« Nous allons devoir vivre pour un temps avec le virus« , a déclaré Olivier Véran, le ministre de la Santé, ce samedi, à l’issue d’un conseil des ministres exceptionnel au cours duquel le gouvernement a décidé de proposer une prolongation de l’état d’urgence sanitaire de deux mois, jusqu’au 24 juillet. Il a également pris un certain nombre de décisions concernant les personnes en provenance d’un DOM ou souhaitant s’y rendre.
Le projet de loi, présenté en Conseil des ministres, reconduit la possibilité de prendre des mesures d’exception, même pendant le déconfinement, afin de limiter la propagation de la maladie.
On savait déjà que les départements où le virus circule plus que dans d’autres et où les capacités des hôpitaux sont saturées devront poursuivre certaines restrictions. Notamment, les jardins et parcs resteront fermés. De même, il faudra attendre fin mai pour connaître la date de réouverture des cafés, bars et restaurants.
Mais le texte introduit d’autres mesures concrètes, notamment d’isolement et de mises en quarantaine.
Quatorzaine pour les personnes en provenance des DOM ou s’y rendant
Les autorités pourront imposer une mise en quarantaine aux personnes en provenance de l’étranger ou des DOM-TOM. La « quatorzaine obligatoire » va concerner « toute personne » qui rentre sur « le territoire national, dans un territoire ultra-marin ou en Corse« , soit « souvent des Français partis à l’étranger » et « qui souhaitent revenir« , a déclaré Olivier Véran lors d’un point-presse à l’issue du Conseil des ministres.
Isolement pour tous les arrivants testés positifs au Covid
« La quatorzaine, c’est pour les gens qui ne sont pas symptomatiques, l’isolement concerne les gens qui auraient été diagnostiqués positifs au coronavirus sur constatation médicale » a-t-il précisé.
Ces mesures seront sous « contrôle » du juge des libertés et de la détention (JLD) », obligatoirement saisi « après 14 jours de quarantaine et d’isolement » imposé, a encore annoncé le ministre. « La durée totale » de l’isolement, « quelle que soit la situation, ne pourrait jamais dépasser les 30 jours » a proposé M. Véran.
Pas d’isolement pour les personnes positives et déjà présentes sur le territoire
En revanche, ces mesures ne concernent pas les patients testées positifs et déjà sur le territoire national. Pour ceux-là, le gouvernement s’en remet finalement à la bonne volonté et au civisme. Le confinement des malades sera donc demandé mais pas imposé, même si le gouvernement a envisagé un moment des mesures plus contraignantes.
Si vous êtes confiné chez vous avec votre famille, les membres de votre foyer devront eux aussi suivre une période de quarantaine. En revanche, pour épargner à vos proches un confinement supplémentaire, vous pouvez être placé dans un hôtel réquisitionné par l’État.
Deux fichiers pour suivre les personnes testées positives et leurs contacts
Le ministre a par ailleurs confirmé qu’il y aura bien des listings de personnes testées positives au coronavirus. L’objectif est de mener une enquête sanitaire, par des brigades départementales, pour repérer les cas-contacts pour tenter de bloquer les chaînes de contamination.
Ces brigades seront amenées à contacter les personnes proches des « patients Covid » pour les inviter à surveiller l’apparition d’éventuels symptômes.
Concrètement, un premier fichier sera constitué avec « les informations en provenance des laboratoires de biologie médicale lorsqu’un patient aura été testé positif au coronavirus« . Ensuite, un autre dispositif, « Contact-Covid« , sur le modèle du site Ameli de l’Assurance Maladie, « permettra notamment d’avoir les coordonnées des personnes à contacter« .
La mise en œuvre de ces mesures se fera avec un avis « rendu public » de la CNIL « actuellement en préparation« , a précisé le ministre de la Santé.
C’est une mesure importante dans le milieu médical : cela signifie que des agents qui ne participent pas directement aux soins pourront accéder au dossier d’un patient. Cette autorisation est donnée « à titre exceptionnel« , a justifié Olivier Véran, le ministre de la Santé.
L’application StopCovid, à l’étude par le gouvernement, ne sera pas disponible à partir du 11 mai a précisé le ministre.