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Saint-Paul : Les syndicats tirent la sonnette d’alarme

Près de quatre mois après un courrier au vitriol, les syndicats FSU, Unsa et FO n’ont toujours pas obtenu de réponses à leurs interrogations. Plusieurs éléments qui devaient être réglés sont toujours au point mort, tandis que la situation semble se dégrader ailleurs.

Ecrit par Maxime Bonnet – le mardi 03 octobre 2023 à 12H12, mis à jour le mardi 03 octobre 2023 à 13H19

Ils n’ont toujours pas été entendus, c’est le message que veulent faire passer trois syndicats de la mairie de Saint-Paul. En juin dernier, ils avaient déjà adressé un courrier au maire afin de lui demander des éclaircissements sur plusieurs points. En parallèle, les organisations syndicales avaient également saisi le préfet sur le manque de dialogue social, et le défenseur des droits pour plusieurs CDD non-reconduits.

Quatre mois plus tard, FO, l’Unsa et la FSU constatent que rien n’a changé. “On nous a promis l’entrée en vigueur des primes de précarité pour les CDD, ce n’est toujours pas fait. Nous avons un CST par mois, mais c’est insuffisant, et il nous manque toujours les rapports sociaux de 2022 et 2023, de même que la ligne directrice de gestion. On est dans le flou total. Par exemple, nous sommes incapables d’avoir la moindre donnée sur l’absentéisme dans les différents services. Or, nous savons qu’il est assez important par les informations qu’on nous remonte”, lâche, amer, Soraya Issop-Mamode, secrétaire générale d’Unsa à la mairie de Saint-Paul.

Des titularisations qui interrogent

En plus d’une absence de dialogue, les syndicats dénoncent aussi un passage en force de la commune sur plusieurs dossiers. “Alors même que nous avions voté contre les modifications du planning de la police municipale. Il a quand même été adopté en conseil municipal, sous prétexte que c’est une expérimentation, et que donc notre avis est facultatif”, s’agace Aude Cazanove, pour FO.

Prochainement, la commune prévoit une vague de titularisation. Une première liste de 50 noms a été avancée, mais elle fait tiquer les représentants syndicaux. “La mairie avait annoncé cinq critères pour envisager une titularisation, comme 10 ans d’ancienneté, la parité ou encore le statut RQTH (reconnaissance de qualité de travailleur handicapé). Or, de nombreux agents ne remplissent pas ces critères. Plus grave encore, la mairie dit aux agents qui veulent être titularisés de candidater sur les postes qu’ils souhaitent. Mais la loi est claire, les agents déjà titulaires sont prioritaires, et il faut justifier qu’on ne les prenne pas. Rien n’est clairement dit sur ce point, et on craint que des agents ne soient tout simplement pas pris”, poursuit Aude Cazanove. Point particulièrement inquiétant et qui en dit beaucoup sur les relations entre la mairie et les syndicats, la commune voulait “qu’on transmette la liste de nos adhérents. Franchement, ils n’ont peur de rien !”, s’exclame Aude Cazanove.

“On m’a mis dehors, car je défendais mes collègues”

Devant la multiplication des points de tension, les syndicats dénoncent également des attaques contre leurs organisations. Il y a notamment l’arrêt brutal du CDD de Rosélien Basque, agents technique pendant 5 ans dans une salle polyvalente de la commune. “On n’a pas renouvelé mon CDD, alors même que j’étais un salarié protégé. On m’a mis dehors, car je défendais mes collègues”, lâche l’homme. “Je pense aussi que c’est lié au fait qu’on pense que je suis avec la droite”, explique Rosélien.

La mairie serait-elle toujours en train de solder les comptes des dernières municipales ? C’est en tout cas le sentiment partagé d’anciens agents communaux recrutés sous l’ancienne majorité et mis à la porte à la fin de leur contrat. “On m’a reproché d’avoir laissé ma fille installer une permanence chez elle lors des élections. Au bout de cinq ans, on a annulé pas renouvellé mon contrat. J’ai six enfants, comment je vais faire à mon âge”, témoigne Corinne, 60 ans, et ancienne APR (agente polyvalente de restauration). “J’ai demandé un rendez-vous à un élu lorsque j’ai appris par courrier que j’étais mise dehors. Quand je suis arrivé, il m’a dit “vous êtes de droite, vous avez choisi le mauvais camp’. J’ai pas su quoi répondre”, lâche une autre ancienne APR, expliquant avoir été mise dehors après 7 ans de CDD.

Ingrid et Prisca dénoncent de leur côté une mise à l’écart après avoir tenté de faire remonter des problèmes dans l’école dans laquelle elles étaient affectées. “En décembre 2022, nous sommes toutes les deux évaluées comme ‘excellentes’, avant d’être classées comme ‘médiocre’ sept mois plus tard. On a dû demander nos dossiers pour découvrir ces évaluations”, explique Prisca.

Interrogée, la mairie de Saint-Paul n’a pas pu nous faire parvenir de réponse à temps pour la parution de cet article.

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Thèmes : Saint-Paul | syndicat
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jpleterrien
1 mois il y a

Magouilles, copinage et incompétence sont, hélas, une trilogie commune à de nombreuses mairies…
Je n’ai pas dit toutes, quoique…

1 mois il y a

[…] Source […]

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