Samedi dernier, depuis La Réunion, Jean-Luc Mélenchon a posté sur X (anciennement Twitter) le message suivant : « À La Réunion, j’ai lancé l’alerte politique. De la zone Asie-Pacifique peut jaillir la troisième guerre mondiale dans le choc États-Unis/ Chine. La France est présente dans cette région du monde. Notamment dans l’océan Indien ».
Nous voilà brutalement ramenés les pieds sur terre. Oui une 3ème guerre mondiale est possible et oui, La Réunion pourrait être concernée. Pire, selon le leader de La France Insoumise, il se pourrait même qu’elle démarre dans notre zone.
Il est vrai que les bruits de bottes se rapprochent dangereusement. Les Américains disposent depuis un moment déjà d’une base à Diego Garcia en plein océan Indien, tandis que les Chinois sont présents à Djibouti. Tout comme les Français, également présents à La Réunion et à Mayotte. Tandis que les Russes disposent d’une base aérienne à Hmeimim, en Syrie. Bien que principalement utilisée pour les opérations aériennes en Syrie, cette base lui offre également une présence militaire renforcée dans la région de l’océan Indien. Elle dispose également d’installations navales à Aden, au Yémen certes moins développées que les bases en Syrie, mais qui lui permettent d’avoir une présence militaire dans le golfe d’Aden et le détroit de Bab el-Mandeb, des voies maritimes stratégiques reliant la mer Rouge à l’océan Indien. Enfin, les Indiens disposent depuis peu d’une base sur l’ile mauricienne d’Agalega.
Et La Réunion dans tout ça ? Ce ne sont pas les quelques dizaines de parachutistes basés à la Saline et à Pierrefonds qui pourraient tenir bien longtemps en cas de conflit généralisé. Pas grave, me direz-vous. Nous pourrions compter sur la capacité de projection de l’armée française et surtout sur la protection des autres pays de l’OTAN.
C’est là que le bât blesse.
C’est oublier un peu vite que l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, n’a pour vocation de ne défendre que… les pays du Nord.
Son article 5 est à ce sujet très explicite : « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence, elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord ».
Pas encore convaincus ? L’article 6 se fait encore plus précis, au cas où vous n’auriez pas bien compris : « Pour l’application de l’article 5, est considérée comme une attaque armée contre une ou plusieurs des parties, une attaque armée :
- contre le territoire de l’une d’elles en Europe ou en Amérique du Nord, contre les départements français d’Algérie 2, contre le territoire de la Turquie ou contre les îles placées sous la juridiction de l’une des parties dans la région de l’Atlantique Nord au nord du Tropique du Cancer;
- contre les forces, navires ou aéronefs de l’une des parties se trouvant sur ces territoires ainsi qu’en toute autre région de l’Europe dans laquelle les forces d’occupation de l’une des parties étaient stationnées à la date à laquelle le Traité est entré en vigueur, ou se trouvant sur la mer Méditerranée ou dans la région de l’Atlantique Nord au nord du Tropique du Cancer, ou au-dessus de ceux-ci ».
Vous avez compris maintenant ? En cas d’attaque armée contre notre île, nous ne pourrions compter que sur nous-même et sur la France… quand ses troupes arriveront !
En prenant au pied de la lettre le traité, un seul département d’outre-mer français pourrait répondre aux critères des articles 5 et 6 : le petit département de Saint-Pierre et Miquelon avec ses 5.888 habitants au dernier recensement de 2011.