Parlons des faits
1/ Source de l’information initiale :
Il semble que la donnée ait été diffusée, en premier lieu, par la mairie de Rio de Janeiro et cela seulement quelques heures après l’observation elle-même.
⚠️ RECORDE SENSAÇÃO TÉRMICA | Hoje (17/03), a estação Guaratiba atingiu o maior valor de Sensação Térmica desde o início dos registros do@AlertaRio, chegando a 62,3°C. Evite exposição prolongada ao Sol. Hidrate-se! pic.twitter.com/sz0S1HGvAG
— Sistema Alerta Rio – Prefeitura do Rio (@AlertaRio) March 17, 2024
2/ L’information météorologique :
L’info diffusée fait état de « chaleur ressentie » et non pas de « température mesurée« . La distinction entre ces deux éléments est essentielle pour la bonne compréhension ! 🧐
👉 La « température mesurée » c’est celle que vous avez tous les jours au bulletin météo classique. Cette mesure répond à tout un ensemble de normes fixées par l’Organisation Météorologique Mondiale (notamment pour des contraintes de cohérence scientifique) avec notamment la nécessité d’une mesure à l’ombre (sous abri ventilé), à 1,5 m au-dessus d’un sol recouvert de végétation naturelle basse etc.
Mesurée comme telle, c’est la mesure qui fait foi climatologiquement car c’est la température de l’air ambiant.
👉 La « température ressentie » c’est la température perçue par le corps humain en fonction des conditions météorologiques (humidité, vent etc.).
Dans les conditions observées au Brésil (chaudes et humides), on va alors utiliser un outil appeler Humidex qui permet, en croisant la température mesurée et le taux d’humidité, d’obtenir une valeur permettant de qualifier le niveau d’inconfort. Il s’agit alors là d’un indice (ou index) et non pas réellement une valeur de température.
Aussi, il y a une erreur dans l’information diffusée par les médias comme par la mairie de Rio, ce n’est pas 62,3°C de température ressentie mais un indice de 62,3 (Cf. tableau ci-dessus). Cette nuance est importante dans la communication.
Mais, en l’espèce, cela n’enlève rien au fait que l’inconfort de cette chaleur étouffante était exceptionnelle, établissant un nouveau record en ce lieu.
Pour résumer
➡️ Si l’on veut être totalement complet et factuel, on peut dire que dimanche dernier sur le poste de Guaratiba, situé dans la partie sud-ouest de la ville de Rio de Janeiro (6,8 millions d’habitants et 1200 km², soit la moitié de la superficie de La Réunion !), il a été mesuré une température de 42°C pour un taux d’humidité de 55%, cette combinaison menant à un indice de chaleur de 62,3. Une valeur de ressenti qui est, sans l’ombre d’un doute, exceptionnelle.
➡️ De telles valeurs n’ont rien d’incohérentes dans la mesure où, cet été, le continent sud-américain est en surchauffe régulière sous l’effet du phénomène El Niño en cours (phénomène connu). Cependant, à l’échelle de ce qui se passe par ailleurs sur le globe, ce coup de chaud est très probablement renforcé par les effets du changement climatique.
Et à La Réunion
Météo France, seul pourvoyeur officiel de données météorologiques et climatologiques dans le département, n’a jamais vraiment communiqué ces notions de température ressentie. Aussi, le grand public n’a pas accès à cette information chez nous.
Toutefois, trois sources officieuses diffusent, via internet, ces valeurs :
👉 L’association locale MétéoR Océan Indien, qui dispose d’une trentaine de points de mesure sur l’île, indique sur chacun de ses postes climato l’index de chaleur (ou Heat Index – calcul variant quelque peu de l’humidex). Par exemple, en 2024, la valeur la plus élevée d’index de chaleur a été relevée sur le poste de Bras Panon, le 4 janvier, avec une valeur à 48,6. Le même jour, de nombreux postes du Nord et l’Est ont vu cette valeur excéder les 47.
👉 L’association nationale Infoclimat propose, quant à elle, une carte interactive de l’Humidex sur la base des données de Météo France et de MétéoR Océan Indien, à voir ICI
👉 Le site Météociel propose lui aussi une carte de l’Humidex, lui, sur la base uniquement des données de Météo France, à voir ICI.