Julien Allamelou, 33 ans, sorti de détention en octobre 2021, a mis moins d’un an à récidiver et à commettre des faits de même nature. Des faits graves qu’il reconnaît et qu’il assume totalement avec de grands gestes, beaucoup d’explications d’une voix forte et assurée devant les magistrats du tribunal correctionnel de Saint-Denis.
« Comment vous voyez votre réinsertion après la prison ? »,
demande une des magistrates. Décidé à user de sincérité, le trentenaire avoue qu’il n’a aucune idée de ce qu’il fera plus tard alors qu’il va écoper d’une peine aussi sévère qu’en 2013 : huit ans de prison. C’est beaucoup plus que ce que la représentante de la société avait requis : cinq ans, dont 1 an avec avec sursis probatoire, et 205 heures de travail d’intérêt général dans le cadre de cette période probatoire.A ses côtés, Téva Galas, 23 ans, casier judiciaire vierge, explique que c’est à cause d’une dette envers un des membres d’une famille très connue au Port qu’il a décidé de « faire un business » pour tenter de rembourser au plus vite. C’est ainsi qu’il sollicite son ami d’enfance Julien Allamelou qui, par amitié, ne va pas le laisser tomber.
Téva Galas fait aussi appel à un autre dalon de 23 ans, tous trois partis en quête « d’une moto, d’un pied de zamal ou d’un coup à faire » pour réussir à récupérer les 1800 euros qu’il devait. Dans l’après-midi, les trois hommes étaient passés au magasin Décathlon de Saint-Pierre afin de s’équiper. C’est ainsi qu’ils ont été immortalisés par des caméras de surveillance. En remontant les paiements faits par carte bleue, les militaires d’une extrême efficacité dans cette enquête avaient réussi à les loger une dizaine de jours après le braquage.
De longs débats autour de la préméditation de leurs actes
Jeudi dernier, les trois prévenu ont tout reconnu. Les débats ont longuement tourné autour de la préméditation de leurs actes et la chronologie de cette journée du 9 juillet a été plusieurs fois détaillée. « Je n’ai pas envie de les accabler, ils ont plus besoin d’une thérapie qu’autre chose à les entendre », a déclaré magnanime le patron du Vert Tu Oses qui n’a pas souhaité être indemnisé.
Un des serveurs de son équipe, braqué avec un pistolet factice – mais encore fallait-il le savoir – et un coupe-coupe n’a pas vécu les évènements de façon aussi sereine. À la barre, la victime a démontré à quel point elle était encore traumatisée. « Il y a avait une autre serveuse avec moi au moment où on a été braqués. Elle a quitté son job et La Réunion. Moi, je n’ai pas voulu quitter mon poste pour pas que l’entreprise ferme ».
Les trois braqueurs ont déployé tous ces efforts pour trois cents euros et dans leur désorganisation, ont oublié d’emporter la recette du midi et les pourboires. Finalement, le plus jeune des prévenus, inconnu de la justice et considéré comme un suiveur, a bénéficié de l’indulgence du tribunal. Il est condamné à deux ans de prison avec sursis simple. Téva Galas écope de trois ans de prison, dont un avec sursis probatoire. Cette peine pourra éventuellement être aménagée par le juge d’application des peines.