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J-L Romero : « Pas d’euthanasie ni de soins palliatifs sans le respect de la volonté de la personne »

Jean-Luc Romero, président de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), était l'invité hier soir de sa délégation régionale. Forte de plus de 48 000 membres sur le territoire national, l'ADMD se bat pour le droit de chacun de décider de sa propre mort à partir du moment où sa dignité est gravement remise en cause. Le conseiller régional d'Ile-de-France a donné, sans détour, son point de vue sur cette question trop souvent tabou.

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 11 novembre 2010 à 08H18

Elu du conseil régional d’Ile-de-France (PS), c’est en tant que président de l’association pour le droit de mourir dans la dignité qu’est intervenu Jean-Luc Romero hier soir à l’espace culturel Leconte-Delisle à Saint-Paul.

Accompagné par Jean-Louis Gironès, Délégué régional de l’ADMD sur le thème : « Ne nous laissons pas voler notre Ultime Liberté », Jean-Luc Romero a exposé la situation de la question de la fin de vie en France avant de répondre aux interrogations d’un auditoire concerné.

« La France devrait prendre exemple sur les Pays-Bas »

« On meurt essentiellement en hôpital ou en institution et de moins en moins chez soi, et surtout on meurt seul ». L’entrée en matière de Jean-Luc Romero aurait eu de quoi glacer son assistance mais c’est résolu à offrir à celle-ci des clés de compréhension que le président de l’association s’est prêté au jeu des questions réponses. Des échanges avec le public qui pour la plupart s’ouvraient un peu à la sphère privée des intervenants confrontés soit au décès d’un proche soit à une lutte contre de longues maladies.
L’exemple pourrait venir…des Pays-Bas

La loi Léonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie n’a pas résolu toutes les interrogations de l’application en France du droit à une fin de vie digne. Sur l’aspect de l’acharnement thérapeutique, le président de l’ADMD s’appuie sur ce qui marche, et plutôt bien d’ailleurs, chez nos voisins hollandais.

« Aux Pays-bas, il y a un accès universel aux soins palliatifs et il y a seulement 2 % des morts par euthanasie, pourquoi en France ça ne marcherait pas ? Cette loi existe depuis dix ans dans ce pays. Il y a assez de recul pour juger de la pertinence de ce choix. A l’inverse, en France, le taux de suicide reste deux fois supérieur à celui des Pays-Bas » dit-il amer.

 

76 % des gens meurent dans une chambre d’hôpital

Le gain en espérance de vie (84 ans pour les femmes, 77 ans pour les hommes) est autant à espérer qu’à redouter. Cette « avancée » est à craindre car elle multipliera à coup sûr dans les années à venir le nombre de personnes dépendantes d’un accompagnement en fin de vie. D’où l’utilité de faire progresser le débat en France sur cette question.

Dans notre pays, ce sont plus de 500 000 personnes qui décèdent chaque année (538 000 en 2009) dont 200 000 de maladies de longue durée. Parmi eux, 76 % meurent dans une chambre d’hôpital.

Sur le sujet, l’association pour le droit de mourir dans la dignité qui existe depuis 1980 se bat pour faire avancer deux grandes propositions.

La première réside en un accès universel au soin palliatif. Seulement 10 000 personnes en bénéficient chaque année en France. Jean-Luc Romero est expéditif : « Les crédits pour les soins palliatifs n’existent pas. Nos demandes incessantes d’information au gouvernement sont restées lettre morte depuis deux ans. Cependant, on doit aussi reconnaître que des gens ne souhaitent pas bénéficier de ces soins, c’est aussi un droit que nous devons reconnaître. On ne doit pas passer du droit au soin palliatif à l’acharnement palliatif » reconnaît-il.

 

« Une loi qui devra respecter la volonté de la personne »

La seconde proposition est un débat qui fait rage en France depuis des années : la légalisation de l’euthanasie.

« Une loi sur l’euthanasie, c’est aussi une loi sur la santé publique » selon le président de l’association. « A l’ADMD, ce que nous voulons, c’est que la personne qui est en fin de vie soit au centre des réflexions, et non entre celles de quelques médecins parlementaires comme nous en avons à l’Assemblée nationale. Dès qu’il y a une commission sur le sujet, elle est donnée à ces personnes. Il faut sortir du débat strictement médical pour l’ouvrir aux citoyens ».

Dernière comparaison inquiétante avant de répondre aux questions ciblées et souvent personnelles de l’auditoire, Jean-Luc Romero rappelle que la France fait tristement partie des trois pays de l’OCDE qui ont le plus fort taux de suicide et notamment du suicide des seniors et des grands malades alors que ce sont parfois des personnes qui peuvent espérer vivre encore quelques années.

Cette anticipation sur la mort prouve bien que les français réclament la fin d’une hypocrisie sur la question. Selon un sondage de Ouest-France paru la semaine dernière, 94% des français sont pour l’euthanasie. Chez les médecins, environ 60 à 70 % y seraient favorables mais le discours affiché reste le même : « le serment d’hyppocrate ne nous le permet pas » regrette le président de l’ADMD.

————-
Jean-Luc Romero donnera une séance de dédicaces de son dernier ouvrage « Les voleurs de liberté » traitant de cette thématique le vendredi 12 novembre à 17h à la librairie des Roches-Noires, rue du Général-de-Gaulle, au centre-ville de Saint-Gilles-les-Bains.

 

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