Les faits se sont produits le dimanche 31 mai dernier, rue Lavandière à Sainte-Clotilde, mais la cause prend racine il y a de nombreuses années. Deux familles d’un même quartier ont un différend qui paraît insurmontable. A tel point, qu’il se transmet de génération en génération.
Ce jour là, tout aurait pu basculer de façon dramatique. Les pompiers interviennent pour un coup de couteau au visage et se voient contraints d’appeler la police en renfort tant la tension est à son comble dans le quartier entre les deux familles. Plus de 50 personnes sont rassemblées, prêtes à en découdre.
La victime a reçu un coup de « feuille de boucher » au visage avec une entaille très profonde. Elle est transportée en urgence au CHU de Bellepierre. La blessure est grave, l’entaille est si profonde que le nerf facial est sectionné, rendant la paupière gauche inactive. C’est sa compagne qui expliquera les faits à la police. Le prévenu s’est enfui après les faits. Finalement interpellé, il est placé en garde à vue avec un taux d’alcoolémie de 1,10 g/l à 20h55. « Je suis prêt à tout assumer, je m’excuse de vous avoir fait tourner en bourrique, tout s’est passé comme l’a dit la victime », explique-t-il d’entrée à la présidente.
Tout est parti d’une altercation le dimanche matin entre la victime et le neveu du prévenu qui indique aux enquêteurs que « les familles ne s’entendent pas depuis des générations ». Le prévenu, Jean-Wilfried O., est handicapé d’une jambe et boitille, ce qui le complexe quelque peu.
En début de soirée, il est « en graine » avec un gars du quartier et va à sa rencontre pour en découdre, armé d’une « feuille de boucher ». Il croise la victime qui arrive en moto et lui demande quel est le problème avec son neveu. Agacé, la victime pousse le prévenu à deux reprises. C’en est trop pour Jean-Wilfried O. qui sort le couteau et lui assène un coup au visage.
« Il m’a bousculé deux fois, j’avais l’arme dans la main. C’est un réflexe, action-réaction ! », image-t-il au tribunal. Présente à l’audience avec un pansement sur tout le côté gauche du visage, la victime se porte partie civile. Contrairement au prévenu, il n’est pas accessible à la prise en charge d’un avocat et se voit contraint, vu l’état de sa blessure, de demander un renvoi sur interêts civils. « Il y a deux clans, c’est digne d’une guerre mafieuse », débute la procureure de la République à l’entame de ses réquisitions.
« C’est un conflit prégnant, il y a une ambiance électrique entre les deux familles. L’élément incontestable, c’est que ce coup est d’une extrême violence. Tout le reste est contesté ! Il y a eu peut-être des provocations avant les faits, mais il n’y a eu aucune proportion ni légitime défense chez Jean-Wilfried O. C’est une violence extrême imposée à la victime », avance la procureure qui demande une peine de 4 ans de prison dont 1 an avec sursis probatoire ainsi que le maintien en détention.
Du côté de la défense, « les faits ne peuvent être détachés du contexte entre les deux familles. Son complexe suite à son handicap à la jambe gauche n’est pas à oublier. La victime n’est pas innocente dans cette affaire, c’est lui qui a commencé. S’il n’avait pas été pris à partie par la victime, il ne serait pas devant vous ». Jean-Wilfried O., 19 condamnations au compteur, qui reconnaît : « j’ai pas visé, ça aurait pu être autre chose que j’aurais pu toucher », est condamné à 5 ans de prison dont 1 an avec sursis. Il est maintenu en détention.