Ainsi, Gino Ponimballom porte plainte contre Nassimah Dindar. Si j’étais méchant, je dirais que c’est le coup de pied de l’âne (Définition du dictionnaire : « Insulte qu’adresse un homme lâche ou faible à celui dont il n’a plus à redouter le pouvoir ou la force« ). Mais je ne le dirai pas, car tout le monde sait que je ne le suis pas…
Avouez cependant que la nouvelle est surprenante : voilà quelqu’un qui a toujours appartenu à la majorité de la présidente du Conseil général, qui a trahi quand elle a trahi, qui a bénéficié de ses largesses, qui a voyagé plus que de raison en classe Affaires sans raisons valables, qui a été payé (grassement) en ne travaillant presque plus depuis de longs mois… et qui aujourd’hui porte plainte contre celle qui l’a toujours protégé !
Faut-il que le motif de discorde soit important.
En fait, Gino en veut à Nassimah de ne pas l’avoir choisi comme co-listier pour les prochaines départementales dans le canton de St-Denis qui va englober le centre-ville de St-Denis, le Bas-de-la-Rivière et la Montagne. Comment a-t-elle pu lui préférer Serge Hoarau, l’originaire de Montgaillard, à lui, l’enfant de la Montagne et conseiller général sortant ?
L’explication est simple… Nassimah, pour affaiblir René-Paul Victoria et se renforcer, a beaucoup fait pour attirer dans son groupe Serge Hoarau qui était jusque là le plus fidèle et dernier lieutenant de RPV. Mais cette acquisition a immédiatement posé un très gros problème à Nassimah. Pour que la prise de Serge Hoarau soit intéressante, encore faut-il qu’il soit encore conseiller départemental dans la future assemblée. Or, Nassimah Dindar avait signé un protocole d’accord, à l’occasion des négociations avec Michel Lagourgue pour le 2ème tour des municipales, dans lequel elle s’engageait à soutenir la candidature de Jean-Jacques Morel dans le canton dans lequel souhaitait se présenter Serge Hoarau.
Elle n’avait donc plus que deux solutions : Trahir sa parole (une fois de plus) et soutenir en sous-main Serge Hoarau qui avait déjà annoncé qu’il serait candidat coûte que coûte, ou lui trouver un autre point de chute. Et la seule autre alternative était de le prendre comme co-listier sur la Montagne… au détriment de Gino Ponimballom qui se voyait déjà élu dans un fauteuil, dans l’ombre de Nassimah.
Pour une fois, Nassimah Dindar a décidé de respecter sa signature et elle a donc choisi de prendre en binôme Serge Hoarau. Exit donc Gino Ponimballom… D’où sa colère car il a bien conscience qu’il n’a aucune chance contre la popularité de Nassimah Dindar et les moyens du Conseil général.
Ne lui reste plus dès lors qu’une solution pour arriver malgré tout à ses fins : la voie judiciaire.
Nassimah aurait tort de sous-estimer la plainte portée contre elle par le conseiller général sortant. Les années qu’il a passées rue de la Source lui ont permis de tisser un réseau d’amis susceptibles de lui fournir des preuves et il est de notoriété publique que Nassimah Dindar a toujours usé -et abusé- des moyens du Conseil général pour se faire élire aux différentes élections auxquelles elle s’est présentée. Tout comme ses adversaires de la mairie de Saint-Denis d’ailleurs qui protestaient, mais qui en faisaient tout autant. C’est le jeu politique, paraît-il…
Un jeu qui peut continuer longtemps, sauf si un grain de sable vient se glisser. Et le principal est justement une enquête judiciaire, à condition que l’on dispose de preuves solides… et que le procureur de la République ne s’empresse pas de classer la plainte sans suite, au nom de la protection d’une certaine stabilité politique, ou d’amitiés liées à l’occasion de cocktails ou de dîners en tête-à-tête ! Combien de plaintes contre des hommes et femmes politiques, pourtant fondées sur des preuves indiscutables, ont ainsi fini à la poubelle ?
Reste donc à connaître le sérieux des plaintes de Gino Ponimballom. A l’écouter, elles sont réelles. D’après son communiqué, il aurait fourni une liste détaillée de noms de Montagnards soudainement embauchés au Conseil général ou dans ses satellites, et de travaux engagés dans le secteur de la Montagne par le Département à quelques mois des élections.
Rien n’interdit au Département d’embaucher des habitants de tel ou tel secteur, y compris en période de campagne électorale. Encore faut-il que le pourcentage de personnes embauchées n’excède pas de façon flagrante celui de leur poids dans la population globale.
De même, rien n’interdit à Nassimah Dindar d’envoyer le Glaive effectuer des travaux de fleurissement sur la route de la Montagne en période de campagne électorale. A condition que ces travaux s’inscrivent dans un programme habituel et régulier.
Si tel n’est pas le cas, elle a du souci à se faire… Et ce n’est pas son argument selon lequel « cette démarche est particulièrement surprenante car Monsieur Gino Ponin Ballom est actuellement Conseiller Général et participe pleinement aux décisions des organes délibérants de la Collectivité » et qu’elle « traduit cependant un état d’esprit particulier de l’intéressé consistant à penser que des services publics rendus à la population de La Réunion (dont la ville de Saint-Denis et le quartier de la Montagne font partie), (…) relèveraient d’opérations à destination électorale« , qui suffira à convaincre les juges.
Elle ne serait pas la première à gagner sur le terrain électoral et a être ensuite mise KO sur le terrain judiciaire…
