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Greffe du rein: des dysfonctionnements montrés du doigt

Avec près de 35 greffes réalisées chaque année à La Réunion, le département se situe dans la moyenne nationale. Une moyenne que deux décès suspects, en avril et juillet derniers vient entacher. L'Agence régionale de santé (ARS) a décidé hier de suspendre la transplantation rénale à La Réunion au minimum pendant quatre mois. Un délai nécessaire pour réaliser une expertise et déterminer les causes de ces décès.

Ecrit par Zaïa Ayama – le vendredi 03 septembre 2010 à 18H11

On enregistre en moyenne 1% de mortalité à l’issue d’une transplantation rénale. Cette fois, en quatre mois à peine, il y eu deux décès. Un jeune homme de 27 ans en avril dernier,  et un homme de 50 ans en juillet.

Les causes de ces décès sont multifactorielles

Pour le corps médical, il est difficile de définir les causes exactes de ces deux décès.  » Elles sont multifactorielles, et dépendent de chaque patient « , souligne Laurent Bien, directeur du Centre hospitalier Félix Guyon. « Ce qui est sûr, c’est qu’il est arrivé quelque chose de grave. Mais on ne peut pas tirer de conclusion avant d’avoir effectué une analyse précise ». Il tient toutefois à minimiser la responsabilité des chirurgiens : « il y a toujours un risque mais si on a transplanté ces patient, c’est que nous avons estimé le bénéfice supérieur au risque ». Quant à suspendre les chirurgiens qui ont pratiqué ces transplantations, il n’en n’est pas encore question: il faut attendre le résultat de l’expertise.

Des dysfonctionnements à plusieurs niveaux

Aujourd’hui, six chirurgiens sont habilités à pratiquer la greffe mais ils sont quatre à transplanter régulièrement. L’opération de transplantation est délicate. Elle fait souvent appel à plusieurs spécialités chirurgicales: l’urologie, mais aussi la chirurgie vasculaire, ou même la pédiatrie s’il s’agit d’un enfant. « Le problème est qu’il est parfois difficile de dégager du temps sur les emplois du temps de ces praticiens qui sont souvent en blocs et qui ne peuvent pas interrompre une intervention, pour pratiquer une transplantation », souligne Tawfiq Henni, président de la Commission Médicale d’Etablissement (CME). Ces emplois du temps chargés sont aussi à l’origine d’une certaine fatigue chez les praticiens.

Le médecin pointe aussi du doigt le recrutement des médecins au niveau universitaire. Il évoque le numerus clausus des universités qui vise à répartir les étudiants en fonction d’un nombre de places allouées dans chaque spécialité. « A cause du système de numerus clausus, il y a de moins en moins de spécialistes formés en urologie. En plus, ils préfèrent exercer en libéral. La pratique libérale est plus lucrative que que l’exercice du spécialiste dans l’hôpital public « , explique Tawfiq Henni.


« Ne pas remettre en cause la greffe à La Réunion »

La Réunion est aujourd’hui le seul département d’Outremer à pratiquer la transplantation. Depuis 1985, 550 cas ont pu bénéficier d’une transplantation.

L’arrêt de la transplantation à La Réunion risque d’entraîner une démotivation au niveau du prélèvement. « il faut que les gens comprennent que l’arrêt de la transplantation à La Réunion ne signifie pas que les Réunionnais ne seront plus transplantés », précise Tawfiq Henni. Il tient à rassurer les patients en attente de greffe: « Nous allons nous calquer sur le modèle antillais. Les patients partiront en métropole avec leur greffon ».

Les 157 Réunionnais dans l’attente d’être greffés devront se rendre en métropole, à Lyon ou à Paris pour être transplantés. Au moins pendant les quatre prochains mois.

 

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