Derrière ces faits d’une gravité sans nom se cache une sombre histoire de moto volée par le conjoint de la victime. L’homme est recherché par un des prévenus qui veut récupérer l’engin, sauf qu’il ne sait pas qu’il est en détention depuis le 9 décembre – sa conjointe ne voulant pas que cela se sache. Elle fait état de nombreuses intimidations dont elle serait victime, raison pour laquelle elle a hésité à déposer plainte.
A la barre, Nehemie G. et Thomas S. restent sur leur ligne de conduite : ils n’ont rien fait. Mieux encore, ils n’étaient pas sur les lieux de l’infraction au moment des faits. Argument immédiatement démonté par le président qui leur rappelle le bornage d’un portable à proximité du parking à l’heure des tirs.
L’arme de chasse, un fusil à double canon, est la propriété de son comparse
Nehemie G. est formellement reconnu par la victime comme étant le tireur. L’arme de chasse, un fusil à double canon, est la propriété de son comparse Thomas S. Le président diffuse même deux vidéos de lui s’affichant sur un réseau social en train de tirer. Le procureur lui fait d’ailleurs la remarque qu’il n’y a aucune éjection de cartouche sur la vidéo, comme dans le parking le soir des faits.
Qu’importent les évidences, ils ne reconnaissent pas les faits. Même les témoins, apportés par les prévenus et interrogés par la police, n’affirment pas qu’ils n’étaient pas sur les lieux au moment des faits. Ils étaient à Saint-Benoit avec eux mais plus tard dans la nuit. Le président fait état des mensonges des deux prévenus lors de la garde à vue : « On était ensemble à Saint-Benoit à cette heure-là, en aucun cas on n’a fait ça« , affirmaient-ils.
Présente à l’audience, la victime s’exprime avec beaucoup de courage, faisant face à ses agresseurs : « Ils étaient tous les deux devant moi. C’est Nehemie G. qui a tiré sur nous« .
« Elle les identifie formellement dès le départ. Elle n’a jamais changé de version« , enfonce la partie civile. « Cette histoire, c’est vraiment des bobards », interrompt le prévenu visé. « Je souligne le courage de la victime le soir des faits mais également aujourd’hui. On comprend bien qu’ils ne craignent pas grand monde dans le quartier. La version de la victime est constante, elle ne veut que la vérité. D’ailleurs, elle ne demande pas de dommages et intérêts« , tance le procureur qui requiert 4 ans de prison dont 1 an de sursis probatoire pour le tireur ainsi que la révocation de 8 mois de suris et 3 ans de prison dont 1 an de sursis probatoire pour son complice. Il requiert leur maintien en détention.
« Moi, si je me fais tirer dessus, je vais à la police »
« Vous sortez à 23h30 acheter des cigarettes avec deux enfants et vous laissez la voiture marquée de plombs à la station-service, avant d‘y retourner seulement le lendemain à midi. Moi, si je me fais tirer dessus, je vais à la police, pas à la station, j’attends pas. Vous dites que vous avez eu peur de certaines menaces quelques jours avant, mais rien ne prouve qu’il s’agit de ces deux-là. Quand j’entends 7 ans de prison pour deux coups de plombs je ne comprends pas. Je suis choqué par la violence des accusations. II n’y a aucun mobile et ce n’est pas à eux de démontrer qu’ils n’étaient pas là. Ce dossier est vide« , répond la défense.
Après avoir écouté les différents arguments, le tribunal condamne Nehemie G à 16 mois de prison ainsi qu’à la révocation de 8 mois de sursis alors que son acolyte écope de 16 mois de prison dont 6 mois de sursis probatoire. Ils sont maintenus en détention et devront respecter des interdictions de contact, de paraitre au domicile et dans la rue de la victime pendant 3 ans. « Si on fait appel, on peut prendre plus ?« , demande alors un des prévenus au président à l’annonce du délibéré, tandis que l’autre lui donne un coup dans le bras, peut-être pour le faire taire.