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Vidéo – Stéphanie Beausillon est condamnée à 15 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Barnabé Dalleau

Stéphanie Beausillon vient d'être condamnée à 15 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Barnabé Dalleau. L'altération du discernement a été retenue. Plus tôt au cours de cette dernière journée de procès, 20 ans de réclusion criminelle avaient été requis à son encontre. Stéphanie Beausillon, voisine et amie de Barnabé Dalleau, était accusée d'avoir tué ce dernier d'une cinquantaine de coups de couteau en septembre 2019 dans le quartier de Bras-Pistolet, à Sainte-Suzanne.

Ecrit par Régis Labrousse – le vendredi 18 mars 2022 à 20H35

Dans la nuit de vendredi à samedi 14 septembre, Barnabé Dalleau succombait après avoir reçu une cinquantaine de coups de couteau sur le flanc.  Les faits s’étaient déroulés à son domicile, chemin des Jambrosades à Sainte-Suzanne. Aucune trace de lutte n’avait été constatée sur les lieux. Seul un couteau ensanglanté se trouvant dans l’évier avait attiré l’attention des gendarmes. 

Les premiers éléments de l’enquête avaient révélé que la victime âgée de 52 ans avait passé la soirée avec trois de ses voisins. Ils s’étaient tous largement alcoolisés. Le couple, Stéphanie Beausillon, son conjoint Yoan P., et leur ami Gabriel N. s’étaient séparés peu avant minuit.

Aucun souvenir

Stéphanie Beausillon, jugée pour le meurtre de Barnabé Dalleau, était restée seule avec lui. Attiré par les cris de sa compagne, Yoan P. s’était précipité chez son voisin et avait trouvé Stéphanie Beausillon en train d’essayer de le ranimer. Puis, Stéphanie Beausillon s’était enfuie avant l’arrivée des secours et avait été retrouvée dissimulée au fond d’une ravine, ensanglantée. Son taux d’alcoolémie vers 4 heures du matin était de près de 2gr/l. Celui de la victime : 4gr/l.

Depuis ce jeudi, l’éducatrice à la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) est dans le box des accusés. Comme au cours de ses auditions en garde à vue et lors de l’instruction de cette affaire, elle déclare ne se souvenir de rien. Son alcoolisation régulière avait débuté le jour des faits en compagnie de Gabriel N., en début d’après-midi.

Pas de relations sexuelles entre accusée et victime

Un temps, les enquêteurs avaient soupçonné un déchainement de violences faisant suite à une éventuelle agression sexuelle de la victime envers l’accusée. « Je n’ai jamais eu de rapports sexuels avec Barnabé Dalleau. J’ai du caractère mais je n’ai jamais été violente », a déclaré Stéphanie Beausillon à la cour.

Cependant, un des médecins légistes a indiqué qu’il avait relevé des ecchymoses sur la patiente. Une ecchymose de 17 cm de long pour 10 cm de large sur l’intérieur de la cuisse gauche a particulièrement attiré son attention. Il pourrait s’agir de « traces d’agressions sexuelles », selon l’expert.

Barnabé Dalleau était connu et apprécié de tout le quartier de Bras-Pistolet comme un homme sans histoire. Stéphanie Beausillon, installée avec son compagnon, était sa voisine depuis quatre ans. Les deux protagonistes s’appréciaient et se fréquentaient. Lors du premier jour d’audience, l’accusée, qui encourt 30 ans de réclusion, a témoigné de l’affection qu’elle éprouvait pour lui et de la douleur de ne se souvenir de rien.

Vendredi en milieu d’après-midi en ce dernier jour de procès, les plaidoiries ont débuté avec l’intervention de l’avocate de la partie civile. C’est maître Béatrice Fontaine-Zeller qui a eu pour mission de représenter la soeur de Barnabé Dalleau.

« On n’a pas de visibilité car elle s’est placée (l’accusée, ndlr) dans la posture de ne pas se souvenir. Même les experts sont embêtés. Pour moi c’est possible : une femme peut prendre un couteau sur la table et tuer quelqu’un ! (…) La famille avait besoin de vérité lors de cette audience, on leur a donné des « je m’en souviens plus » et des mensonges ! Les mensonges sont récurrents à tous niveaux. Pour moi, pour la famille, il n’y a aucune difficulté sur le fait que vous jugez la bonne personne », lance l’avocate alors que l’accusation n’a eu de cesse de répéter que l’accusée ne se souvenait de rien. 

Au tour de l’avocate générale de débuter ses réquisitions. « Sa mise en accusation ne relève pas d’un pressenti mais d’un état de fait. (…) Mais aujourd’hui, ses réponses ne conviennent pas », déclare Fanny Gauvin, avocate générale. Elle explique aux jurés comment l’enquête et les prélèvements ont été réalisés et qui a été mis en garde à vue. 

