La saison de la chasse aux tangues 2021 est ouverte. Après plusieurs semaines à récupérer permis et carnets de lots à la Fédération départementale des chasseurs, les adeptes sont autorisés à traquer les animaux dans les zones dédiées jusqu’au 14 avril.
Pour la plupart, c’est à l’aide d’un chien qu’ils les déterrent avant de les assommer et les ramener chez eux. « C’est une pratique traditionnelle et culturelle qui n’a pas de réel but commercial ou professionnel », affirme Patrick Beaudron, président de la fédération.
« Il faut une mise à mort dans les règles de l’art »
Une tradition que certains trouvent barbare mais le débat n’est pas là. Même Patrick Beaudron se dit surpris par cette pratique que peu connaissent : la mise à mort de l’animal en le plongeant vif dans de l’eau bouillante.
« Nous avons des consignes claires concernant le transport et l’état de l’animal, assure-t-il, il faut éviter au maximum sa souffrance et sa maltraitance, qu’il soit transporté mort ou vivant. Il faut une mise à mort dans les règles de l’art. » Il compare cette chasse à celle des cerfs : « La mort doit être nette et sans bavure ».
Et pourtant, un chasseur avoue que l’animal se débattant dans l’eau bouillante, les brûlures sont plus efficaces et répandues et la peau plus facile à enlever par la suite. Un autre, qui a depuis arrêté la pratique raconte son vécu : « Mes cousins le faisaient et j’avais trop pitié. Les manger je veux bien, mais je leur épargnais au maximum les souffrances ». La raison pour eux : « Eviter les hématomes sur la peau, la rendant plus esthétique et saine pour la vente ».
Si la loi concernant la mise à mort d’un animal chassé – et surtout un tangue – n’est pas claire, la position de la Fédération départementale des chasseurs l’est : « Il faut respecter l’animal ». L’arrêté préfectoral du 8 janvier 2021 fixant la période de chasse ne fait quant à lui aucune mention sur le traitement des animaux.
La menace des braconniers
Ces consignes de respect sont communiquées aux membres de la fédération qui comptent 1000 chasseurs à La Réunion. Reste à savoir si ceux qui ont recours à cette cruelle pratique sont des chasseurs et non des braconniers. Un combat constant pour la fédération, le Parc National et la BNOI (Brigade nature de l’océan Indien) qui a verbalisé deux personnes récemment. « Ils chassent hors période et peuvent donc tuer des animaux reproducteurs et des petits, ce qui affecte la population globale de tangues », rappelle le président de la fédération.
Quoi qu’il en soit, le message est clair : la souffrance non nécessaire d’un animal, c’est non.