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Le torchon brûle entre les agents et la direction de la DEETS Réunion

La CGT de la Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DEETS) monte au créneau face à l'attitude de la directrice sur le traitement de certains dossiers. Les reproches du syndicat se portent notamment sur le manque de soutien de la direction lorsque l'institution et les agents sont attaqués. Surtout, la CGT estime qu'un dossier comporte un conflit d'intérêts, ce que la prefecture nie totalement.

Ecrit par G.D. – le lundi 30 octobre 2023 à 06H27, mis à jour le lundi 30 octobre 2023 à 20H28

L’ambiance n’est pas à la sérénité dans les couloirs de la DEETS Réunion. La section CGT de cette administration publique a décidé de mettre au grand jour les conflits qui l’opposent à Damienne Verguin, la directrice de la DEETS, concernant sa posture dans l’affaire CITI immobilier et face à l’Union des Femmes Réunionnaises (UFR).

Pour comprendre les causes de ce conflit social, il faut remonter 3 ans en arrière, durant le confinement, lorsque l’État avait mis en place les aides aux entreprises. En juillet 2020, toutes les agences immobilières du groupe CITI avaient été contrôlées à l’initiative de la Dieccte (devenue la DEETS) concernant les conditions de mise en place du dispositif de travail partiel.

Les agents avaient relevé des irrégularités, estimant que l’entreprise avait fait travailler des employés tout en touchant des aides pour compenser le manque d’activité. Des accusations qui ont débouché sur un procès en mai dernier, mais qui ont abouti à une relaxe des prévenus. Le Parquet a fait appel.

Durant ce procès, l’avocat du gérant de Citi immobilier, Me Julien Barre, avait évoqué des « méthodes de cow-boy » de la Dieccte en intervenant simultanément dans les différentes agences du groupe. Des accusations qui n’étaient pas au goût des agents qui s’étaient tournés vers la directrice pour demander de faire une déclaration publique afin de condamner ces propos.

Une demande longtemps restée lettre morte, avant que celle-ci ne déclare, selon la CGT, qu’elle « ne ferait aucun communiqué sur cette affaire. J’accepte de faire des communiqués lorsqu’un agent est agressé ou menacé ».

Réaction à géométrie variable

Face à ce long silence, l’amertume n’a jamais cessé de grandir parmi les agents. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a eu lieu en ce mois d’octobre. Le 7 octobre dernier, l’UFR avait accusé la DEETS de ne pas agir face au manque de logements d’urgence disponibles pour les femmes victimes de violences durant la période du Grand Raid. Selon la CGT DEETS 974, ces accusations auraient fait réagir la directrice au travers d’un droit de réponse par l’intermédiaire de la préfecture. Ce qui est réfuté par les autorités.

Une réaction de défense immédiate que n’ont que peu apprécié les agents de la DEETS qui attendent toujours le soutien de leur directrice sur l’affaire CITI immobilier. Dans un courrier adressé à la directrice, la CGT rappelle que « pourtant, l’UFR ne vous avait ni menacée ni agressée ! Mais vous avez quand même tenu à la ‘remettre à sa place’ par voie de communiqué. »

Contactée, la CGT DEETS 974 regrette que « les fonctionnaires soient assimilés à ça, alors que nous n’avons rien à voir » dans cette querelle opposant la directrice de la DEETS et l’association. Surtout, le syndicat apporte son « soutien intégral à l’UFR dont l’alerte est absolument justifiée. » 

« Nous rappelons enfin que les agents de la DEETS de la Réunion, dont nous avons la fierté de rappeler à quel point leur implication au service des usagers fait l’honneur du service public, n’ont strictement rien à voir avec vos prises de positions personnelles concernant l’hébergement d’urgence pour les victimes de violences, ainsi que l’étrange communiqué de presse rédigé par leur hiérarchie visant à rabrouer l’UFR », conclut la CGT dans son courrier.

Une accusation de conflit d’intérêts…

Le point de rupture définitif entre le syndicat et la directrice s’est déroulé le 11 octobre dernier lors d’une réunion entre les deux partis. Lorsque les agents ont demandé s’il existait un lien entre la directrice et le gérant du groupe CITI immobilier, la réponse a été sans équivoque : « Vous savez très bien que c’est mon cousin, je ne vais pas m’humilier et humilier l’Inspection du travail en faisant un communiqué de presse ».

Interloqués par cette « situation qui soulève un légitime questionnement quant à une éventuelle situation de conflit d’intérêts », les syndicalistes ont alors demandé à la directrice si elle avait mentionné cette proximité dans sa déclaration d’intérêt, provoquant sa colère et la fin de la réunion.

