St-Benoit : Un nouveau mandat démarre pour Patrice Selly et son équipe
Côté chiffres tout d’abord, l’encours de la dette s’élève à 30,44 millions d’euros et l’annuité de 2023 s’élève à 4,8 millions d’euros. La commune présente désormais un ratio de désendettement de 4 années (la valeur moyenne pour les communes est plutôt de 6 ans) et l’épargne nette est fixée à 4,12 millions d’euros. De même, le taux de capacité d’autofinancement tourne autour de 12.6% « ce qui démontre une bonne santé financière des comptes communaux », assure l’équipe municipale.
Pour parvenir à ce résultat, le chemin aura été long pour la commune de Saint-Benoit. Dès leur arrivée, Patrice Selly et son équipe ont mis en place un échéancier avec la CGSS dans le cadre d’un plan d’apurement de la dette d’une durée de huit années.
Ce plan ainsi que la vente des parts de la commune au sein de la SEMAC qui a rapporté près de 9 millions d’euros, sont les deux principaux leviers sur lesquels la municipalité s’est appuyée pour sortir la tête de l’eau, explique cette dernière.
Dans le même temps, la commune avait dû fortement réduire les dépenses à caractère général, contenues ces trois dernières années à près de 9 millions d’euros en moyenne, tout en stabilisant sa masse salariale (autour de 38 millions d’euros) et les subventions allouées aux associations. Un plan de rigueur qui a permis de dégager un excédent de 7 millions d’euros affectés à l’épargne nette pour cette année.
Une sortie de crise rendue également possible grâce à la signature du COROM avec l’État (« La préfecture débloque 2,5 millions d’euros pour redresser St-Benoit »). En 2022, la ville a perçu, pour la deuxième année consécutive, une aide financière de l’Etat de 840.000 euros « qui contribue ainsi au redressement de ses comptes publics », indique-t-elle.
« Ce résultat budgétaire a été rendu possible sans recours à l’emprunt et sans avoir eu à utiliser le levier fiscal », tient à rappeler le maire de Saint-Benoit. Ce dernier souhaite désormais concrétiser une série d’investissements pour « transformer durablement » la cité des eaux vives et lui redonner son lustre d’antan. Cela passera par la mise en place d’un plan d’investissement de 20 millions d’euros inscrit dans la PPI 2023-2026 et qui ne fera pas appel à l’emprunt pour 2023.
« Les projets dont les subventions étaient déjà garanties depuis plusieurs années maintenant pourront enfin sortir de terre, à l’image du Pôle d’insertion de Sainte-Anne (2 millions d’euros) ou encore la deuxième tranche de l’école Denise Salaï dont la livraison est attendue au mois d’octobre et pèse encore pour près de 3.7 millions d’euros en 2023 », indique la municipalité.
D’autres projets viendront s’ajouter en fonds propres, comme la réhabilitation des voiries communales (500.000 euros), la bibliothèque de Sainte-Anne qui sera installée dans les jardins de la mairie annexe (300.000 euros), la réhabilitation et la création d’aires de jeux dans les quartiers (360.000 euros), la réouverture de la piscine du Butor pour la prochaine rentrée scolaire (via une subvention régionale de 40.000 euros). « Nous avons également lancé une étude pour la construction d’une nouvelle piscine à Sainte-Anne à partir de 2024 pour 8,5 millions d’euros. On peut également rajouter les travaux de mise aux normes des écoles et des bâtiments administratifs à hauteur de 500.000 euros et l’achat pour un million d’euros de matériels pour les services d’entretien de la ville », ajoute Patrice Selly. Le budget alloué au tissu associatif a également connu une hausse, passant de 1,2 million à 1,6 million d’euros.
Sur le volet culturel, plusieurs manifestations vont perdurer cette année (Pause Transat, marché paysan de Sainte-Anne) avec quelques nouveautés comme les festivités liées au Nouvel An tamoul sans oublier le projet d’une « Fête des Letchis » qui devrait avoir lieu en décembre.
Au-delà de l’investissement, la municipalité compte par ailleurs « poursuivre son engagement » auprès des familles concernant la restauration scolaire (« La cantine devient quasiment gratuite à Saint-Benoit »). Pour rappel, les tranches 1, 2 et 3a ont déjà fait l’objet d’un ajustement et à ce jour, plus de 2.000 enfants bénéficient d’un repas à moins de quatre centimes. Une gratuité progressive qui se poursuivra cette année pour les tranches 3b et 4a, le tarif du repas du de la première tranche passant de 1,08 euro et de 1,26 euro à 0,06 euro pour la seconde.
Au total, ce sont environ 800 enfants supplémentaires qui bénéficieront d’un repas à tarif réduit. « Dans le cadre du budget 2024, on pourra dire que les 5.000 enfants qui fréquentent les écoles publiques de Saint-Benoit mangeront quasiment gratuitement », après la modification de la tranche 4b l’an prochain, ajoute la municipalité.
« Nous revenons de très très loin »
L’opposition, Philippe Le Constant en tête, salue le travail « incontestable » engagé par la majorité sur le redressement des comptes. « Il y a un redressement qui a été fait et qui vous permet aujourd’hui de nous proposer un vote sur un budget équilibré », reconnaît-il. En revanche, il estime que l’équipe en place n’a fait qu’utiliser tous les leviers mis à disposition aux collectivités se trouvant dans une mauvaise passe financière, réduction de dépenses et ventes de terrains ou de parts dans les sociétés mixtes en tête. Autre remarque faite par Philippe Le Constant, la part consacrée à l’investissement. « J’ai connu des périodes où on a eu à se prononcer sur des budgets où la part de l’investissement n’était que de 23% et nous l’avions critiqué à l’époque. Nous n’en sommes pas là (…) Au vu à la fois du travail qui a été fait mais de tout ce qui reste encore à faire, nous allons nous abstenir sur ce budget », poursuit-il. Son collègue de l’opposition, Jean-Luc Julie, justifie cette abstention en raison de la part allouée à l’investissement. « Nous avons un doute que ce budget puisse être réalisé. S’il est réalisé et si on peut le dépasser, tant mieux pour les habitants », a-t-il déclaré.
Si Patrice Selly se félicite « du constat » de l’opposition « sur le travail accompli par la municipalité et les élus du groupe majoritaire« , il ne cache pas son incompréhension des remarques faites sur la « simple utilisation de leviers » pour retrouver des marges de manœuvre financière . « Nous revenons de très très loin », lance-t-il avant d’ajouter : « Ce n’est pas simplement utiliser des leviers existants. Il a fallu prendre des décisions difficiles, faire des sacrifices importants et faire preuve de courage politique ». Le maire s’est également étonné de voir l’opposition s’abstenir « sur un budget équilibré et qui marque un redressement ».
Arrivé désormais à mi-mandat « avec des bases beaucoup plus saines », l’édile bénédictin compte désormais accentuer ses efforts sur l’amélioration du cadre de vie de ses administrés, « sans pour autant dépenser de manière irréfléchie ou inconsidérée », tempère-t-il, afin de ne pas repasser la tête sous l’eau…