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Viol à St-Pierre : La crédibilité de la plaignante examinée

Deux hommes d'une quarantaine d'années sont jugés devant la cour criminelle pour le viol d'une étudiante au Tampon en 2018.

Ecrit par . – le jeudi 11 février 2021 à 18H08

La jeune femme les accuse de viol depuis 2018. Elle pleure à la barre de la cour criminelle et l’ADN des accusés a été retrouvé sur sa culotte et son vagin…

Pourtant, cette affaire de viol paraît plus complexe que certaines autres affaires qui ont été jugées par la cour criminelle.

Pourquoi ? Le comportement et la personnalité de la plaignante sèment le doute.
Assez pour que les deux accusés soient acquittés ? Nous ne le saurons que vendredi. 
 
Une soirée très alcoolisée

Les faits datent du 23 février 2018. Une étudiante de 22 ans se rend au commissariat de Saint-Pierre et porte plainte contre L.P, 41 ans, et M.T, 46 ans. Elle connaîtrait M.T de vue mais pas L.P.

Ils l’auraient invitée à continuer la soirée, en sortant de boîte de nuit vers 3h30 du matin. Elle les accuse de viol alors qu’elle était à peine consciente après une soirée très alcoolisée, vers 6h du matin, chez L.P au Tampon. Ce dernier nie les faits, son copain assure ne se souvenir de rien.

Mais les preuves pèsent contre eux : La jeune femme, qui a plus de 3 grammes d’alcool dans le sang et a consommé des drogues, présente des bleus et surtout, l’ADN des hommes est retrouvé dans sa culotte et sur son vagin. Affaire (presque) réglée. 

Une personnalité « borderline »
 
Devant la cour criminelle qui juge les deux hommes ce jeudi, le comportement de la plaignante interroge malgré tout. Elle se serait trouvée dans une situation quasi identique 7 mois auparavant en métropole, violée, selon ses dires, par un chauffeur de taxi et un ami alors qu’elle était complètement ivre.

Des faits qu’elle n’aurait dénoncés que quelques mois plus tard. Par manque de preuve, la police lui aurait conseillé de déposer une simple main courante. « Pourquoi vous être mise dans la même situation ? lui demande la présidente. – Je croyais qu’avec M.T (videur de la boite de nuit, ndlr), je n’avais pas à m’inquiéter « .

Elle appelle un ami pour récolter des preuves

Autre détail étrange : alors qu’elle a accepté de prendre les cachets d’ecstasy, elle envoie un message à un ami : « Ils m’ont droguée, je crois » avant de l’alerter, plus tard, sur le viol. Alors qu’elle attend que son ami vienne la chercher, elle danse avec M.T puis se balade dans le jardin avec L.P.

« Un comportement étrange », selon un couple arrivé vers 7h. « Je me suis mise en mode survie le temps que mon ami arrive, je voulais pas finir dans une ravine », explique-t-elle. Une fois son ami à ses côtés, place à l’enquête : la jeune femme l’emmène dans la chambre pour tenter de récolter des preuves. « C’est bizarre d’avoir la présence d’esprit de faire ça », note la présidente. Il y aussi le détail ajouté ce jeudi, mentionné à aucun moment auparavant : « J’ai fait pipi dans une bouteille de gel douche vide, au cas où ça servirait de preuve ». 
 
Un souvenir ou un mensonge ? Selon l’expert psychiatre, le travail de la plaignante avec sa psychologue aurait pu faire remonter certains souvenirs. Car sa personnalité « borderline » interroge également les experts. Elle serait fragile, avec une peur de l’abandon et des émotions très marquées ainsi que des relations passionnelles avec les autres. Dépressive, sous traitement, abusant de l’alcool et des stupéfiants, mais aussi plus intelligente que la moyenne, le rappelle son avocat Maître Georges André-Hoarau, cette personnalité la pousserait à avoir un comportement à risque ; expliquant peut-être les deux agressions en si peu de temps. 
 
Des accusés connus de la Justice

Car si pour le moment les accusés sont présumés innocents, ce ne sont pas des enfants de chœur. M.T compte 5 condamnations sur son casier judiciaire et L.P sera prochainement jugé pour trafic de stupéfiants.

Les deux auraient des personnalités psychopathiques selon l’expert. Mais aucune violence sexuelle. M.T assure n’avoir aucun souvenir de ce moment de la soirée et L.P nie toute implication. « L’ADN aurait pu se retrouver là par un tout autre moyen », affirme l’avocate de M.T, Me Nathalie Pothin. « Ou le rapport a pu être consenti et sous l’effet des drogues, de l’alcool, des antidépresseurs et antiépileptiques, elle a ensuite oublié », suggère Me Jean Christophe Molière.

Des incertitudes qui joueront en la faveur de leurs clients. Le verdict est attendu ce vendredi. 

 

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