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« La non prise en charge de maladies vectorielles émergentes, un déni des autorités »

EELVR s'inquiète de la situation de certaines personnes atteintes par des maladies vectorielles à La Réunion (notamment la maladie de Lyme). Pour "lever le tabou et éviter un scandale sanitaire, environnemental et territorial", EELV souhaite "que l'ARS puisse mettre tous les moyens nécessaires pour faire de la prévention dans notre île." Voici le communiqué de la secrétaire régionale adjointe :

Ecrit par Zinfos974 – le mardi 16 mai 2017 à 17H18
Les maladies vectorielles à tiques sont émergentes. La population reunionnaise doit en être informée pour éviter ce qu’on a vécu avec le Chik dès 2004.

Notre île est touchée par ces maladies vectorielles comme partout dans le monde. Depuis 3 ans, de nombreuses personnes sur l’île se plaignent de maux divers et très invalidants qui s’apparentent à ces pathologies mais que les professionnels de santé ne savent pas diagnostiquer car manquent de connaissance et de reconnaissance. Les malades qui souffrent restent donc en errance de diagnostic toute leur vie avec des conséquences graves qui ne peuvent pas nous laisser indifférents et encore moins nous, EELVR.

De manière générale, depuis quelques années, les tiques se multiplient en nombre probablement à cause du réchauffement climatique(dépassement de 2° degrés) et c’est un fait constaté partout sur la planète. A cause de la déforestation et des pesticides dans nos sols, ces insectes de la famille des artropodes comme les varroas qui attaquent actuellement nos ruchers, se rapprochent de nos villes et de nos territoires.

On en trouvait autrefois surtout en forêt, aujourd’hui les tiques ont élu domicile dans nos jardins, dans les jardins publics, se sont multipliées considérablement dans les prairies, champs ou les zones boisées…

Ces insectes peuvent être porteurs de micro organismes dangereux pour l’homme et les inoculer par simple piqûre. Couramment appelée « maladie de lyme », la maladie vectorielle à tiques provoque de graves lésions dans l’organisme et des douleurs terribles dans tout le corps (voir les articles de DR PERONNE de Lyon). Tous les organes peuvent être touchés, les os traversés par ces bactéries de type borrelies de la même famille que la syphilis.

Des co-infections sont présentes dans le corps de la tique et sont également transmises. Il s’agit de micro organismes comme les candidaes mais aussi des virus. Ce qu’il savoir c’est que la personne piquée par une tique ne s’en rend pas toujours compte. Certains développent une rougeur de forme circulaire autour de la piqûre, signe certain d’une contamination. D’autres ne voient rien apparaître et ne se souviennent même pas avoir été piqués.

Les borrelies, responsables de la maladie dite de Lyme sont partout présentes dans le monde. Chaque continent a ses propres souches. La 1ère souche de borrelie analysée le fut à Madagascar comme pour le varroa.

Concernant la Réunion, il n’existe pas à l’heure actuelle d’études scientifiques récentes sur le sujet. Les médecins des services de médecine infectieuse avancent que les tiques locales ne sont pas porteuses de bactéries contaminées mais ne citent pas leur source. Les dernières études sur le sujet semblent remonter à plus de 20 ans selon nos recherches.

Aussi, les malades atteints de cette pathologie sur notre île vivent un véritable cauchemar. Ils ne sont pas pris en charge par les médecins au prétexte que leur test sanguin se révèle être négatif. L’exemple de Mme CARPAYE « je souffre le martyr et pourtant on se moque de ce qui m’arrive et les médecins me disent qu’il n’y a pas de remède pour moi. Alors on fait des essais avec moi mais pour l’instant je continue à souffrir et je n’ai d’aide de personne, ni de l’ARS et ni des autorités locales. Heureusement que j’ai pu contacter par mes propres moyens le Dr Péronne pour moi et ma fille, aussi atteinte des mêmes symptômes. Douleurs , paralysies et incapacités physiques invalidantes ».

On note que la sécurité sociale préconise un 1er test lequel est basé sur les souches nord américaines.Il s’agit principalement de tester la souche burgdorferi qui est responsable de la maladie dite de « Lyme » du nom de la ville américaine où elle a été initialement observée. Si le 1er test est négatif, le malade se voit refuser le second test qui est basé sur d’autres souches présentes et identifiées en Europe.

Le problème de notre île est que les souches qui nous sont propres ne sont pas connues. Personne n’est capable à l’heure actuelle de dire quelles sont les variétés de borrelies qui sont présentes sur notre sol, si elles sont contaminées et encore moins quelles sont les co-infections qui les accompagnent. Il n’existe pas de test propre à nos souches. Les autorités sanitaires sont dans le déni au prétexte que le vecteur, c’est-à-dire les tiques, ont un cycle de vie plus court sous les tropiques. De plus, les tests lyme pratiqués sur les animaux, en particulier les animaux domestiques, sont toujours négatifs !

