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Privés de pesticides, les agents communaux ont dû remettre la main à la terre

Loi oblige, les collectivités locales ont tourné la page des produits phytosanitaires épandus sur leurs espaces verts. De 2017 à 2023, seules neuf d’entre elles ont accepté d’aller plus loin en suivant à la lettre les conseils de la charte régionale pour des collectivités sans pesticide.

Ecrit par Ludovic Grondin – le dimanche 19 novembre 2023 à 19H14, mis à jour le dimanche 03 décembre 2023 à 17H37
Jérôme Masson : "C’est un accompagnement à faire, des mentalités à changer. Ce n’est pas simple lorsque quelqu’un a utilisé une autre méthode pendant trente ans"

Faciles d’utilisation, efficaces mais pas sans danger, les pesticides ont définitivement quitté les placards des services techniques des 24 communes de La Réunion. Depuis le 1er janvier 2017, il leur est interdit de répandre des pesticides chimiques de synthèse pour l’entretien des espaces verts et de la voirie.

Financé par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), un poste de chargé de mission avait été lancé à La Réunion en 2017 et pour une durée de six ans pour accompagner les collectivités qui le souhaitaient dans cette transition écologique. Ingénieur agricole et formateur chez Forma’Terra, Jérôme Masson a présenté il y a quelques jours en comité de pilotage le bilan de cette démarche « Pour des collectivités sans pesticides à La Réunion ».

Au final, neuf communes ont adhéré au concept, sur la base du volontariat, parmi lesquelles – il faut tout d’abord saluer celles qui ont été les premières à lever la main – Saint-André, la Plaine des Palmistes et Saint-Joseph. S’en sont suivies Le Port, Petite Ile, Bras Panon, Saint-Louis, Sainte-Rose, Sainte-Suzanne et Saint-Benoit.

Jérôme Masson se rappelle des débuts de la charte zéro pesticide. « Elle n’était pas forcément très contraignante. On allait voir à l’intérieur des armoires s’il n’y avait plus de produits phyto ou s’il restait des stocks et comment ils les géraient mais aussi s’ils avaient une bonne formation et les bonnes combinaisons », décrit-il son approche pédagogique.

Des communes ont essayé mais ont vite lâché prise comme celle de Saint-Paul puisque les agents n’y étaient « pas favorables » car l’arrêt des produits impliquait une sorte de retour en arrière. D’autres ne se sont jamais intéressées à la charte estimant qu’elles avaient les outils et les compétences en interne pour gérer la transition vers la fin des produits phytosanitaires sur les lieux publics, les terrains de sport, les cimetières,….

Un retour vers le passé parfois mal vécu

« Le désherbeur thermique est adapté pour tous les enrobés comme les trottoirs ou les fils d’eau, par contre pour les parterres aménagés, il faut un arrachage à la main ou à la binette. Un agent communal, comme pour un agriculteur, vous lui enlevez un produit phyto et c’est vécu comme un retour à l’époque de leurs grands-parents à arracher les herbes à la main. Donc c’est un accompagnement à faire, des mentalités à changer, ce n’est pas simple », reconnaît-il.

Le but de la charte était donc d’aller un peu plus loin que la loi Labbé et donc « d’arrêter même les produits de biocontrôle, les produits bio pesticides, et de vraiment trouver des méthodes mécaniques, alternatives pour arrêter totalement l’utilisation des produits phyto », décrit l’agronome.

La dernière commune à avoir signé est Saint-Benoît. C’était il y a un an. Un peu intéressée quand même, la ville avait demandé une subvention à l’ADEME pour l’acquisition d’un désherbeur thermique mais « l’agence lui a dit ‘ok’, mais à condition que vous vous inscriviez dans la charte », sourit Jérôme Masson. Un donnant-donnant qui colle à l’esprit de ce virage écologique qui semble ne présenter que des avantages, à commencer par un moindre impact sur l’environnement et donc sur la santé.

