Christian Vittori me surprendra toujours. Voilà qu’il s’est mis en tête de sortir un livre consacré à Albert Schweitzer ! Je suis tombé dessus et j’en ai chipé un exemplaire car le docteur de Lambaréné a toujours été de mes idoles. Au même titre que Victor Hugo, Gandhi, Mandela, Coluche, l’Abbé Pierre, les grands penseurs et acteurs qui font que l’humanité, malgré ses vicissitudes, mérite d’exister ; grâce auxquels on peut encore penser que tout espoir n’est pas perdu.
Je n’ai jamais rencontré le sorcier blanc mais cela a failli se produire.
Alors que j’étais en classe de seconde, j’avais lu un livre racontant l’histoire de cet homme qui avait eu le prix Nobel de la Paix (1952). Je me suis mis en tête alors de devenir médecin pour aller travailler avec lui.
Alors que j’étais en classe de première, je sollicitai les Bourses Zélidja, histoire d’avoir un petit pécule pour aller à Lambaréné en traversant l’Afrique d’Est en Ouest. La bourse me fut accordée mais au dernier moment, mes parents refusèrent de me laisser partir : trop jeune qu’ils disaient. Je leur en ai gardé une rancune tenace pendant très longtemps. Pour me venger, je renonçais à mes études de médecine. D’ailleurs, j’étais tombé amoureux d’une femme plus belle que nature, Jeanne.
Je ne saurais trop conseiller au plus vaste public de lire ce livre. Pour comprendre qu’une utopie peut se réaliser. Que l’espoir, la générosité, le don de soi peuvent faire des miracles. Ce livre est une bouffée d’enthousiasme, un grand bol d’air pur. Surtout qu’il a été écrit par Gaston Lotito, un homme qui a rencontré longuement le bon docteur.
En lisant ses commentaires, j’avais l’impression de revivre un des points culminants de ma propre existence : l’après-midi où je me suis retrouvé face à l’Abbé Pierre. Le combat de ces deux grands humanistes est intrinsèquement le même : il y a ceux qui souffrent ; et il y a nous, qui pouvons, qui devons atténuer leurs souffrances. Quelle leçon de vie.
Qui plus est, le livre de M. Lotito est richement illustré et très bien écrit, ce qui ne gâte rien. Que ce livre soit édité à La Réunion n’est pas surprenant, en fin de compte : Noirs et Blancs, pauvres et riches, même combat !
Jules Bénard