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Benjamin Cauchy : « Eric Zemmour rassemble les Français autour d’un sujet majeur »

Il est le coordonnateur des Outre-Mer pour "Les amis d’Eric Zemmour", Benjamin Cauchy a été l’une des figures médiatiques des Gilets jaunes il y a trois ans. Passé chez Debout La France en tant que porte-parole et candidat aux européennes puis aux municipales, le Toulousain a finalement rejoint il y a quelques mois le staff d’Eric Zemmour pour la présidentielle. Alors qu’un comité de soutien s’est créé à La Réunion, la vision d'Eric Zemmour pour les Outre-Mer est pour l'heure ajustée par son coordonateur avant le passage de relais au niveau local. Benjamin Cauchy répond à nos questions.

Ecrit par – le samedi 27 novembre 2021 à 09H36

Comment en êtes-vous venu à jouer les premiers rôles dans l’équipe qui gravite autour d’Eric Zemmour ? Comment avez-vous fait le premier pas ?

Ça s’est fait par le biais d’une relation commune. On s’est rencontrés en début d’année 2021. Il était intéressé par la vision que je pouvais avoir sur les mouvements populaires comme celui des Gilets jaunes. On a trouvé un certain intérêt à travailler ensemble. 

Vous avez tenté, aux côtés de centaines de milliers d’autres Gilets jaunes, de changer les choses. Vous êtes désormais impliqué en politique. Avez-vous le sentiment que c’est finalement le seul moyen d’obtenir ce que vous n’avez pas obtenu dans la rue ?

Complètement, à 100%. À partir du moment où un mouvement s’enlise, refuse de se structurer, est incapable d’avoir des interlocuteurs clairement identifiés pour agir avec le gouvernement, je savais que le mouvement n’aboutirait pas. En l’espace de 3 semaines, le mouvement a pu obtenir 11 milliards d’euros. Mais dès le 10 décembre 2018, je savais que c’était fini car il fallait passer des ronds-points aux urnes. C’était clairement mon objectif, il fallait que les citoyens passent aux urnes. C’était ça ou la violence. Moi je refuse la violence. Et après ces trois premières semaines, il y a eu cette répression policière d’une réplique disproportionnée. 

Est-ce que c’est cette expérience GG qui vous pousse à ne plus croire en la parole des hommes politiques en place et donc de voir en Eric Zemmour un président providentiel ?

Il rassemble les Français autour d’un sujet majeur : la sauvegarde de notre civilisation, ce qui inclut aussi nos cultures ancestrales d’Outre-mer. Quelle que soit notre condition sociale, notre origine,… l’essentiel c’est qu’il faut que les Français vivent en sécurité. Pour moi, ce sujet prime sur tous les autres. 

Quels sont les éléments de son discours, en attendant son programme, qui vous séduisent ?

La sauvegarde de notre culture française incluant les cultures ultra-marines, ça c’est clair, car on se refuse à une uniformisation de la culture française. Le deuxième point c’est une vision de l’économie forte, basée sur la réindustrialisation, qu’elle soit moins vulnérable dans de nombreux domaines comme la recherche médicale, l’alimentaire mais aussi proposer un choc fiscal. Sur le plan économique, Eric Zemmour souhaite baisser la CSG sur les bas salaires pour créer un 13ème mois. Et puis il y a notamment un autre point : la politique d’immigration. Pour des raisons diverses, chaque morceau de France subit une immigration incontrôlée. Pourquoi ? Parce que la France est vue comme un eldorado social. Les gens sont arrivés essentiellement pour des raisons financières. Il y a des gens qui vivent en France mais qui ne se sentent pas français. Je sais que c’est un sujet qui concerne La Réunion et aussi Mayotte qui subit des vagues migratoires. Ce n’est peut-être pas le sujet majeur mais c’est un sujet fort. 

Quelles revendications des GG pourraient être reprises dans son programme ?

