En juin 2011, la Coopérative ouvrière réunionnaise est bloquée de toute part. Son président, Jacques Virin, est aux abonnés absents. Sa Mercedes de fonction laissée sur le parking sera la risée des dockers. « Il a pris la fuite », en rigolent des dockers échaudés par la découverte du pot aux roses.
Selon les informations données sur place à l’époque, par les dockers eux-mêmes et la nouvelle direction menée par Nathalie de Broissia, Jacques Virin se serait allègrement servi du travail de ses hommes pour alimenter les caisses de sociétés écran ouvertes aux noms de ses proches. Le bénéfice du travail des dockers étant ainsi dilué dans des succursales.
Si dans le chaud de l’action une plainte au civil et au pénal est vite évoquée, celle-ci est visiblement vite oubliée. Il y a deux mois, pour « l’anniversaire » du départ fracassant de l’ancien président, nous avions souhaité en connaître les suites judiciaires. Aucune réponse ne nous avait été communiquée par le président de la COR, Daniel Clotagatilde.
Il y a un peu plus d’une semaine, le 10 août, un conseil d’administration de la COR vote l’éviction de la directrice générale, celle-là même qui aurait permis la découverte de ces détournements d’argent toujours supposés à l’heure qu’il est.
« Le système Virin a été dénoncé il y a un an »
L’état de grâce est résolument terminé pour Nathalie de Broissia. Un informateur anonyme renverse la vapeur en dénonçant aujourd’hui une série de méfaits dont se serait rendue coupable la directrice récemment débarquée par le CA de la COR. Les accusations sont graves mais nous les tairons dans l’immédiat, faute de confirmation de la COR elle-même (voir plus bas).
Contactée, la directrice débarquée confirme tout d’abord sa prise de distance vis-à-vis de la coopérative mais reste totalement « surprise » des attaques dont elle fait l’objet. « Le président Clotagatilde ne souhaite pas s’exprimer à ce sujet », sera par ailleurs la seule réponse de la COR suite à notre demande ce matin. Difficile dans ces conditions de démêler les intérêts de chacun.
« Il est trop proche du PCR pour pouvoir faire repartir la COR sur de nouvelles bases »
L’éclairage de cette affaire nous est peut-être apporté par des observateurs avisés: « Le système Virin a été dénoncé il y a un an. Nous espérions que la nouvelle gouvernance de la coopérative reparte de zéro sous la direction de Mme De Broissia qui avait dénoncé ce système mais visiblement une partie de la nouvelle direction a, elle aussi, trop à y perdre », explique-t-on.
Pour caractériser ce qu’ils appellent « le système Virin », ces informateurs affirment qu’ils ont été utilisés. « Nous étions des dockers déjà bien content de toucher un salaire mensuel. Nous nous sommes bien fait avoir sur les primes d’intéressement auxquelles nous avions droit. Mais pour eux (les dirigeants), un docker c’était quelqu’un d’ignare et qui n’allait pas mettre son nez dans les affaires », assurent-ils.
Il faut pour cela rappeller qu’à sa création dans les années 90, la COR avait été portée en exemple de la réussite des dockers dans la maîtrise de leurs efforts et donc d’une meilleure rétribution de leur travail, d’où le choix d’un statut de coopérative.
Aujourd’hui, en lieu et place de la directrice évincée, c’est l’actuel président, Daniel Clotagatilde, qui hérite du poste de directeur général de façon « provisoire », comme le stipule le procès verbal du conseil d’administration. « Mais il est trop proche du PCR pour pouvoir faire repartir la COR sur de nouvelles bases », concluent ces dockers désabusés.
Voir nos précédents sujets :
[La coopérative des dockers a-t-elle chassé ses vieux démons ?]urlblank:http://www.zinfos974.com/La-cooperative-des-dockers-a-t-elle-chasse-ses-vieux-demons_a44121.html
[Qui protège Jacques Virin ?]urlblank:http://www.zinfos974.com/Qui-protege-Jacques-Virin_a17222.html