« Sur la scène de crime, on ne retrouve que l’ADN de Mme Beausillon, de Monsieur Dalleau et personne d’autre. S’il y avait quelqu’un d’autre, il est fort quand même car personne n’a rien entendu et il ne laisse aucune trace ! C’est le saint-esprit avec des gants et une charlotte ! », a ironisé l’avocate générale en listant les éléments objectifs amenant à la culpabilité de l’accusée.

« Plusieurs personnes diront que quand elle a bu, ce n’est plus la même personne »

« On a un meurtre et c’est Stéphanie Beausillon qui a laissé ses affaires sous la victime. On voit bien qu’il n’y a pas d’autre personne, il n’y a aucun élément objectif en ce sens », ajoute-t-elle avant d’embrayer sur l’intentionnalité. Pas moins de 60 coups de couteau, dont 6 dans l’aorte, ont entraîné le décès en moins d’une minute. « Quand on a réitéré 60 fois le même geste, difficile de penser que c’était juste pour faire mal. L’homicide est bien là, c’est une folie meurtrière », qualifie l’avocate générale. 

« Elle nous oppose l’amnésie, le silence : « Je ne dis pas que je ne l’ai pas fait mais je ne m’en souviens pas. Je suis incapable de faire ça ! » Voilà sa position. Celle qui est dans le box a jeun n’est pas capable de faire ça mais celle qui était à 2 g/l le jour des faits, oui ! Plusieurs personnes diront que quand elle a bu, ce n’est plus la même personne », appuie-t-elle son exposé.

Un quotient intellectuel de 110

Cette question de l’altération de son discernement s’est naturellement posée au cours de ces deux jours d’audience. Selon les experts, l’abolition du discernement voudrait dire que l’accusée aurait une maladie mentale et ce n’est pas le cas puisque Stéphanie Beausillon a un QI de 110. « Elle est intelligente mais effectivement, on note qu’elle a du mal à restituer l’information », affirment-ils.

L’un d’entre eux estime qu’on pourrait envisager une altération vu ses difficultés de restitution. Surtout, « son état résulte d’une démarche volontaire, à savoir la prise d’alcool, donc elle sait très bien que quand elle prend un verre d’alcool, il va y avoir des conséquences, notamment la perte de mémoire. Elle est en pleine capacité de répondre pénalement de ses actes aujourd’hui », en conclut l’avocate générale avant de prononcer ses réquisitions : 20 ans de réclusion criminelle.

D’une impression à une intime conviction

Pour la défense, c’est à Me Sébastien Navarro qu’il revient de plaider en premier dans les intérêts de l’accusée. « Mais qu’est-ce qu’elle fait ici? C’est inconcevable » tonne la robe noire. Pour celle-ci, on ne doit pas passer d’une impression à une intime conviction. Le conseil demande aux jurés d’acquitter sa cliente.

Me Jean-Jacques Morel a poursuivi la défense de l’accusée martelant que sa cliente n’avait jamais agressé quiconque mais qu’elle était là « en parfaite coupable ». La robe noire a enfoncé le clou : « Il y a de l’ADN inconnu sur le couteau dont on ne sait pas à qui il appartient et personne n’est allé chercher plus loin afin de fermer toutes les portes ». Le conseil a ensuite fait valoir le coup de folie, l’aliénation mentale de Stéphanie Beausillon, celle-ci ne pouvant, de ce fait, être jugée coupable : « dans ce cas, ce n’est pas un auteur mais un malade ».

L’avocat fait référence au docteur qui a fait l’expertise psychiatrique et qui n’a pas réussi à comprendre pourquoi elle aurait agi comme cela. C’est lui qui a parlé de d’altération voire de l’abolition après expertise de l’accusée. « Le dossier me permet de dire qu’il y a peut-être une abolition. Vous ne voyez pas un acte totalement déraisonnable. Le soir du meurtre elle semble totalement possédée », ajoute l’avocat. Pour la défense de sa cliente, Me Morel compare alors avec une illustre affaire pour tenter de réduire la sanction.

« Je n’avais pas de haine pour Barnabé »

« On requiert 20 ans. C’est une peine ahurissante dans un dossier comme celui-là. 20 ans c’est ce que l’on requiert pour les crimes crapuleux. C’est ce qui avait été requis contre Jacques Mesrine qui était l’ennemi public numéro 1. Et on demande la même peine pour Stephanie Beausillon ! », lance-t-il.

La parole finale est revenue à l’accusée avant que les jurés aillent délibérer. « 49 coups de couteau, c’est beaucoup. Ça dénote la haine et moi je n’avais pas de haine pour Barnabé », déclare l’accusée.

La réaction de Me Béatrice Fontaine-Zeller (avocate de la famille de la victime), de Mes Jean-Jacques Morel et Sébastien Navarro (avocats de Stéphanie Beausillon) à l’énoncé du verdict : 

Compte-rendu du 1er jour de procès : ​Assises : « On le réveille et on le tue ! »
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