Eric Zemmour n’est pas là pour faire le programme des Gilets jaunes, il fera un programme pour la France et les Français. En tout état de cause, les points soulevés par les Gilets jaunes étaient la reconnaissance dans le travail, la crainte du déclassement. Oui il va répondre à ces points-là. On va mettre le paquet sur la formation professionnelle, l’apprentissage. À titre personnel, j’ai souhaité qu’Eric Zemmour développe un plan logement. Développer son pays c’est bien mais si on peut le faire avec un toit sur la tête, c’est mieux ! Dans le prochain quinquennat, il faudra un grand plan logement et c’est un sujet auquel il a été particulièrement sensible. Un patriote c’est bien, un patriote au chaud c’est mieux ! 

Pourquoi avez-vous décidé de quitter Debout la France ?

J’ai quitté Debout la France en décembre 2020 tout simplement parce que j’ai compris que Nicolas Dupont-Aignan s’engageait dans une aventure personnelle plutôt que patriote. Je ne m’y retrouvais plus. Je savais que ça ne ferait pas aller faire gagner nos idées. 
 
Dans votre parcours personnel, qu’est-ce qui fait de vous un révolté du système ? 

Un dégoût : je ne supporte pas l’injustice. Ça fait un peu Miss France de dire ça (rires). J’ai eu la chance d’avoir des parents et ma soeur qui m’ont entouré et apporté de quoi bien grandir. Cette chance-là n’est pas donnée à tout le monde. Ma maman a travaillé pendant plus de quarante ans dans le logement social. J’ai vu la misère du monde arriver à la porte de son bureau quand je passais la voir à son travail. J’ai toujours eu ça en tête. On peut mettre des drapeaux, être fier de son pays, mais pour cela il faut que les gens vivent dignement. Il y a des gens qui vivent dans la rue… Je ne conçois pas ça.

En 2002 et 2017, à chaque fois que le candidat du FN ou du RN a accédé au second tour, un front républicain s’est formé. S’il venait à se qualifier pour le second tour, Eric Zemmour échapperait-il à ce scénario selon vous ?

Oui je le pense, sincèrement. Simplement, on le voit grâce aux sondages qualitatifs dans lesquels on voit l’origine des futurs votants. J’ai l’espoir de voir que le front républicain bénéficie à Eric Zemmour. Il a cassé tous les codes. Quand vous écoutez Pécresse ou Le Pen, Eric Zemmour fait l’équation ! Il commence à imposer ses thèmes. Donc je ne pense pas qu’il y aura un plafond de verre pour Eric Zemmour comme il y en a un pour Le Pen.

Je pense qu’elle est aussi victime du syndrome patronymique car des gens refuseront toujours de mettre un bulletin Le Pen dans l’urne et puis elle a un programme économique plutôt de gauche. Pour faire la synthèse et faire adhérer une majorité de personnes, il faut au moins un diapason sur le plan économique et, pour le coup, avec Marine Le Pen, on n’est pas au diapason. Donc Eric Zemmour sera sans doute plus capable de parler aux militants LR et aux classes populaires. Je pense qu’il sera capable de parler aux deux car les classes populaires ne veulent pas l’aumône, elles veulent travailler. La différence elle est là. 

Combien de comités de soutien sont répartis dans toute la France hexagonale ?

On a une centaine de milliers de personnes qui se sont fait connaître pour tracter, coller, y compris numériquement, et même soutenir financièrement. 

Quels sont les comités de soutien déjà opérants dans les Outre-mer ?

De façon générale, nous avons planté des petits drapeaux « Z » dans toute la France et sur la planète. A Tahiti, Nouméa, chez vous à Saint-Denis, à Pointe à Pitre, à Cayenne,… Je ne vous cacherai pas que le plus dur challenge ça sera Saint-Pierre et Miquelon ! (rires).

Parce que c’est le territoire de la ministre Annick Girardin ?

Oui.

Quel est ou quels sont les territoires des DOM qui présentent, de ce que vous voyez, le plus de « ferveur » pour la candidature d’Eric Zemmour ?

Il y en a deux : la Nouvelle-Calédonie et La Réunion. Le premier c’est La Réunion. Les électeurs de droite en ont marre d’y voir leurs représentants de droite qui se déchirent constamment. Ils voient en Eric Zemmour un candidat qui est profondément patriote et son interpellation sur le choc des civilisations intéresse les Réunionnais. 

