« Ne faisons pas du révisionnisme à l’envers »
Nous avons pu nous procurer les notes d’un des participants à la réunion. Après avoir mis en avant qu’elle parlait en tant que « militante qui toute sa vie s’est battue pour la reconnaissance de l’esclavage et qui la première, le 1er janvier 1998, a posé la question du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à l’Assemblée nationale« , elle n’y est pas allée par quatre chemins : « N’effaçons pas l’histoire de cette terre. Ne faisons pas du révisionnisme à l’envers« , a-t-elle martelé avec fougue.
Parlant de ce qu’elle qualifie elle-même de « projet controversé de déménagement de la statue de Mahé de Labourdonnais, qui soulève la question globale du déboulonnage des statues« , elle a souhaité que le dossier soit retiré de l’ordre du jour en attendant qu’il fasse l’objet d’une « consultation d’historiens« .
« Sinon il faudra déboulonner tout le monde »
Redisant à voix haute son opposition, elle a demandé d’arrêter « les déboulonnages parce que sinon, il faudra aussi déboulonner François de Mahy (…) qui a été le complice de Gallieni dans le massacre d’Ambiky à Madagascar qui fit 5.000 morts. Il faudra déboulonner tout le monde. Il faudra changer les appellations de beaucoup de bâtiments. Nous n’en finirons pas« , a-t-elle répété à deux reprises.
Huguette Bello a affirmé être « pour que l’histoire soit dite et que nous n’ayons pas la rancœur, la haine. Appliquons la philosophie Ubuntu, aller vers l’autre. Réconcilier, dire l’histoire à nos enfants« . En Afrique du Sud, en langue xhosa, le terme ubuntu désigne l’humanité. En kinyarwanda, la générosité. C’est un concept qui existe dans presque toutes les langues bantoues d’Afrique et qui englobe la notion de communauté et d’interdépendance entre les êtres humains.
« Mon cœur grossit quand il y a des choses comme ça qui nous font du mal »
Et la présidente de Région a conclu par ces mots très forts : « Mon cœur grossit quand il y a des choses comme cela qui sont faites, qui sont dites et qui nous font du mal. Nous on veut faire le bien. C’est ce qui manque le plus à notre humanité. Faire un peu de bien, avoir un peu de bonté, ce qui doit nous éclairer, la foi dans ce que nous faisons pour ce pays, donner de l’espérance. Et surtout, ce qui est le plus important, la charité« .
La Région va-t-elle au final accorder la subvention de 2,8 millions d’euros ?
Reste à voir quelle sera sa position lors de la commission permanente de vendredi prochain. D’autant qu’à notre connaissance, la plupart des historiens que la Région a consultés se sont prononcés contre le déboulonnage et le déplacement de la statue.
La présidente de Région restera-t-elle fidèle à sa ligne de conduite ? Ou bien va-t-elle finir par accorder la subvention, pour ne pas mettre encore plus d’huile sur le feu avec les socialistes des villes représentés par Ericka Bareigts, au moment où les tractations pour la constitution d’une liste unique aux sénatoriales battent leur plein ? Et histoire de ne pas mettre en péril sa majorité régionale.
Réponse vendredi.