Pierre Vergès a publié cet après-midi [une tribune libre]urlblank:http://www.zinfos974.com/Pierre-Verges-et-les-regionales-quel-projet-de-societe-par-qui-et-pour-qui_a85101.html , très longue, dans laquelle il lance un vibrant appel à l’union de toutes les « forces souhaitant un changement de majorité régionale ».
Dans un style très « vergessien« , parfois un peu difficile à décrypter, il explique -ce en quoi il a tout à fait raison- que le seul espoir de battre Didier Robert lors des régionales de décembre prochain est de réussir à constituer une « confédération » de tous ses opposants. Et il cite pêle-mêle le LPA de Thierry Robert, la Fédération socialiste, le Parti Communiste Réunionnais, le Parti pour La Réunion d’Huguette Bello, le mouvement EELV, d’autres forces de gauche, et les mouvances autour de personnalités comme Vanessa Miranville, ou Jean-Hugues Ratenon.
A peine la liste couchée noir sur blanc que Pierre Vergès prend immédiatement conscience des deux principales difficultés d’un tel rassemblement : les égos surdimensionnés de certains de ses leaders qui les poussent à ne pouvoir s’imaginer à une autre place que celle de tête de liste et à exiger le maximum de places éligibles sur la liste, et les inimitiés qui les opposent d’ores et déjà.
Concernant la première difficulté, elle découle du nombre de partis ou mouvements qu’il faudra réunir pour parvenir à l’union. Plus il y a de participants à un festin, plus les parts sont petites. Selon Pierre Vergès, la seule façon d’empêcher tout risque hégémonique d’un parti au détriment des autres serait qu’ils acceptent tous de se « répartir en parts égales les 35 places d’élus sur la liste à établir« , « soit au mieux trois à quatre par mouvance politique« . Ça ne fait pas beaucoup et on imagine par avance les réflexions du style : « Pourquoi il en aurait autant que moi alors que je suis un parti national et que je pèse beaucoup plus que lui?« …
Mais le principal obstacle restera sans nul doute la haine -le mot n’est pas trop fort- que se vouent nombre d’hommes -et de femmes- politiques susceptibles de mener cette liste. Ce n’est un secret pour personne que globalement, peu de personnes « encadrent » Thierry Robert à qui on reproche son caractère incontrôlable et ses pitreries, que Paul Vergès est fâché avec Huguette Bello et avec les socialistes du Progrès, que ces derniers n’apprécient pas la patronne du PLR, etc… Pas sûr que même la crainte d’une monumentale déculottée soit suffisante pour inciter tout ce beau monde à se rabibocher !
Et même s’ils y parvenaient, leurs militants les suivront-ils? Et les Réunionnais accepteront-ils de voter pour un tel équipage hétéroclite, dont manifestement la seule chose qui les réunisse est la peur de perdre?
Pierre Vergès sent bien le danger et il espère parvenir à le contourner en mettant en avant « un projet de société réalisable » bâti en commun. Mais là aussi, comment réussir à mettre tout le monde d’accord sur des sujets importants sur lesquels ils affichent parfois des positions totalement opposées? Par exemple, pour ne citer que ce problème, comment concilier ceux qui sont favorables à la Nouvelle Route du Littoral comme les socialistes, et ceux qui y sont farouchement opposés comme Huguette Bello ou encore Paul Vergès, en passant par un Thierry Robert qui se déclare officiellement « pour » mais qui fait tout pour mettre des bâtons dans les roues au projet en multipliant les recours aux tribunaux ou en interdisant les carrières sur sa commune?…
Et on ne parle là que du hors d’oeuvre… Quelle sera la position de cette hypothétique liste sur un sujet aussi brûlant que la surémunération des fonctionnaires si cher à Paul Vergès?
Je souhaite bien du plaisir aux futurs négociateurs. Ils ont intérêt à faire un stock d’aspirine avant le début des négociations… D’autant que tous ces efforts peuvent tout aussi bien être vains. Rien ne garantit en effet le succès d’une telle liste, même au cas bien improbable où ils réussiraient l’union…
