« Signer ce protocole, c’est la première étape vers le redressement judiciaire », s’insurge Soraya Ringama, président du Collectif pour la défense des entreprises de travaux publics. « Les entreprises de la Réunion sont à l’agonie ! » s’exclame même un chef d’entreprise. Le protocole Novelli, signé le 27 juillet dernier et qui prévoit un dispositif de soutien aux entreprises liées au secteur des transports de matériaux, du bâtiment et des travaux publics de l’île qui sont affectées par la crise, ne plaît pas à grand monde dans la salle de réunion. « Comment peut-on payer nos échéances dès janvier 2010 alors qu’il n’y a pas eu d’activité en 2009? » demande un chef d’entreprise en colère, en s’adressant au Trésorier Payeur Général, Marc Van Belle.
Pour le moment, seuls 10 dossiers de demande d’aide ont été traités déclare Marc Van Belle. « C’est normal que les dossiers ne soient pas complets, hurle un chef d’entreprise dans la salle, on nous demande d’être à jour dans nos cotisations, ce qui est impossible! ». Une autre chef d’entreprise n’hésite pas à prendre la parole : « Nous sommes en difficultés depuis 2007 ! » s’exclame t-elle, exaspérée.
« Arrêtes tes conneries Mongin »
Joël Mongin, l’un des quelques syndicalistes signataires du protocole Novelli, a été violemment critiqué par certains représentants de chefs d’entreprise, notamment par Soraya Ringama et Armand Mouniata, vice-président du Collectif pour la défense des travaux publics et transport, qui l’attaquent verbalement : « Arrêtes tes conneries Mongin, on se fout de nous avec ce protocole ! ».
Rappelons que le protocole Novelli prévoit la mise en œuvre d’une commission d’examen individuel des situations fiscales et sociales pour les entreprises des secteurs concernés. Il prévoit aussi l’intensification des procédures de médiation du crédit, notamment « la petite médiation » qui permet la mise en relation « au plus près des situations individuelles, des entreprises et des responsables bancaires qui suivent leurs dossiers » précise la CCI.
Ce protocole envisage également la tenue de réunions présidées par le préfet, « qui permettront d’avoir une réelle visibilité sur la commande publique et qui serviront à activer les chantiers ou les projets de chantiers qui intéressent les donneurs d’ordre publics : l’État, la Région, le Département, les communes, l’intercommunalités et les bailleurs sociaux ».
Dans sa conclusion, Eric Magamootoo, président de la Chambre de commerce et d’industrie, est d’accord pour dire que, pour le moment, le protocole Novelli est « un échec ». Ce dernier a proposé à l’auditoire de convenir d’un nouveau rendez-vous avec le préfet afin qu’il soit reconsidéré. Eric Magamootoo a par ailleurs pointé du doigt les banques « qui ne jouent pas le jeu en n’accordant aucun crédit aux entreprises en difficulté« .
Selon lui, les commandes publiques n’arriveront pas avant juillet 2010 mais il insiste cependant auprès des chefs d’entreprise pour qu’ils signent le protocole. Il informe par ailleurs les chefs d’entreprises présents qu’une douzaine de personnes se tiennent à leur disposition, dont six à la CCI de Saint-Denis, quatre à la CCI Sud, et deux dans l’Est, pour les renseigner et les accompagner dans le montage de leurs dossiers de demande d’aides que prévoit l’accord Novelli. Une deuxième séance d’information sera prochainement organisée, à la CCI du Sud.