Déjà rejeté par une décision motivée le 21 décembre dernier, le recours en suspension porté par plusieurs associations (Sea Shepherd, Taille-Vent, Vagues et Longitude 181) contre la pêche aux requins orchestrée par l’État est revenu devant le président du tribunal administratif de Saint-Denis, ce mardi après-midi.
L’avocat des requérants, Me Stéphane Wandrey, était seul à la barre, puisque ni la préfecture ni le Centre de sécurité requin n’ont jugé utile de se faire représenter. Selon la robe noire, les services de l’État avaient déjà fait savoir, dans un mémoire en défense en date du 12 février, que le recours était considéré comme abusif et qu’il n’y avait, aujourd’hui pas plus qu’hier, d’urgence à statuer.
Mais les associations de défense de l’environnement ont fait valoir un élément nouveau justifiant, selon elles, la suspension de l’arrêté autorisant le prélèvement de squales dans le cadre d’une pêche préventive : l’identification par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) de deux zones maritimes situées sur les côtes sud et ouest de l’île comme des espaces menacés pour la reproduction de plusieurs espèces, dont le requin marteau halicorne.
Ce programme de l’UICN dénommé ISRA (Important Shark & Rays Areas) a pour vocation de délimiter des espaces maritimes d’importance pour la reproduction des requins et des raies, afin d’inciter les autorités à les transformer en aires marines protégées. Les deux ères identifiées à La Réunion sont classées en protection maximale par l’UICN.
« Il y a une zone entre Saint-Pierre et Étang-Salé qui est une zone de reproduction du requin marteau halicorne, une espèce qui a vu sa population réduite de 80% ces dernières décennies, et c’est précisément cette zone où les opérations de prélèvement s’effectuent. Pourtant, le préfet nous explique qu’il va continuer à pêcher », a relevé Me Stéphane Wandrey.
L’avocat a rappelé, à toutes fins utiles, que « l’UICN n’est pas une association de bénévoles, mais un organisme de portée internationale avec des scientifiques de référence ». Le tribunal administratif rendra sa décision la semaine prochaine.