La Confédération Générale du Travail de la Réunion peut-elle demain se fractionner à la manière d’un PCR qui a vu le PLR mettre les voiles ? Les représentants syndicaux n’ont à aucun moment évoqué, hier à Saint-Pierre, leur intention d’aller aussi loin en briguant par exemple la tête de l’instance ni en quittant leur « famille ». La solution médiane demeure la mobilisation pour exiger des changements de méthode à la tête du syndicat.
« Ce n’est pas normal, ce ne sont pas les valeurs de la CGTR », retient Pascal Hoareau, secrétaire de l’Union régionale SUD CGTR, presque sonné par cette « chasse aux sorcières » organisée selon lui pour faire taire tous ceux qui demandent la transparence dans la maison syndicale.
Tout en exposant les coups de pression qu’ils tiennent d’Ivan Hoareau et de son premier cercle, les délégués d’entreprises n’en rappellent pas moins leur « attachement à la CGTR », persiste le représentant de Pôle Emploi.
Comme si ce climat tendu ne suffisait pas, Patrice Atchicanon de la CGTR EDF, révèle que l’application de la représentativité syndicale de 2008 qui a contraint les syndicats locaux à marquer leur affiliation à un syndicat représentatif national est très mal passée auprès de la direction de la CGTR. Dans les faits, cette loi a obligé la CGTR EDF, par exemple, « à s’adosser à la CGT et non à la CGTR », explique Patrice Atchicanon. Un rattachement déjà reproché par la confédération réunionnaise, relate l’intéressé. « C’est la loi qui l’imposait, Ivan Hoareau ne pouvait pas l’ignorer », ajoute-t-il, tout en s’amusant du fait que « la quote-part des syndiqués continue par contre d’être versée à la…CGTR ».
En pleine réflexion sur le devenir de la confédération locale, tous sont unanimes sur l’occasion ou jamais pour la CGTR de montrer des gages de transparence, ce qu’elle en demande à longueur d’année au patronat. « Le pire c’est quand ça vient de son propre syndicat », formule un délégué. « Il faut travailler sur nos fondements », ajoute Patrice Atchicanon, agacé par le spectacle que donne la confédération dans les médias depuis quelques semaines.
La question du choix : « certains camarades sont torturés »
Les épisodes récents au sein de l’instance montrent selon eux que les révocations ou intimidations sont le fait de quelques personnes. Or, « on est une structure où les décisions doivent être prises majoritairement. Ce sont les dirigeants qui nous mènent dans le gouffre », formule un autre.
Aux côtés de ceux qui font figure d’anciens, « un jeune syndicaliste » comme il se présente lui-même, parachève la défiance qu’ils adressent tous à la direction. « Heureusement que j’ai pu compter sur des camarades. S’il fallait attendre un geste de notre confédération, je n’aurais jamais su ce que veut dire la vie d’un syndicat », renchérit Sébastien Faconnier, secrétaire général adjoint de la CGTR CMR.
Le rassemblement « fraternel » prévu le 17 novembre à Ravine blanche est bien parti pour devenir une sorte de thérapie de groupe où la parole sera donnée à ceux qui n’osent pas encore « détak la langue ». « On est conscient que certains camarades sont torturés entre Ivan Hoareau et nous, les fractionnistes soi-disant ». Les délégués présents hier restent persuadés que d’autres structures sont prêtes à franchir le pas: « En tout cas, on lance l’élan ».
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Comprendre l’organisation de la CGTR : Le 7 octobre dernier, lors de la commission exécutive confédérale (CEC), l’exclusion de dirigeants comme ceux de la fédération Commerce, d’EDF ou de Citroën a été mise en jeu. Faute de quorum, aucune décision en ce sens n’a pu être prise puisque seuls 10 membres sur les 25 que compte la commission (en réalité 23 depuis le départ de Pascal Hoareau et de Clara Derfla) se sont présentés. Si l’atteinte du quorum était le préalable, Pascal Hoareau pense qu’« Ivan Hoareau n’est pas parvenu à ses fins parce que cette demande d’exclusion n’a peut-être pas été acceptée par certains camarades ».