Revenir à la rubrique : Société

Chavirage mortel du Maéva 4 : La page judiciaire de ce drame humain se referme aujourd’hui

Le 25 juin 2017, de retour d'une sortie de pêche, le Maéva 4, rattrapé par un puissant train de houle, chavirait, provoquant la mort d'un père et son fils et du marin employé par l'armateur, la société Maévasion à qui des défaillances sont reprochées. La cour d'appel confirme la décision du premier juge, la société est condamnée à payer des dommages et intérêts intérêts.

Ecrit par 2181159 – le jeudi 26 janvier 2023 à 09H07

Si les plaies seront impossibles à panser, l’épilogue judiciaire du chavirage funeste du bateau de pêche Maéva 4 de la société Maévasion est clos aujourd’hui avec le délibéré de la cour d’appel. Lors du premier procès, le tribunal avait condamné l’armateur à 150.000€ d’amende pour homicide et blessures ainsi qu’au versement de plusieurs milliers d’euros de frais aux victimes au titre du préjudice moral et physique. Le gérant, Rodolphe Jauneaud, avait écopé d’une interdiction définitive d’exercer une profession de transport de personnes. La cour a confirmé ce jugement ce jeudi après plusieurs renvois du délibéré.

Réfutant sa responsabilité pénale, celui-ci avait fait appel de la décision. Pour la défense, les défaillances reprochées n’ont pas lieu d’être. Le skipper et frère de Rodolphe, Loïc Jauneaud, avait encore le temps de mettre à jour deux certificats qu’il était dans l’obligation de posséder pour piloter : celui d’opérateur radio et celui de formation à l’enseignement médical. Aucune violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence donc, juste « la faute à pas de chance, la fatalité le destin », selon Me Sulliman Omarjee.

Des considérations aussi maladroites qu’inacceptables pour Michèle Malbranque qui a perdu son compagnon, Philippe, dans le naufrage ainsi que son fils Jonathan. Mais également pour les quatre étudiants ingénieurs qui se trouvaient à bord et les deux membres d’équipage ainsi que le matelot Daniel Bodzen qui a trouvé la mort ce jour-là.

Selon les experts et le BEAmer, le bureau d’enquêtes sur les évènements de mer, sollicités pour donner un avis sur les circonstances de la tragédie, de nombreux éléments sont à mettre au débit de Maévasion. La société avait pris la décision de maintien de la sortie de pêche malgré l’avis de forte houle déclenché ce jour-là par Météo France. Aucun briefing de sécurité n’avait été fait auprès des sept passagers avant de quitter le port. Aucun d’entre eux ne portait de gilet de sauvetage alors que la mer était démontée.

Quant au skipper qui était sous anti-dépresseur, des analyses avaient démontré qu’il avait consommé de l’alcool et des stupéfiants la veille et se trouvait, au moment de la manœuvre fatidique, dans un état « euphorique ».

Le fils et le compagnon de Michèle Malbranque se trouvaient à l’avant du bateau et d’autres passagers étaient sur le pont supérieur, au mépris de toutes les consignes de prudence. 

Loïc Janeaud n’avait par ailleurs pas marqué de temps d’arrêt avant d’entrer dans le chenal, et son bateau dont la vitesse était trop lente avait été soulevé par une puissante vague venant de l’arrière. Un des moteurs aurait eu à ce moment-là une avarie et le bateau s’était retrouvé en travers et hors de contrôle. Toujours selon les experts, la puissance du navire piloté correctement aurait cependant pu compenser les effets de la houle.

La représentante de la société, Emmanuelle Barre, a requis 200.000 euros d’amende pour Maévasion et une interdiction définitive d’exercer lors de l’audience du 29 septembre dernier.

Michèle Malbranque, très angoissée de l’issue de ce procès, s’est montrée soulagée à l’énoncé de la décision de la cour. « Je vais pouvoir commencer mon deuil et penser à Jonathan et à Philippe autrement que dans l’eau en train de mourir » a déclaré la mère de famille. Reste les intérêts civils sur lesquels la justice devra se pencher dans quelques mois. 

La cour condamne Maévasion à payer des dommages et intérêts à l’ensemble des victimes.

Sur le même sujet :

Naufrage du Maéva 4 : Le procès pénal se tient ce vendredi

Naufrage du Maéva 4 : Le tribunal pourrait prononcer la relaxe

Naufrage du Maéva 4 : L’armateur condamné

Les premières vidéos du drame de St-Gilles

La préfecture fait le point sur le chavirage du bateau à St-Gilles

Chavirage mortel du Maéva 4 : « Cet accident était prévisible »

 

Partager cet article
Thèmes :
S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Le JIR et Le Quotidien impactés par un incident technique

L’édition du mercredi 6 décembre du Quotidien de La Réunion n’est disponible qu’en ligne et de façon gratuite suite à un « incident technique ». Le Journal de l’Île indique que certaines livraisons ont pu avoir lieu mais qu’une « panne importante au niveau de la rotative » a impacté la « majeure » partie des espaces de vente.

Quid d’un Proche-Orient voué à l’extermination ?

L’actuel conflit du Proche-Orient est atroce, de quelque côté que l’on regarde. Ce qu’il y a d’affligeant, c’est qu’il n’en a pas toujours été ainsi : au Moyen-Âge, les juifs n’ont jamais été si bien protégés que lorsqu’ils habitaient dans des pays dominés par les Arabes. Paradoxal, non ?