Les bâtonniers du Nord et du Sud ont tenu une conférence de presse ce mardi. Si elle était prévue avant que le parquet ne tienne la leur hier, elle a servi de réponse.
Accusé d’être la cause des longs délais de procédures dans la justice, le mouvement national de grève illimitée des avocats était visé par le procureur général et le procureur de la République de Saint-Denis. « La justice ne nous a pas attendus pour avoir des délais d’audiencement comme ça », affirme Me Norman Omarjee, bâtonnier de Saint-Pierre. Ils rappellent les longs mois allant jusqu’à un an après les faits avant d’être convoqués par la justice.
Me Guillaume De Géry, bâtonnier de Saint-Denis, évoque les « nombreuses réformes précipitées » avant même que les avocats ne puissent les comprendre. « Même les magistrats ont parfois du mal », ajoute-t-il. Ces « réformes trop rapides » ainsi que le manque de magistrats et les moyens insuffisants entraînent des risques d’erreurs de procédures. La réforme des retraites a donc été « la goutte d’eau ».
Après avoir rappelé l’impact de cette réforme qui signerait « la disparition d’une profession », Me Guillaume De Géry a insisté sur le soutien que leur offraient la plupart des magistrats. « Nous ne sommes pas seuls », assure-t-il. « Nous recevons aussi de nombreux courriers de nos clients pour affirmer leur soutien, ajoute Me Norman Omarjee. Les premiers qui souffrent ce sont nous les avocats. Depuis deux mois nous répondons à nos obligations en tant qu’employeurs ».
Alors que des rumeurs circulent à propos de certains avocats qui ne suivraient pas totalement la grève ou que les affaires de « gros clients rentables » passeraient devant les tribunaux, les bâtonniers répondent que les deux barreaux sont unis et qu’il n’y a pas de favoritisme parmi les clients.
Le mouvement continue donc. « Le gouvernement ne nous a fait aucune proposition sauf de payer une taxe supplémentaire », rappelle Me Guillaume De Géry. Si les émotions ont été ressenties du côté du parquet hier, il en va de même pour les avocats aujourd’hui. « Nous avons décidé de faire ce métier pour aider les gens, nous sommes les interlocuteurs de leur souffrance et ils nous confient leur vie, termine Me Normal Omarjee. Nous faisons le tampon entre le client inquiet et les délais de la justice. Des délais qu’on ne peut nous imputer ».