« J’ai vu des pratiques qui n’étaient pas bien, vraiment pas bien, c’est-à-dire du désherbage de trottoir sans délimitation, sans règles en fait…! Je suis formateur certiphyto. La réglementation en produits certiphyto est très encadrée, c’est-à-dire qu’on ne fait pas n’importe quoi avec un produit chimique. Que l’on soit agriculteur ou que l’on soit dans une zone où il y a du passage du public, il faut délimiter l’endroit par de la rubalise et définir un délai de rerentrée. C’est le délai durant lequel le produit va être imprégné par la plante ou dégradé s’il est tombé à côté de la plante et où il ne présente plus de danger pour quelqu’un qui va marcher dessus ou pour un enfant qui va jouer avec un caillou. Il y a eu des pratiques qui n’ont pas été bonnes mais cela est derrière nous », porte-t-il un regard désabusé sur ces pratiques révolues.

Les communes se sont donc adaptées en achetant des désherbeurs thermiques – avec de l’eau chaude ou de la vapeur très chaude – pour éliminer du décor les mauvaises herbes poussant par exemple dans l’interstice d’un trottoir ou d’une ligne d’eau.

« Si on a beaucoup de communes de l’Est dans la charte, c’est grâce à la CIREST qui a vraiment oeuvré à la promouvoir. Elle a acheté un désherbeur thermique qu’elle a mis à disposition en suivant un calendrier de répartition dans toutes ses communes. Très vite, elle s’est rendue compte qu’un seul désherbeur ne suffisait pas. Saint-Joseph a vraiment joué le jeu, elle a mis des panneaux avec le logo de l’endormi : ‘Pour des collectivités sans pesticides à La Réunion’ devant son cimetière pour avertir ses usagers que ça serait peut-être moins désherbé qu’avant mais qu’il n’y aura plus de produits chimiques. Chaque commune était libre de communiquer comme elle l’entendait. On a eu de bons rapports avec les communes impliquées. Elles y ont mis de l’argent  et n’ont pas fait semblant. Ç’a été une belle aventure », résume le chargé de mission.

Elles sont belles mais deviennent un poison pour les milieux naturels réunionnais

 

Il est grand temps d’arrêter de planter n’importe quoi n’importe où

Autre exemple, à la Plaine des Palmistes, comme il fait froid, ils ont opté pour un désherbeur thermique à gaz, et « ça fonctionne ». Lorsque cette solution mécanique trouve ses limites, reste… l’arrachage manuel. « Former les jardiniers à revenir au naturel, ne pas avoir honte – alors c’est pénible évidemment de se baisser, d’arracher à la main – ça répond aussi à une adaptation environnementale : on dépense moins d’énergie et on a beaucoup moins d’externalités négatives, de pollution de l’eau, de pollution de l’air parce qu’il n’y a pas d’utilisation de produits chimiques de synthèse. »

Au tour de l’agriculture de s’y mettre

Après les collectives en 2017, le deuxième effet de la loi Labbé s’est traduit par l’interdiction d’utilisation des produits chimiques de synthèse par les particuliers. « Au 1er janvier 2019, dans les étals des Gamm vert et autres Fermes & Jardins, tout avait disparu », s’en rappelle-t-il. Seuls étaient autorisés les produits de bio contrôle (naturels). « Les clients n’étaient pas forcément contents car ils étaient habitués aux désherbants qui fonctionnaient très bien. »

Les accro continuaient à déverser des herbicides dans leur cour mais à travers les professionnels du jardinage qui pouvaient encore, en 2019, utiliser des produits chimiques chez les particuliers. Un plan B qui a duré trois ans puisque la loi Labbé a continué à produire ses effets. En 2022, c’est donc l’interdiction de ce type de prestations qui est entré en vigueur. A cette date donc, l’usage des produits phytosanitaires est interdit dans les secteurs qui étaient encore autorisés jusque-là comme les habitats collectifs, les aéroports et les cimetières…

La dernière lame législative est prévue pour 2025 et ciblera les grands complexes sportifs, les hippodromes, les grands stades de foot et les terrains de golf. « Ça va venir, ça prend du temps, il faut que les gens l’acceptent », résume Jérôme Masson. « On a tourné la page, les produits chimiques de synthèse sont interdits d’utilisation dans les lieux publics. Maintenant, les seuls produits chimiques de synthèse encore utilisés le sont en grande majorité dans l’agriculture. 80% des pesticides qui sont utilisés à La Réunion sont des herbicides. La molécule du glyphosate correspond à un tiers des herbicides vendus à La Réunion » mais des motifs d’espoir apparaissent.

