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L’analyse par l’UFR des inégalités salariales femmes-hommes

Comme l'indiquent chaque année les différentes études, l'écart salarial entre les femmes et les hommes demeure à La Réunion comme dans l'Hexagone. Un écart aux causes multifactorielles que l'UFR a décrypté avant de donner ses préconisations.

Ecrit par Gaëtan Dumuids – le mardi 07 novembre 2023 à 14H16, mis à jour le mercredi 08 novembre 2023 à 13H23

Le 4 novembre est la date symbolique à partir de laquelle les femmes travaillent gratuitement. Une date qui montre la différence salariale qui existe toujours entre les hommes et les femmes. À La Réunion, les données brutes de l’INSEE permettent de calculer un écart moyen de 136 euros de moins par mois, soit 1.630 euros de déficit sur un an.

Bien évidemment, cette différence de traitement ne se mesure pas directement entre deux collègues qui occupent le même poste au sein d’une entreprise. Ce sont de nombreux facteurs qui expliquent cet écart, malgré des lois qui obligent à l’égalité en matière de travail et de rémunération. L’Union des Femmes Réunionnaises (UFR) analyse les causes de cette injustice.

« Il faut comprendre d’où viennent ces inégalités et comment lutter contre elles. Car il s’agit du résultat d’un modèle défaillant et sexiste, représentatif des inégalités et injustices de notre société, des préjugés sexistes qui y règnent », indique Leslie Chaussalet, secrétaire générale de l’UFR.

Les raisons des écarts salariaux

Selon l’association, trois causes majeures expliquent cette différence salariale et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le congé maternité n’en est pas le facteur essentiel.

La première cause concerne les emplois à temps partiel. L’augmentation de l’emploi des femmes s’est accompagnée d’un fort développement des emplois à temps partiel, qui est la plupart du temps est subi et non voulu. 76 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes.

Le deuxième facteur concerne les carrières morcelées. « Comme ce sont les femmes à qui revient la charge de l’éducation et du soin des enfants, ce sont elles qui soit diminuent leur temps de travail, soit interrompent leur carrière. Les femmes avec 2 enfants s’arrêtent plus souvent de travailler pour des raisons de garde d’enfants. Comme elles gagnent souvent moins que leur partenaire, cela se justifie très facilement dans le couple. Alors que les femmes célibataires et sans enfant ont un taux d’activité égal à celui des hommes », souligne Leslie Chaussalet.

Le dernier critère majeur en cause est le secteur d’activité ou les postes occupés dans ces secteurs. Les secteurs d’activité dits féminins sont généralement moins valorisés et rémunérés. Les femmes sont en effet concentrées dans les filières moins rémunératrices, les secteurs dits sociaux : l’éducation, la santé, l’action sociale, le service aux particuliers. À l’inverse, elles sont sous-représentées dans les métiers dits manuels et de production.

Dans le cas de l’éducation nationale, les femmes sont surreprésentées au niveau du primaire, tandis que les hommes le sont dans l’enseignement supérieur, dans les postes de direction et les hautes charges administratives. Pour ce qui est du secteur privé, les femmes sont concentrées dans la catégorie employées, mais bien plus rares en tant que cheffes d’entreprise, cadres administratifs, ingénieures et cadres techniques.

Le sexe, un déterminant significatif de la position professionnelle

Les femmes sont victimes de discriminations salariales, mais aussi à l’embauche et scolaire. Un réel problème qui, souvent, n’est même pas nié. Embaucher un homme est parfois perçu comme plus sûr par les employeurs qui y voient un risque plus faible d’absentéisme pour s’occuper des enfants ou pour gérer des urgences, mais aussi une durée de congé paternité plus courte.

La discrimination scolaire repose sur le fait que les filles et les garçons sont orientés dans des filières différentes, leurs capacités ne sont pas mises en valeur de la même façon. Cela a un poids sur les choix de carrière et donc des effets à long terme sur la répartition des emplois.

« L’origine de la discrimination sur le marché du travail est donc sociétale et culturelle. Cela repose sur les rôles traditionnellement attribués aux femmes : les tâches domestiques et l’éducation des enfants. D’où une construction d’un marché du travail sexué avec des rôles et des domaines assignés et des choix de carrière compatibles avec leurs rôles », souligne la secrétaire générale de l’UFR.

Comment changer cette situation ?

