Les images des impressionnantes inondations qui ont frappé la ville de Dubaï ne vous auront probablement pas échappé tant elles font le tour des médias depuis maintenant deux jours.
Dubaï, une ville qui s’affiche habituellement dans sa démesure, sa débauche de richesse et sa mégalomanie se retrouve tout d’un coup, le « bec dans l’eau » et totalement paralysée : plus de gaz, plus d’électricité, plus d’eau courante…et des centaines de Porsche, Rolls, Bentley, Mercedes, BMW noyées dans les parkings et sur les routes 😅
Mais que s’est-il passé pour observer un tel chaos ?
Pour faire simple, en journée de mardi, dans une configuration météo assez particulière (phénomène de « goutte froide » en altitude, de même type qui avait donné des orages de grêle à La Réunion en décembre 2021), de puissants orages se sont formés à l’est de la péninsule arabique, ont glissé au-dessus du Golfe Persique pour finir par mourir sur le sud du Pakistan en soirée (Cf. image d’illustration de l’article).
Sur leur passage, ces orages auront causé des conditions tempétueuses sur plusieurs pays de la zone et surtout, ils auront déversé des quantités exceptionnelles de pluie pour cette région du globe qui est désertique rappelons le !
A titre d’exemple, les 162,8 mm relevés sur l’aéroport de Dubaï (cumul 30 heures) correspondent à 2 années normales de pluie pour cette ville ! C’est une vraie DINGUERIE ! 😱
Même chez nous, sur une île pourtant habituée aux épisodes pluvieux conséquents, un tel évènement serait catastrophique !
C’est comme si en une seule journée, il tombait à Saint-Pierre 2000 mm de pluie (2 mètres d’eau par mètre carré) ! Quand on sait que le record en 24h y est de 427 mm, établi pendant Firinga en 1989 👀
Influence du changement climatique ?
Evidemment, face à ce genre de catastrophe naturelle, désormais le premier réflexe est de l’attribuer (sans réfléchir ou presque) au changement climatique…Cela est d’autant plus tentant lorsque le directeur de recherche en climatologie au CNRS évoque, je cite, un évènement « si intense qu’on n’en trouve pas d’analogues dans nos bases de données« .
Et pourtant, pour le moment au moins, selon consortium international ClimaMeter : les éléments objectifs disponibles « empêche d’attribuer les changements d’intensité des inondations de Dubaï au changement climatique induit par l’homme » (article complet à retrouver ICI) 🧐
Mais, si le changement climatique n’est pas en cause de manière évidente, on peut également se questionner sur le développement urbain « délirant » d’une telle mégalopole comme Dubaï en plein milieu du désert. Sous l’impulsion des industries pétrolière et gazière, la ville a connu un essor exceptionnel ces 40 dernières années, multipliant sa population par 10 pour atteindre près de 3,4 millions d’habitants aujourd’hui.
Et, si cette ville a su se distinguer pour des projets fous tels que l’archipel artificiel de Palm Jumeirah ou sa piste de ski en intérieur de 400 mètres de long Ski Dubaï, il faut aussi savoir qu’elle n’a pour le coup pas le moindre réseau d’évacuation des eaux de pluie…😅 « Pour quoi faire en plein désert ? » me direz vous ! Eh bien pour « gérer » les 80 mm de pluies qu’il y tombe en moyenne chaque année 🤪
Autre élément qui questionne : la prévision météo et l’information à la population.
Depuis la semaine dernière, les modèles de prévision numérique avaient assez fidèlement modélisé ce scénario orageux avec des cumuls de pluie très importants pour la région (Cf. image ci-dessous), ce que les services météo des pays impactés (Dubaï et ses voisins) ne pouvaient ignorer. On savait donc ce qu’il allait se produire du strict point de vue météo !
Pour autant, à observer l’ampleur de la catastrophe, on a l’impression que tous ont été pris de court…et le bilan humain, avec 1 mort à Dubaï et 18 à Oman, est loin d’être négligeable. Impréparation ou défaut d’information préventive (ex : système d’alerte) ?