flot de détails qu’il donne, ses motivations sont imprécises » développe l’expert qui décrit un adolescent déstabilisé par ses pulsions sexuelles. « Il n’était pas capable d’entrer dans un jeu de séduction avec les filles et restait dans le fantasme. Cela provoquait des tensions internes dans un contexte dépressif de repli sur soi. Ces aspects purement sexuels refoulés, une mise en acte lui a été nécessaire pour libérer ses tensions » diagnostique l’expert.
Dans sa troisième version servie aujourd’hui et soutenue par les avocats de la défense particulièrement offensifs pour faire disparaitre des esprits la tentative d’assassinat, Djayan soutient mordicus n’avoir donné qu’un coup de barre de fer, avoir porté peu de coups et s’être arrêté très vite face à une victime qui lui avait finement fait prendre conscience de la gravité des f aits. « Vous avez vu dans quel état vous l’avez mise » s’écrie une des avocates de la partie civile, Me Judith Beaumont, brandissant une photo explicite de sa cliente.
« Et l’ADN de la jeune fille sur le couteau. Cela serait dû à quoi ? » renchérit la représentante de la société. Dans sa volonté de convaincre, Djayan, qui a pourtant réponse à tout, sèche sur cette question. « Mais c’était un couteau à pain. On n’assassine pas quelqu’un avec un couteau à pain » rebondit l’avocate de l’accusé, Me Marie Briot, voulant à tout prix prouver que son client n’avait aucune intention de tuer. Seule explication alors concernant les aveux si précis de son client : « Je me suis senti obligé d’inventer » conclut Djayan.
Les jurés vont-ils croire à ce revirement de situation et considérer que le lycéen a commis des violences avec arme entrainant une ITT de 30 jours ou bien retiendront-ils la tentative d’assassinat au moment de délibérer ?
Pour l’heure, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité et sera fixé sur son sort ce vendredi en fin de journée après les plaidoiries et les réquisitions du parquet général.