« Il faut une lutte quotidienne contre les stéréotypes de genre et les rôles attribués aux femmes. Un enfant se fait à deux. Les femmes ne doivent plus être renvoyées à leur rôle de mères qui doivent privilégier leur vie familiale au détriment de leur vie professionnelle », souligne-t-elle.

Si des lois existent, elles ne parviennent pas à enrayer cette situation. L’Etat doit évidemment légiférer et faire appliquer les lois, mais le monde économique doit également prendre ses responsabilités. « Les quotas sont malheureusement indispensables mais à tous les niveaux et pas seulement au sein de l’entreprise en général », estime Leslie Chaussalet.

Pour l’UFR, il faut s’attaquer aux questions du temps partiel « imposé et subi », de la précarité des emplois et des CDD. La question de la revalorisation du SMIC est également à prendre en compte, puisque les femmes représentent les 2/3 de ces salariés précaires.

Paradoxalement, c’est l’augmentation du congé paternité qui pourrait aider. A titre de comparaison, l’Espagne octroie 12 à 16 semaines obligatoires, tandis que le Québec permet aux parents de se partager une année entière comme bon leur souhaite.

Les violences intrafamiliales ont également des conséquences économiques. « L’emprise de la personne violente peut passer par l’obligation d’abandon des études ou de la carrière professionnelle. Sans formation et sans emploi, il est bien évident qu’il est beaucoup plus difficile de s’en sortir et d’échapper à une situation personnelle de violence. Dans tous les cas, il y a une pression financière et des violences psychologiques qui ont pour conséquence un rendement au travail moins bon. La victime apparaît souvent aux yeux de son entourage comme une femme à problèmes, qui ne sait pas bien gérer sa vie », argue-t-elle.

En conclusion, Leslie Chaussalet estime que « si nous voulons vivre dans une société égalitaire, cela passera nécessairement par une réduction des stéréotypes de genre et par un engagement de tous et toutes à ne plus véhiculer ces discriminations. »

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électrice
23 jours il y a

Huguette Bello a été députée pendant 20 ans tout comme elle a été présidente de l’UFR. et c’est zordi que l’UFR y bouge maintenant que Huguette est à la Région et sa marionnette au Sénat…

Michel
23 jours il y a

Quel culot ? Votre partie est à la tête de 2 grosses collectivités, région et mairie de st paul. Que faite vous pour ces femmes à part de les foutres à la porte comme des chiens. Votre présidente est millionnaire de la politique sans rien foutre. Vous avez pas honte. Combien touche la présidente de L’UFR madame Corbière senatrice. Cachez vous .

cmoin
23 jours il y a

Qu’elles arrêtent de chialer pour un rien et de s’absenter aussi souvent!
Rien de plus normal que de préférer embaucher un homme.
Déjà qu’elles ont droit à pleins d’aides et de privileges que les hommes n’ont pas,mais ca se plaint la bouche pleine!

Malouin
23 jours il y a

Pffff. Hors sujet de la part de l’ufr.
conventions collectives, grille de rémunération,…

Malouin
23 jours il y a

Les députées et sénatrices touchent elles moins que les sénateurs et députés..? Et quelles en sont les raisons?

Baba
23 jours il y a

Dis l ufr arrête un coup! Na poin zhommes i souffre pas, i galère,

mécoué
22 jours il y a

Hors fonction publique s’entend, existe effectivement des différences de salaire dans l’exercice d’un emploi identique entre salariés. Dans les études citées, « à la prétention de salaire », question posée indifféremment à chaque candidat devant les commissions d’embauches, cette prétention de salaire évoquée là, librement par le futur employé, est-elle prise en compte dans ces études, à savoir que le « moins disant » à compétence égale étant aussi critère d’embauche?
Comme dans les promotions canapés, le « constat » est souvent que la partie immergée de l’iceberg…
Ce rappel ne nie aucunement l’existence déplorable de harcèlement, de chantage, de maltraitance, d’abus… subis dans les services autant par les femmes que les hommes et bien souvent par manque solidarité des collègues présents et témoins…, défaut de solidarité ou détournement du regard, prix bien souvent là, de la futur promotion…? Si nous ne combattons et n’acceptons pas l’injustice, (individuellement par implication directe en tout temps et lieu), aucune Loi ou institution ne pourra le faire à notre place…

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