“ – Est-ce que vous vous permettez de dire à un homme qu’il a de belles fesses ?
– Non.
– Pourquoi ?
– Parce que je ne suis pas attiré par les hommes et parce que c’est une femme”.
C’est probablement dans la teneur de cet échange entre la présidente du tribunal ce mardi et le directeur d’exploitation du Casino du Sud que résident encore les problèmes de violences et de domination sur les femmes dont le monde du travail n’en est pas exempt.
Les faits dénoncés par Louise*, la victime, courent de décembre 2019 à février 2022. A cinq reprises, le directeur va profiter d’échanges professionnels dans son bureau, le seul endroit sans caméra, pour complétement déraper. Celle-ci a indiqué avoir subi des regards insistants et des compliments sur sa poitrine, mais aussi que l’homme d’une soixantaine d’années l’avait touché alors même qu’elle était enceinte ou avait encore essayé de soulever sa robe. Pourtant, cette responsable de bar garde le sourire, ne laisse rien transparaitre et n’en parle qu’à une seule autre collègue. Cette dernière avait remarqué le malaise de son amie. Elle aussi a vécu le même type de faits. Alors qu’elle était dans le bureau du directeur pour récupérer un cadeau d’entreprise, ce dernier s’est permis de lui faire un câlin et de lui toucher le sein. Elle a osé dire non tout de suite mais, toujours salariée au sein du Casino, refuse de porter plainte.
“J’ai touché comme ça, c’était instinctif”
Dans l’établissement de jeux, l’ambiance semble très détendue. Si on s’apprête pour venir travailler et on se complimente entre collègues, les blagues grivoises sont aussi courantes. Louise insiste, pour sa part, des plaisanteries seulement entre filles et jamais avec la direction même si elle reconnait bien s’entendre avec le directeur.
Pour certains et certaines de ces collègues, Louise n’avait peut-être pas un comportement et des tenues vestimentaires provocants mais sa poitrine particulièrement généreuse était difficile à cacher dans le polo, tenue obligatoire de l’entreprise. Des remarques déplacées sur sa silhouette ou sa tenue étaient également banalisées dans cet environnement de travail, ont-ils tenté d’appuyer dans les attestations produites à la demande de la direction.
Quelles sont les limites à ne pas franchir dans ses relations de travail ? Quels comportements adopter, de surcroit quand il y a des liens hiérarchiques ?, interroge, pédagogue, la présidente du tribunal. Pourtant, le directeur ne comprend pas pourquoi il se trouve sur le banc des accusés d’autant que la seule sanction dont il a écopé à l’issue de l’enquête interne c’est de ne plus recevoir de salariée dans son bureau le soir.
L’homme reconnait pourtant avoir touché les seins de deux de ses salariés. “J’ai touché comme ça, c’était instinctif”, lance-t-il pour la première victime qui n’a pas porté plainte. En revanche pour Louise, le directeur d’exploitation avoue seulement avoir “ flirté” 4 ou 5 fois de manière consentie. Il en veut pour preuve un comportement modèle que devrait avoir une victime selon lui . “Quand on est vicitime on cherche à fuir son agresseur”, avance-t-il, s’appuyant sur le laps de temps entre les faits et le dépôt de plainte et le fait que Louise soit venue présenter son bébé sur son lieu de travail mais aussi chez lui. En effet, Louise entretenait également de bons rapports avec la femme du directeur qui venait régulièrement déjeuner au casino.
Un profil « caricatural »
Un profil de harceleur “caricatural” mais surtout “pas une once d’auto-analyse”, pointe pour les intérets de Louise Me Alain Antoine. “Quand on est de l’autre côté de la ligne, on se pose des questions”. La robe noire s’est attachée à démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un “flirt” quand on alerte les syndicats ou quand on finit par porter plainte. Quant à la notion de séduction, elle implique forcément “les règles de respect et de réciprocité”, rappelle l’avocat à l’attention de la défense pour qui la définition serait floue.
“Attérée par beaucoup de choses qui ont été dites dans les relations hommes/femmes”, la procureure établit néanmoins le faisceau d’éléments qui vient corroborer la version de la victime. “Ce n’est pas parce que les femmes ont une grosse poitrine qu’elles sont d’accord pour qu’on leur dise ou qu’on les touche”, rappelle le parquet, indigné. 10 mois de prison avec sursis, l’interdiction de contact et de paraitre au domicile de la victime durant deux ans, ainsi que 3 ans d’inégibilité sont requis à l’encontre du directeur au casier vierge.
Me Jean-Pierre Gauthier, pour la défense du directeur, retient des débats “le présupposé du tribunal : quand il y a relation de subordination il ne peut y avoir de séduction”. Son client ne reconnait qu’une seule remarque sur les seins de sa collaboratrice lui disant “ tu as de jolis seins et ça donne envie de les toucher”. L’avocat remet en cause l’intentionnalité de son client dans les faits de harcèlement sexuel reprochés. “On a le droit de tomber amoureux au travail. On a le droit de séduire au travail”, termine-t-il sa plaidoirie avant de demander la relaxe.
Le délibéré sera rendu le 12 octobre prochain.
Malheureusement l atteinte sexuelle et pas punie ici
le pire c’est que ce harceleur garde son boulot
Je n’arrive pas à comprendre ce genre de réquisitions. Pour des accusations aussi graves il ne devrait y avoir que deux solutions :
Du sursis pour agression sexuelle…c’est incompréhensible.
Copinage sûrement.
Écœurant personnage, et Justice pas à la hauteur. Et il garde son poste… Soutien d’un certain M. Fontaine derrière peut-être ?
Tous à vomir
C’est étonnant que dans toutes ces affaires d’harcèlement qu’il soit moral ou sexuel, une seule ait pu aboutir ! Pourquoi ?
Parce que notre pays qui se prétend être pays des droits de l’homme, est foncièrement machiste à tel point que la loi s’est toujours rangée du côté des hommes, et une lueur de liberté et d’espoir pour les femmes !
Cet article nous donne une lueur d’espoir qu’un tribunal et un avocat de la défense que je salue au passage, ont pu utiliser la loi comme il se doit pour sortir des griffes cette femme au courage héroïque d’un patron machiste et de facto, un prédateur sexuel !
Malheureusement, combien de femmes, voire des hommes, subir ces harcèlements répétés au boulot avec une violence inouïe de leur bourreau ! Ils n’ont d’autre choix que de fermer les yeux sous peine de licenciement (abusif) ou d’être forcés de démissionner !
A ce titre évidemment, les ASSEDIC plongent les victimes dans une double peine en leur soustrayant leur allocation alors même qu’ils ont cotisé ! Mais on va dire que c’est la loi c’est comme ça et les modalités d’attribution ont durci sous le nouveau Roi !
10 mois avec sursis…. encore un bel exemple de l’inutilité de notre justice …. ce directeur sera t’il mis à la porte ? sera t’il replacé ailleurs dans le même groupe SEHCS ???? le conseil d’administration du casino prône t’il ce genre de comportement ???? et que font les syndicats ????
Ce n’est pas assez,il faut du ferme!
Ou une correction de la rue!
Le casino qui soutient un agresseur sexuel,ne le vire pas!
Quelle chance cette femme a eu d’avoir cet avocat notoirement compétent et qui est si sincère !