Entre le 27 et 30 avril dernier à Saint-Pierre, quatre femmes ont été abordées par un couple à bord d’une Ford grise. Embarquées contre leur gré, ces dernières ont été dépouillées de leur carte bleue et code avant d’être laissées à leur triste sort. Au total, 600 euros ont été dérobés par les malfrats en herbe.
Trois jours après avoir commis leur premier forfait, Marie, 47 ans et Roma, 38 ans, placés sous curatelle, ont été interpellés par les forces de l’ordre grâce aux images de vidéosurveillance d’un établissement bancaire.
Ce lundi, le couple comparaissait devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. Sans détour, le prévenu, tout vêtu de blanc, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Sa comparse, elle, a assuré avoir simplement conduit le véhicule. « Il me disait fonce. J’étais sous la contrainte. Il était en colère. Lui, n’a pas le permis. Mais, on n’a pas buté ni violé« , souligne-t-elle, en tenue de survêtement.
Des propos appuyés par son compagnon. « Je l’ai poussée à faire ça car j’avais des problèmes financiers. Mais, certaines personnes n’avaient rien. La personne en rose n’avait que quatre euros« , remarque-t-il, en pointant du doigt sa victime assise à quelques centimètres de lui.
Placé en détention provisoire depuis sa mise en examen pour extorsion, Roma a souhaité adressé un message à ses victimes traumatisées. « J’ai eu un mauvais comportement en vous dépouillant. Je vous demande pardon. Je ne le referai plus, promis », fait-il lecture, de manière scolaire, de sa feuille enveloppée d’une pochette plastifiée.
« Pourquoi vous avez agressé des femmes ?« , interroge le président d’audience Nicolas Ruff. « Parce que les femmes, c’est plus facile. Avec les hommes, il faut batailler », lâche-t-il avec une sincérité désarçonnante. De quoi laisser pantoise la salle d’audience.
À l’examen des profils des mis en cause, le psychiatre met en exergue une altération de leur discernement. Par ailleurs, une injonction de soins est recommandée pour soigner leurs troubles de l’humeur et nombreuses hallucinations.
Pour la partie civile, représentée par Me Farid Issé, « chacune des victimes a été choisie » au vu de leur vulnérabilité. « Ici, ce n’est pas le Far West. Ils se prennent pour Bonnie and Clyde. Ils sont dangereux », fustige la robe noire.
Du côté du parquet, les faits sont qualifiés de « crapuleux ». « Le mode opératoire n’est pas neutre. Il est bien réfléchi à l’avance. Il donne une apparence de couple normal. Il y a un couteau dans la voiture. Ces personnes qui connaissent leur vulnérabilité transforment les victimes en objet », relève Simona Pavel dans ses réquisitions avant de demander cinq ans de prison à l’encontre de Roma et trois ans dont 18 mois avec sursis probatoire contre sa compagne.
L’avocat de la défense concède le « caractère détestable » des faits qui sont reprochés au couple. Néanmoins, Me Ali assure que son client est un « pauvre type perdu ». « Il n’a pas de gros muscles. Il n’était pas préparé », martèle-t-il.
Le tribunal a condamné l’extorqueur à 5 ans de prison. Sa compagne, elle, écope de 3 ans de prison. Le couple devra aussi indemniser ses victimes.