« Ce n’est pas un avis, mais plutôt une analyse », insiste Édouard Marchal, délégué SNJ au Quotidien de La Réunion. Ce mercredi après-midi, les élus syndicaux du CSE livreront donc au tribunal de commerce leur analyse des « points forts et des zones d’ombre, voire des points rédhibitoires » des deux offres de rachat de leur journal. En raison de l’importance du dossier, il est probable que la décision soit mise en délibéré et prononcée ultérieurement.
Dimanche dernier, dans les colonnes du Quotidien, Jacques Tillier a créé la surprise en expliquant pourquoi il n’était plus candidat au rachat. Si le président directeur général du JIR n’a pas fait part de sa rétractation à l’administrateur du Quotidien (actuellement en liquidation judiciaire) Nicolas Gricourt, il n’a pas non plus répondu aux demandes d’éléments complémentaires de celui-ci, précise Édouard Marchal, en indiquant que cela positionnait Jacques Tillier de facto hors-jeu.
Ne restent désormais en course que les projets portés par Alfred Chane-Pane (ICP Roto) et Henri Nijdam (Média Capital Réunion). Lors d’une assemblée générale qui s’est tenue mardi après-midi, les élus du CSE ont partagé aux salariés les éléments majeurs des deux dossiers de reprise, afin que ceux-ci puissent voter pour l’un ou l’autre et faire connaître leur avis au tribunal, par la voix de leur représentant Flavien Rosso.
« On regrette beaucoup l’attitude de l’actionnaire »
Si les avis du CSE et des salariés seront pris en compte par le juge, ils compteront sans doute bien moins dans la décision finale que les critères de viabilité économique des projets et de nombre d’emplois préservés. Sur ce dernier point, Henri Nijdam s’est finalement décidé à conserver 15 reporters (mais pas de photographe, de chef de service ou de secrétaire de rédaction) pour constituer sa rédaction, tandis qu’Alfred Chane-Pane a pris le parti de ne garder aucun journaliste.
Les deux candidats reprendront en revanche respectivement 11 et 10 commerciaux, mais pas la secrétaire de la rédaction, en charge notamment de la gestion des plannings.
Les élus du CSE, qui déplorent la « faiblesse des deux offres de reprise », n’écartent pas l’hypothèse qu’aucune ne soit jugée viable économiquement par le tribunal. « Les salariés sont en détresse physique et morale. On regrette beaucoup l’attitude de l’actionnaire qui n’a pas préparé le passage de témoin. Nous, on s’est battu jusqu’au bout pour obtenir une assistance juridique ou pour avoir une garantie sur le paiement de nos salaires », commente Édouard Marchal.
Malgré le contexte et la certitude pour de nombreux journalistes de se retrouver au chômage, quelle que soit la décision du tribunal, la volonté de poursuivre la parution jusqu’à la date fatidique du 4 avril, à l’échéance de la liquidation judiciaire, a été actée par un vote des salariés.