« J’ai toujours fait le lien entre l’agriculture et le paysagisme à La Réunion en milieu urbain parce que pour moi, il y a des solutions qui viennent de l’agriculture qui peuvent très bien s’adapter au milieu urbain et inversement. Voyez, par exemple, eR’Canne est en train d’essayer d’utiliser des désherbeurs thermiques entre deux lignes de canne. Il y a donc des passerelles possibles entre urbain et agriculture. »

La charte zéro pesticide à La Réunion a été déclinée pendant six ans depuis 2017 pour les communes volontaires

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Jean
19 jours il y a

Plus de mains d’œuvre plus d’impôt ont dit merci qui????

denizot
Répondre à  Jean
18 jours il y a

Et moins de fainéants payer a ne rien faire on dit merci qui????

A. Ripoli
19 jours il y a

Il était temps !

Babeuf
19 jours il y a

A Jean posté 1
Et quand on crève du cancer parce que empoisonné par les produits chimiques a qui dit-on merci ???
Au passage quelques leçons de conjugaison et de grammaire vous sont recommandées en urgence!

Jean
Répondre à  Babeuf
18 jours il y a

OK l’intellectuel j’ai fai certiphito et dans les statistiques ils ont dit qu’ils y a plus de cancer chez les personnes lamda que chez les agriculteurs qui manipulent ces produit t’en pense quoi du cou??? T’inquiète on était tous surpris….

Totoss Tonmomon.
Répondre à  Babeuf
18 jours il y a

Que penses-tu des vaccins COVID ?.
Combien de dizaines milliers de morts en 2 ans ?
Lis-tu la composition des aliments tout le temps ?
Que penses-tu des sodas et autres boissons  »naturelles  » tes aliments composés d’insectes, des poissons d’élevages etc ?
Te poses-tu des questions sur ton environnement, maison, voiture, vêtements, (tout ), chaussures, ta bouteille d’eau minérale,
La viande aux hormones, les produits OGM je crois que c’est interdit de production en Europe, mais l’importation est autorisée,
Tu devrais voir l’émission de la 5 sur les avocats et ses 30 pesticides

L’hydroponie, plus que présent dans l’agriculture, c’est quoi d’après toi.

Jean
Répondre à  Totoss Tonmomon.
17 jours il y a

Et l’espérance de vie à augmenté ou pas depuis?? Depuis que l’on a ingurgité ces produits ?? La cigarette et l’alcool tuent c’est avéré et pourtant ont l’interdit toujours pas…

Babeuf
19 jours il y a

Correction à qui et non a qui!

Billy
18 jours il y a

Je préfère voir un peu d’herbes sur du bitume que toutes ces saloperies que les humains balancent au sol:jeux à gratter, mouchoir,tickets CB….les agents communaux utilisent beaucoup le fameux souffleur qui fait un bruit d’enfer et qui ne fait que pousser les saletés,ils ne prennent pas la peine de ramasser,il ne faut pas leur demander de désherber manuellement oulala c’est trop revenir en arrière….Le progrès nous fait régresser,ou notre bêtise nous emmène nulle part

Lui
Répondre à  Billy
18 jours il y a

Consommer,consommer et consommer ENCORE !!

voilà quel but de la vie nous les enfermer dedans !!

Tarde pas quelque chose va réunir l’humanité dans un combat pour la liberté contre ces dégénéré satanistes !!

Mi diras pas toutes car il faut attendre encore quelques années !!

Durant ce temps le peuple, prépare a zot, soigne a zot et tiens bon la solidarité !!

Parceque quand sa va arriver,zot verra !!

Club-O
18 jours il y a

les techniques de couvert végétal…qui en parle ?

