En 2019, la direction du CHU de La Réunion avait signé un contrat avec la société Bardot Océan pour fournir 28,7GWh par an pendant 20 ans. La pandémie mais surtout la liquidation judiciaire de la société en charge de la mise en place du procédé innovant avait renvoyé le projet dans les abysses avant le rachat finalement par Value Park, née du groupe Bardot. BD5, la société créée pour exécuter le contrat auprès du CHU, n’a pas été impactée par ces difficultés financières.
« Même propriétaire, même équipe », l’inflation ayant aussi pesé sur le budget, le début des travaux est espéré pour octobre 2023. Le montant total s’élève par ailleurs à un peu plus de 84 millions d’euros dont 23,6 millions sont financés par l’ADEME via le fonds Chaleur. « C’est un projet à la fois écologique, économique et social, les trois dimensions du développement durable réunies », se réjouit Boris Ravignon président directeur général de l’ADEME, présent pour l’occasion.
Reste les emprunts bancaires à finaliser d’ici le mois de juin, le projet ayant reçu les autorisations administratives et environnementales. Le CHU n’engage pas de fonds dans la réalisation du projet hormis le contrat d’achat du froid rallongé à 30 ans.
Pour l’établissement public, plus gros consommateur d’énergie de l’île, l’utilisation du SWAC « c’est une économie non négligeable de 400.000 euros », précise Patrick Goyon. La facture énergétique en 2021 pour le CHU Sud s’élevait à 3,4 millions d’euros. Les besoins en climatisation dans un hôpital sont constants. Le SWAC alimentera ainsi le Pôle Femme-Mère-Enfant et le bâtiment central, soit 120.000m2 de surface auxquels viendra s’ajouter la livraison prochaine d’un laboratoire et de blocs qui nécessitent des températures limitées, rappelle Patrick Goyon.
La technologie mise en place ici est basée sur le même principe que le SWAC livré en juillet dernier en Polynésie mais en « plus puissant, plus profond et plus long ». Il s’agira ainsi de pomper l’eau de mer à environ 5°C à 1150m de profondeur via une conduite de 8km. L’eau de mer est utilisée pour refroidir une boucle d’eau douce puis rejetée réchauffée à environ 11°C à 50m, sans altération de sa composition, assure l’équipe technique. Le procédé prévoit également la création d’un puit de 15m de diamètre sur 28,5m de profondeur creusé sur le site du RSMA dans lequel trois pompes et échangeurs seront installés. « Des bateaux spécialement conçus pour tirer toutes les conduites et les câbles seront acheminés », détaille encore Vincent Chausserie-Laprée, ingénieur, qui précise que le dispositif n’a que très peu d’impact sur l’environnement.
La livraison du SWAC du CHU Sud est prévue pour octobre 2025.