Bien entendu qu’ils le sont puisqu’ils ne testent que les souches nord américaines et européennes mais en aucun cas les souches locales.. Le malade erre donc de médecins en spécialistes et ses douleurs augmentent puisque l’infection envahit petit à petit l’organisme. Au bout de plusieurs années, il devient souvent invalide, ne pouvant plus se déplacer, perd son travail et s’isole de toute vie sociale. Bien souvent, on l’aura envoyé consulter en psychiatrie au prétexte qu’il est stressé et que ses douleurs sont inventées. A côté de ça, il consulte les centres anti-douleur qui lui proposent de fortes doses d’antalgiques. Le mal n’étant pas traité, le patient finit sous morphine tant les douleurs sont violentes.

Nombreux sont les patients qui se suicident ou qui font des tentatives de suicide.

La veille sanitaire à la Réunion ne semble pas fonctionner malgré l’épidémie de chikungugna. L’ARS a été alertée par un groupe de malades, par des scientifiques épidemiologistes mais pour l’instant pas de prévention de sa part aux citoyens alors que des cas se multiplient. Les malades se voient refuser les soins propres à une maladie infectieuse et restent en souffrance. Il sont forcés à prendre de forts antalgiques pendant que la maladie détruit peu à peu leur organisme.

Selon un petit groupe de malades qui nous a interpellé depuis ces derniers mois, le constat est alarmant. Certains sont toujours en errance de diagnostic, d’autres à moitié positifs aux tests, d’autres complètement négatifs. Ils présentent tous les mêmes symptômes. Toutes les autres pathologies ont été écartées. Leurs scores aux tests cliniques Horowitz se sont explosés. Le docteur Horowitz est le spécialiste américain de la maladie de lyme. Il lutte depuis 30 ans contre cette pathologie qui, aux États-Unis est la seconde maladie émergente, plus importante en nombre de cas que le VIH.

Certains d’entre eux, malgré les tests négatifs ont eu la chance de trouver un médecin spécialisé sur la métropole. Ce médecin pose donc tardivement le diagnostic d’une maladie de lyme souvent en stade chronique, stade 3. Le traitement consiste en l’absorption voire des injections à hautes doses d’antibiotiques. Les souches n’étant pas connues, il faut prescrire au patient toutes les familles d’antibiotiques qu’il doit prendre mois après mois. La maladie régresse mais ne peut pas être éradiquée. Elle reviendra par poussées et le patient doit suivre une hygiène alimentaire très stricte. Les plantes sont souvent l’alternative choi- sies par les malades parce que leur corps finit par rejeter toute chimie pour avoir trop tarder à être traité.

L’INRA à Maison Alfort finalise actuellement un projet participatif d’analyse des tiques sur l’ensemble du territoire français. Les DOM en font partie. Il s’agit de demander aux particuliers comme aux professionnels de collecter les tiques qu’ils rencontrent dans leur environnement et de les envoyer à Maison Alfort pour analyse.

C’est une chance inespérée pour ces malades de La Réunion de faire le point sur les risques que la population encoure à cause de ces insectes mais les autorités sanitaires ne semblent pas s’intéresser au projet à tel point que le responsable national, le biologiste Jean François Cosson a demandé à un patient très investi dans la cause d’être son adresse de contact et de rassemblement des collectes régionales. Plusieurs vétérinaires sensibles à l’urgence que représentent ces analyses se sont portés volontaires pour aider à collecter les artropodes sur les animaux qu’ils voient en consultation. Seules les autorités sanitaires restent dans le déni et l’inaction face à un fléau émergent et éminemment dangereux qui peut toucher les hommes, comme les femmes comme les enfants à tout âge de la vie.

Aussi, EELVR souhaite par ce communiqué de presse alerter la population sur les risques auxquels elle est exposée. Nous ne connaissons pas tous les vecteurs. Les tiques sont les plus connues mais certains articles scientifiques parlent des acariens, des poux, voire même des moustiques Aedes.

D’autres modes de contamination sont reconnus, de la mère à l’enfant dans l’utérus entre autres. Selon des médecins spécialistes, les enfants nés d’un parent atteint naissent bien souvent autistes. Des scientifiques parlent de possible contamination lors des transfusions sanguines. Personne n’est à l’abri, tout le sol de la côte ouest de l’île de la Réunion serait infesté de tiques au même titre que les termites. Et peut être aussi dans le sud de l’île.

Il y a urgence donc à faire le point sur ce problème majeur de santé public à La Réunion avant qu’il ne soit trop tard. EELV demande à l’ARS de prendre rapidement les dispositions nécessaires pour éviter un nouveau scandale sanitaire et environnemental sur notre territoire. On se souvient tous et toutes de ce qui s’est passé avec le chik.

ODAYEN Danon Lutchmee, Secrétaire Régionale adjointe d’Europe Ecologie les Verts Réunion (EELVR) 

 

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