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Deux graves agressions sexuelles en un mois au service de psychiatrie du CHU Sud

Le Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Pierre est régulièrement la scène de violences, verbales, physiques, mais aussi sexuelles. Nous avons interrogé le directeur général du CHU Lionel Calenge à ce propos.

Ecrit par – le vendredi 24 janvier 2020 à 17H40

Cette semaine, les urgences de Saint-Pierre ont fait couler de l’encre, un patient s’étant suicidé dans les toilettes, et un second ayant violemment décompensé, détruisant une porte automatique. Dans ces deux cas, les patients relevaient de la psychiatrie, parent pauvre de la médecine française, particulièrement à La Réunion, qui est sous-dotée de 50% par rapport à la France hexagonale.

Les violences à l’hôpital sont courantes, le personnel soignant est régulièrement agressé par des patients ou membres de la famille rendus nerveux par la longue attente, par des patients souffrant de maladies psychiatriques, ou bien encore alcoolisés. Les urgences sont le réceptacle de la violence de la société, et les soignants la prennent en pleine figure. Parfois même au sens propre du terme, tel cet infirmier du service de psychiatrie saint-pierroise qui s’est  vu frapper par un patient en fin d’année dernière, et qui a porté plainte.

La violence existe aussi entre patients: en un peu plus d’un mois, entre décembre et janvier, pas moins de deux affaires d’agressions sexuelles se sont déroulées au sein du service de psychiatrie de Saint-Pierre. Les familles des victimes présumées ont porté plainte pour viol, des enquêtes sont en cours. Interrogé sur ces « relations non consenties » et la réaction de l’hôpital, le directeur général Lionel Calenge nous a expliqué que, désormais, les patients « fragiles » seront isolés des patients potentiellement dangereux.
 

 

Interrogé sur l’action de l’hôpital pour lutter contre les violences aux urgences, Lionel Calenge explique que des vigiles sont présents 24/24h, que 11 postes de para-médicaux ont été créés et que les soignants des urgences perçoivent une prime de risque de 100 euros par mois. Cela n’a pas empêché la suite d’évènements malheureux des derniers jours ni la colère du personnel soignant face au manque de moyens. Rappelons qu’un vaste mouvement social des urgentistes est en cours depuis près d’un an, et que les urgences de Saint-Pierre sont en grève depuis juin 2019.

Les urgences du Sud sont sous-dimensionnées, reconnait Lionel Calenge, aussi font-elles l’objet d’un plan d’amélioration des locaux, pour 800 000 euros de travaux. Les urgences pédiatriques sont dorénavant séparées, une nouvelle zone d’accueil des familles a vu le jour, ainsi que de nouveaux box et un poste de soins médico-soignants. En 2022, 850 m2 supplémentaires seront construits pour les agrandir.

Les urgences accueillent aussi les urgences psychiatriques à ce jour, source potentielle de violences, aussi celles-ci seront-elles prochainement transférées à la place de la neurologie, pour une meilleure prise en charge des patients.

La psychiatrie manque cruellement de moyens en France, et particulièrement sur notre île, aussi 11 millions d’euros ont-ils été alloués par le ministère de la Santé pour La Réunion et Mayotte. Une unité de soins intensifs (pour patients dangereux) verra le jour sous l’égide de l’EPSMR, qui soigne deux tiers des malades psychiatriques. La pédopsychiatrie verra sa capacité d’accueil augmenter, et l’unité psychiatrique du CHU Sud pourra enfin recruter du personnel, pour une enveloppe de deux millions d’euros.

Lionel Calenge assure la solidarité de l’hôpital aux soignants choqués par les violences, et rappelle qu’une cellule de soutien psychologique existe et fut activée suite au suicide survenu en début de semaine. Le directeur général se félicite par ailleurs du partenariat mis en place entre l’hôpital, la justice et la police. Ce partenariat a facilité la comparution immédiate du patient ayant cassé une porte mardi.

Le cas de ce malade illustre parfaitement la misère de la psychiatrie en France et à La Réunion: l’homme est  schizophrène et toxicomane, mais faute de soins, il est SDF. 

 

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