Taiga974
18 jours il y a

En résumé, pas de désherbant pour les mauvaises herbes mais glyphosate autorisé pour la consommation humaine …

Lui
Répondre à  Taiga974
18 jours il y a

Je vais me répéter !!

Si sa tue on garde!!

Toto
18 jours il y a

Les pauvres ! maintenant il faut trvailler

daryl
Répondre à  Toto
18 jours il y a

t inquiete pas ils vont pas tarder a bloquer les routes, motif : conditions de travail.

Lui
18 jours il y a

L’homme fait tout mal.
Les herbes évite les inondations de sol!!

Mi habite dans une pente en terre, mon voisin tout le temps i arrache zerb devant son porte li met propre que gravier ek la terre i reste.

Mais quand la saison la pluie i arrive, seulement li i gagne totochement de l’eau dans son case !!

Et moin juste à côté mi gagne moindre de l’eau, parceque mi laisse le peut de zerb en place!!

Li reflechi pas ,son l’intellect i veut les jolies !!

Mais son intellect i calcul pas période la pluie !!

Mon intelligence i batte son l’intellect
C’est un exemple de trop deboiser!!

Zoubedinedelon
18 jours il y a

Tout est question de choix. Le progrès pour rester assis dans son canapé avec la télé ? Ça c’est pas du progrès et ça devient de la dépendance. Choisir entre l herbe et le retour d’une certaine biodiversite ou le poison? Parmi tant d’autres, en plus. Alors soyons un peu plus courageux et choisissons l ‘herbe, pour nos enfants , pour la planète, pour nous parceque la vie le vaut bien.

Club-O
Répondre à  Zoubedinedelon
18 jours il y a

et puis l’herbe se fume dans certains cas….

Lui
18 jours il y a

C’est la nature i sélectionné qui vie et qui meurt pas l’état !!

L’état justement les inventé par des faibles mais rusé,zot la met a zot a l’abris jusqu’à la fin!!

Le monde les faux !!
L’argent n’est qu’un bout de papier !!

Quand ou mort quoi i fait ??

Ou racheter un vie en le richesse !!
Ou donne a out marmaille les dégénéré que ou la pourri, pour que li fait de mal que de bien !!

Qui se pose ces questions dans zot vie ??

Personne n’a que de la pourriture en surface !!

Lui
18 jours il y a

Rasta fume out joint atteint un conscience supérieure
SDF boire pas dieu les carrément côté ou !!

A la création de la vie li pas met l’idée l’auto travail dans out tête li!!

Sa l’invention de l’homme mal intentionné sa!!

Bref SÉDENTARITÉ= piège !!

jo cazanove
Répondre à  Lui
18 jours il y a

lui le sauveur de notre humanité il est partout il est avec nous , c’est un homme comme lui qu’il nous faudrait pour diriger cette île!

Romuald
18 jours il y a

« Plus de main d’oeuvre, plus d’impôts » ?
Non plus d’argent de nos impôts qui, au moins, rémunérera un travail utile et permettra peut-être à des familles de mieux s’en sortir.
On en a assez que nos impôts servent à engraisser les vrais parasites de cette société, ceux qui exploitent la main d’oeuvre salariée !

Zoubedinedelon
Répondre à  Romuald
16 jours il y a

Bien d ‘accord. Également assez de savoir que les impôts i finance ban guerre nazi dans le monde pour ne pas citer, i va pas dans les hôpitaux ni dans les écoles qui sont devenues des succursales vaxinodromes. Pendant ce temps là, i ponctionne à la source. A quand les politiciens jugés sur la qualité zot travail.?

Club-O
18 jours il y a

Un jury californien a déclaré Bayer responsable dans une affaire intentée par un homme qui affirme que son cancer résultait d’une exposition au désherbant Roundup, et a condamné l’entreprise à payer 332 millions de dollars de dommages et intérêts !!

Pendant ce temps, l’UE qui vous veut du bien en vous vaccinant massivement autorise pour dix années de plus le glyphosate alors que e Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a reconnu en 2015 que le glyphosate était cancérigène pour l’homme, et des études ont depuis fourni des preuves irréfutables que le produit chimique augmente le risque de développer un cancer.

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