Trafic de Subutex et Maurice, une association de termes qui ressemble au vieux refrain d’une chanson trop bien connue en matière de drogue. Aurore, 24 ans, en a fait les frais au mois d’août de l’année 2011. Cette jeune femme originaire de la région lyonnaise s’envole en vacances pour l’île Maurice, après trois années d’études et un diplôme d’agriculture en poche.
« Il y a plusieurs années, en vacances en France, nous avions rencontré une famille mauricienne alors que nous faisions du camping. Nous nous étions liés d’amitié avec elle. Aurore avait rencontré un jeune homme, plus vieux, le « neveu » (ndlr : Séline Gros-Coissy n’a pas souhaité donner le nom de cette personne) de cette famille. Ils sont sortis ensemble pendant quelques temps alors qu’Aurore avait 18 ans« , explique Séline Gros-Coissy. Puis ils se sont séparés mais sont restés en contact. Plusieurs années se sont écoulées et ce « neveu » est entré de nouveau en contact avec Aurore. « Il lui a proposé de visiter l’île Maurice, d’aller voir sa mère« , ajoute-t-elle.
Aurore accepte, organise ses vacances, mais au dernier moment le « neveu » ne part plus pour Maurice, prétextant d’obscures raisons. En revanche, il prendra le soin de glisser des « biscuits pour sa maman » dans les valises d’Aurore, sans que cette dernière ne s’en rende compte.
Une personne suspectée de trafic de Subutex est placée en détention provisoire
Le piège est tendu. Arrivée à l’aéroport de Plaisance à Maurice, les valises sont fouillées et les policiers découvrent deux boîtes de biscuits remplies de cachets de Subutex, « 1.680 cachets en tout« , souligne Séline Gros-Coissy. L’enfer commence pour Aurore.
Depuis l’affaire Christophe Caterino (ndlr : le steward d’Air France arrêté pour trafic de Subutex et qui avait réussi à fuir l’île Maurice, alors qu’il était en liberté conditionnelle), la justice Mauricienne ne transige plus et toute personne prise en flagrant délit de trafic de Subutex est immédiatement envoyée en détention.
C’est le cas d’Aurore qui se retrouve dans la prison pour femme de Beau-Bassin depuis le mois d’août 2011. Une prison réputée dure, mise en service en 1887, et où les conditions de détention sont mauvaises.
« Je ne peux pas l’appeler et on nous a déconseillé de nous rendre la-bas« , explique Séline Gros-Coissy. Les seuls contacts entre la mère et la fille se résument à des courriers et colis échangés, quand ces derniers arrivent « réellement » à destination. « Ce n’est pas toujours le cas et ma fille ne les reçoit pas« , regrette-t-elle. Séline est désemparée et ne peut communiquer avec sa fille.
La famille d’Aurore a prévenu le Consul français à Maurice et la police française afin d’alerter le Procureur de la République sur cette affaire, mais depuis huit mois, rien ne semble bouger. « Personne ne nous aide, on ne nous dit rien. La seule solution qui nous reste, ce sont les médias pour faire avancer les choses« , explique-t-elle.
Pis, au ministère des Affaires étrangères, on lui aurait fait comprendre que si sa fille a été arrêtée pour trafic de drogue, alors la famille aussi est mêlée à cette histoire. « Vous croyez que c’est une réponse digne de diplomates ?« , s’interroge-t-elle. Pourtant, un accord de coopération en matière de sécurité intérieure a été signé le 13 juin 2008 par le Premier Ministre de la République de Maurice, Navin Ramgoolam, et Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur à l’époque, et vise à « optimiser les accords en permettant des échanges à caractère policiers ou judiciaires dans la lutte contre les grands fléaux criminels : grand banditisme, trafics de drogue et d’êtres humains, terrorisme, immigration irrégulière« , explique dans un communiqué l’ambassade de France à Maurice.
Jusqu’à 60 ans de prison
Devant l’inertie des autorités françaises, Séline Gros-Coissy a décidé de créer une association « Victimes du Subutex à Maurice ». Une pétition (près de 1.000 signataires) a été mise en ligne pour sensibiliser le public face à une situation qui reste inconnue en France. Le Subutex n’est en effet pas considéré comme une drogue en France. « Le Subutex en France est un médicament donné sur ordonnance dans le cas de sevrage d’héroïnomanes et donc remboursé par la sécurité sociale. A Maurice, il est considéré comme une drogue dure et à ce titre le délit de transport de Subutex est puni de lourdes peines de prison« , souligne Séline Gros-Coissy.
« L’association est toute jeune, elle existe depuis 10 jours seulement. On l’a créé car il y a, à Maurice, quatre jeunes françaises dans la même situation que notre fille, en attente d’un procès pour trafic de Subutex. Elles ont entre 19 et 20 ans et personne n’en parle« , ajoute-t-elle.
La famille cherche toujours un avocat pour représenter leur fille, Aurore, au prochain procès, dont la date n’est toujours pas définie. « On veut sensibiliser le plus de monde possible pour ces jeunes filles et pour Aurore« , conclut-elle. Aurore Gros-Coissy, en détention depuis le mois d’août 2011, risque, si elle est reconnue coupable, jusqu’à 60 ans de prison.
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Pour signer la pétition :
[http://www.petitionduweb.com/Petition_victimes_du_subutex_a_maurice-11231.html]url:http://www.petitionduweb.com/Petition_victimes_du_subutex_a_maurice-11231.html
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