Le deuxième c’est la Nouvelle Calédonie car Eric Zemmour a déjà précisé, dans son discours de Rouen il y a un mois, que la Nouvelle Calédonie devait rester française. Ç’a été très apprécié sur place. Ç’a a eu un effet très porteur et la mésaventure des sous-marins australiens a montré que le président n’était pas le meilleur stratège dans la diplomatie économique.

J’ai pu discuter avec votre référent local. Comment fonctionne votre comité de soutien à La Réunion ? 

C’est David Soullard qui est notre référent départemental. C’est lui qui, jusqu’alors, s’attelle à rencontrer tous les sympathisants d’Eric Zemmour, de rencontrer les relais d’opinion, les leaders politiques de l’île, de collecter des parrainages, de communiquer sur les réseaux sociaux. Dans tous les endroits de France, il faut que les gens soient au courant.

Est-ce que vous êtes amené à former les responsables des comités locaux ? Par exemple sur la manière d’organiser les réunions de sympathisants ou sur le discours à tenir, etc. ?

Bien sûr. Il est évident que la candidature d’Eric Zemmour conduira à la création d’un parti politique. Et pour avoir un parti irréprochable, il faudra répondre aux obligations légales.

Un peu à la manière d’un électeur du Front national devenu Rassemblement national, constatez-vous une certaine gêne pour les militants de s’afficher pro-Zemmour ?

Beaucoup moins. En fait je vais vous dire, c’est paradoxal, il incarne pour la jeunesse le candidat anti-système, il change de doxa, il change le prisme. Il est perçu un peu hors système, il est moins « vintage » que la famille Le Pen. Je suis même agréablement surpris. Je ne pensais pas que les langues se délieraient autant. 

D’où viennent les sympathisants et militants d’Eric Zemmour ? Quel est le profil type qui se dégage ? 

Un tiers est issu du Rassemblement national, un tiers des Républicains et un tiers sont des primo militants. Les sympathisants sont de toute origine sociale ou de génération.
 
Avez-vous des soutiens d’élus ou d’hommes politiques non élus à La Réunion ?

Il y en a, vous n’aurez pas les noms aujourd’hui… Il y a des maires qui attendent qu’il soit officiellement candidat et des conseillers départementaux. Je ne m’occupe pas des parrainages donc je ne pourrais pas répondre précisément mais il y en a qui sont sur une phase de soutien pur et d’autres juste pour le parrainage car ils considèrent que quelqu’un qui est crédité d’environ 15% dans les sondages doit participer au scrutin. 

Une fois sa très probable candidature annoncée début décembre, est-ce que des déplacements dans les Outre-mer seront envisagés dans ce laps de temps très court d’ici avril, et à La Réunion ? 

Le premier trimestre 2022 sera ponctué de visites en Outre-mer, je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. On attend de tout caler. On suit évidemment l’épidémie de Covid comme le lait sur le feu et qui pourrait impacter nos déplacements de campagne. 

Dans les années 90 et 2010, Jean-Marie et Marine Le Pen avaient été accueillis froidement à La Réunion. Craignez-vous de l’hostilité vis-à-vis de votre candidat dans les départements d’Outre-mer ?

Rappelez-moi le score de Marine Le Pen à La Réunion ? 40%…! (au second tour 2017, ndlr) C’est comme pour Eric Zemmour, ses opposants choisissent l’attractivité d’Eric Zemmour pour véhiculer leurs idées. C’est l’épicerie qui veut se raccrocher au supermarché. La seule image que les médias gardent c’est que 30 dingues font de l’esclandre à l’arrivée d’un candidat… 

Les déplacements sont finement préparés pour échanger avec le maximum d’interlocuteurs possibles (élus locaux, représentants d’organisations, syndicats, associations, tout le monde). Une visite c’est aussi l’occasion pour que les Réunionnais, justement, fassent valoir toutes les richesses de l’île. La main est ouverte, c’est aussi mon rôle dans cette campagne. Je suis amené à parler avec tous les acteurs qui le souhaiteront, notamment à La Réunion. 

 

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