Comme le souligne le syndicat, « un arrêté oblige chaque inspecteur à déclarer ses liens avec des entreprises qu’il ne pourra pas contrôler. » De plus, la CGT DEETS rappelle que « les sanctions administratives sont soumises à l’approbation de la direction qui va les valider ou les refuser. Elle aurait dû s’écarter et une autre personne aurait due prendre sa place. »

« CITI IMMOBILIER, UFR… Deux situations de prime abord distinctes. Mais votre position envers l’une, comparée à celle envers l’autre, a malheureusement le mérite de symboliser la domination en vigueur à La Réunion depuis bien trop longtemps. Afin d’écarter toute possibilité de risque de conflit d’intérêt à la tête de notre administration et d’apporter les suites appropriées, nous demandons l’ouverture immédiate d’une enquête », conclut le syndicat dans son courrier à la directrice.

totalement réfutée par la préfecture

Contacté à sur ces accusations provenant de la CGT DEETS 974, la préfecture condamne dans un premier temps toutes attaques personnelles diffusées à l’encontre des agents et directeurs de l’administration de l’État.

Concernant la réponse aux accusations de l’UFR sur l’hébergement des femmes victimes de violences pendant le Grand Raid, les services de l’Etat affirment qu’il s’agissait de l’initiative de la préfecture et non de la directrice de la DEETS. La réponse « visait à défendre l’action de l’État, mais surtout à assurer que toute femmes victimes de violence seraient prises en charge, y compris pendant le Grand Raid.« 

Au sujet des liens de parenté entre la directrice et le gérant de CITI immobilier, « ils ont été communiqués en toute transparence tout au long de la procédure de recrutement. L’existence de liens familiaux avec une personne résidant dans le département et exerçant des fonctions de chef d’entreprise n’est pas une contre-indication pour exercer les fonctions de DEETS. Dans l’affaire en question, toujours en cours, ce lien de parenté n’a en aucun cas interféré et la directrice n’a en aucun cas fait obstacle à son déroulement : bien au contraire, l’inspection du travail a conduit une procédure (enquête, conclusions) en toute indépendance à l’égard du chef d’entreprise en question. »

Enfin, concernant les déclarations faites pendant le procès, les représentants de l’État estiment qu’ils « n’ont pas à faire des commentaires sur une procédure judiciaire, son déroulement et les déclarations qui s’y rattachent.« 

 

 

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666
1 mois il y a

les agents comprennent enfin qu’ils travaillent pour le grand capital !!! circulez, il n’y a rien à voir. prière de ne s’attaquer qu’aux ti créoles de préférence, il y a des gens « biens » qu’il ne faut pas embêter voyons !

Bibi Jacko
1 mois il y a

Tabouét et mwin ke t croi rienk kréol t corrompue et ke falé rémercié la « mère patrie » et tou les zozo ke i sort déhor pou amont à nou vivre, travay et fé avance La Réunion. Kom koi !!!

Benoîte
1 mois il y a

Je croyai que sa allait parler sur le SGC de La réunion avant de lire le texte mais rien ne filtre sur ce nouveau service de l’état monter dans l’urgence et qui ne marche pas

Malouin
1 mois il y a

Qu’elle dégage.

fidel castré
1 mois il y a

ces agents devraient se cacher de honte, c’est vraiment ca vos problèmes de vie ? le manque de soutien d’une directrice ?? sécurité d’emploi, surrémunération, 34,9 h / semaine, jours fériés, ponts, viaducs, bureaux climatisés, salaire assurés avec ou sans efforts : Si vous étiez des entreprises (que vous prétendez contrôler) vous auriez un aperçu de la vraie vie …..

Romuald
1 mois il y a

Quand les inspecteurs du travail feront cas des entorses au droit du travail, à la sécurité des salariés et au respect des élus du personnel de la part des employeurs, on en reparlera !

Tous les cas graves sont enterrés. Les lanceurs d’alerte pris de haut, soupçonnés d’en rajouter, et s’ils insistent, nos chers fonctionnaires prennent la mouche et se déclarent ensuite aux abonnés absents pendant des mois.

Il y a à La Réunion une complicité évidente entre cette administration et le patronat.

Julia
1 mois il y a

UFR? Cela sert il a quelque chose? Est un ovni politique ? La sénatrice est elle présente ? Est elle utile? Je laisse les gens sérieux apprécier

Patrice
1 mois il y a

Totoche !!!
Estomaqué de la réponse de la Pref , cette directrice est mère sans casserole alors que dans les conseil d’administration ou commission on nous demande de se dessaisir aux risques d’un conflit d’intérêt .
Mdr!!😜
Gravissime !!!

Titi
1 mois il y a

Quand est il des dossiers d’une SEM du NORD enfouis également ? Le pilote de cette SEM aurait il des liens avec Pierre – Paul – Jacques ?

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