Pour Aude, le chemin entre la voiture et la salle de classe ressemble à un parcours du combattant. « Pour entrer dans l’école il y a des petites marches et il faut donc porter le fauteuil roulant. La classe de ma fille étant à l’étage, pas d’accès. Au niveau de la cantine, aucune rampe et on se retrouve coincés. »
L’aveu de faiblesse du Gouvernement
Pourtant, la loi du 11 février 2005 prévoit la mise en accessibilité pour les personnes handicapée de tous les espaces publics dans un délai de dix ans maximum. Mais le gouvernement de François Hollande reconnait en Mai 2017 que cette loi « n’a pas été suffisamment suivie d’effets » et demande aux collectivités de mettre en place un Agenda d’accessibilité programmée pour les établissements et installations recevant du public.
La mise en place de cet agenda était initialement prévue pour le 27 mars 2017, un délai souvent reporté par les collectivités. « Pour le cas de ma fille, cela concerne son école à Saint-Denis, mais c’est la même chose dans toute l’île », explique Aude.
« La même chose dans toute l’île »
Dans le cas de la ville de Saint-Denis, la remise de cet agenda a été reportée d’un an. Brigitte Hoarau, en charge de l’accessibilité explique que les équipes sont en ce moment en plein diagnostic de patrimoine. « Il faut bien comprendre qu’uniquement sur la ville de Saint-Denis, ce sont près de 500 établissements recevant du public qu’il faut diagnostiquer. À ce jour, la ville a réalisé un diagnostic sur 79 écoles, avec une enveloppe de 12 millions d’euros pour une mise en accessibilité totale . »
Reste l’étape des appels d’offres et la mise en travaux, une fois les fonds de l’Etat débloqués à hauteur de 70%.
Techniquement parlant, cela veut dire réaliser des rampes d’accès, mettre en place des montes-personnes ou ascenseurs, réaliser des revêtements en relief et des guides sonores pour guider les personnes atteintes de handicap visuel, mais également adapter les transports en commun et leurs accès.
Le soutien des équipes éducatives
Dans le cas d’Aude, l’équipe de direction a fait preuve de bonne volonté, bien que devant faire le constat du manque d’infrastructure adaptée. « Avec l’appui de la directrice, une demande de rampes d’accès pour l’entrée et le réfectoire a été faite rapidement à la mairie, qui a été construite dans les trois jours. »
En ce qui concerne l’accès à la classe de cours, pour le moment deux solutions s’offrent dans ce cas de figure. Soit la classe entière est déménagée au rez-de-chaussée, soit l’enfant est placé temporairement dans une classe d’un autre niveau. C’est le cas dans nombre d’écoles aujourd’hui.
« Il y a des choses qui sont faites, mais il y a encore beaucoup à faire. Aujourd’hui, on ne dit pas qu’on attend, on y va » conclut Brigitte Hoarau.