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[Pierrot Dupuy] Nos personnels soignants, de la chair à canons, comme les « liquidateurs » de Tchernobyl

Souvenez-vous. C’était le 28 avril 1986.  La fusion d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl avait entrainé une catastrophe planétaire. On estime aujourd’hui qu’elle avait causé la mort d’environ un million de personnes, dont 150.000 « liquidateurs ». Arrêtons-nous un instant sur ces « liquidateurs », avec l’aide de Wikipedia. Vous comprendrez mieux où je veux en […]

Ecrit par zinfos974 – le dimanche 22 mars 2020 à 12H36

Souvenez-vous. C’était le 28 avril 1986.  La fusion d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl avait entrainé une catastrophe planétaire. On estime aujourd’hui qu’elle avait causé la mort d’environ un million de personnes, dont 150.000 « liquidateurs ».

Arrêtons-nous un instant sur ces « liquidateurs », avec l’aide de Wikipedia. Vous comprendrez mieux où je veux en venir dans quelques instants.

On estime qu’ils étaient entre 500 et 800.000. Il s’agissait de personnels civils ou militaires, envoyés éteindre le graphite brûlant encore dans le réacteur et construire dans l’urgence un sarcophage protecteur au dessus du réacteur en fusion.

Les équipes furent exposées à une radioactivité intense par roulement pendant des durées de quelques secondes à quelques minutes.

Ni information, ni protections efficaces

Ils ne disposaient ni d’informations sur les risques encourus, ni de protections efficaces. Ils bricolèrent pour se protéger des sortes d’armures avec des matériaux récupérés et des plaques de plomb qu’on leur avait fournis.

Les liquidateurs furent appelés « robots biologiques » ou « bio-robots ».

C’est dans ces conditions que l’incendie finit par être maîtrisé le 6 mai 1986.

Leur travail fut salué comme un acte de dévouement, voire comme un véritable « sacrifice « , et le gouvernement leur promit des augmentations de salaires et des avantages sociaux (logements, places dans les crèches…) ou symboliques (médailles et diplômes).

Ca ne vous rappelle rien?

Moi, j’ai immédiatement fait le rapprochement avec le sort de nos soignants.

Ils sont nombreux à m’avoir appelé, parfois en pleurs, pour me raconter leur détresse. Qu’il s’agisse des aides-soignant(e)s, des infirmier(e)s, des médecins, des kinés, des ORL, des dentistes, etc… La liste est longue. Sans oublier les autres professions à risques. Je pense en particulier aux caissières de grandes surfaces, aux rippers qui ramassent nos poubelles, aux personnes qui travaillent dans des laveries, etc… La liste, là aussi, est longue.

Beaucoup de similitudes entre Tchernobyl et le coronavirus

Pour moi, les catastrophes de Tchernobyl et du coronavirus présentent beaucoup de similitudes. Tout au moins en France, et encore plus à La Réunion.

Suite à l’irresponsabilité de certains (voir à ce sujet [notre article démontrant que c’est sous François Hollande que l’on a arrêté d’acheter des masques]urlblank:https://www.zinfos974.com/Pierrot-Dupuy-Fermer-Gillot-Trop-tard-le-virus-est-parmi-nous–La-faute-a-qui_a151170.html ), la France se retrouve aujourd’hui démunie.

Le préfet et la directrice de l’ARS ne sont pas responsables

J’ai au passage pris conscience d’une chose : il ne sert à rien de tirer sur le préfet ou la directrice de l’ARS. Ou même sur Macron. Ils ne font que gérer la pénurie, que gérer une situation qui les dépasse et qui ne dépend pas d’eux.

Les responsables sont François Hollande et Marisol Touraine, sa ministre de la Santé de l’époque, qui en 2013 ont pris la décision irresponsable de ne pas renouveler nos stocks de masques et d’arrêter d’en commander.

La vérité est implacable : il n’y a pas de masques en France et pas assez de tests de dépistage et il n’y en aura pas de sitôt.

Face à cela, que pouvaient-ils faire?

Dire la vérité et prendre le risque de voir les personnels hospitaliers et autre soignants faire jouer leur droit de retrait, au risque de voir exploser l’épidémie? Ou ne dire que des demi-vérités, en espérant que les masques arriveraient le plus vite possible?

C’est ce qu’ils ont choisi de faire, en faisant croire dans un premier temps qu’on avait les stocks nécessaires, puis qu’on allait bientôt les livrer, enfin qu’ils n’allaient plus tarder…

Sauf qu’en agissant de la sorte, ils se sont comportés, sans doute sans en avoir vraiment conscience du moins je l’espère, comme les dirigeants soviétiques qui, en 1986, ont envoyé plusieurs centaines de milliers de « liquidateurs » éteindre l’incendie de la centrale de Tchernobyl, sans protections, en sachant pertinemment qu’ils les envoyait à la mort.

Aujourd’hui, notre personnel soignant est menacé. Plusieurs sont déjà contaminés. D’autres le seront sûrement.

Au risque de contaminer à leur tour leurs patients et leurs familles

On les envoie au front sans aucune protection. Et leurs responsables de services essaient de les convaincre que ce n’est pas nécessaire, qu’elles ne servent à rien. Une aide-soignante me racontait ce matin encore qu’on leur disait qu’elles n’avaient rien à craindre : que quand un malade toussait, ses gouttelettes tombaient tout de suite sur le sol et disparaissaient !

Et le plus grave, comme me le faisait remarquer ce matin une autre, c’est qu’ils craignent de contaminer à leur tour leurs patients et les membres de leurs familles.

On a déjà les exemples de ces médecins qui, malades, ont continué à consulter et ont probablement contaminé certains de leurs patients.

On joue à la roulette russe

On joue en permanence à la roulette russe, en étant quasi-certains que du fait de ce manque de masques et de test, l’épidémie va exploser dans notre ile. Mais avait-on une autre solution?

Fermer plus tôt l’aéroport? Sans doute. Mais que seraient devenus les milliers de Réunionnais, nos compatriotes, qui se seraient retrouvés bloqués hors de nos frontières? Les mêmes qui crient aujourd’hui auraient hurlé à l’abandon.

Il n’y avait malheureusement pas de solution parfaite. Le préfet a choisi celle qu’il estimait la moins mauvaise. Il sera toujours temps, plus tard, lorsque l’épidémie sera partie, de dresser le bilan et de chercher les responsabilités.

Hommage et remerciements à nos soignants

En tout cas, qu’il me soit permis ici de remercier au nom de tous les Réunionnais ces personnels soignants qui se dévouent, à leurs risques et périls, pour essayer de nous protéger et de guérir ceux d’entre nous qui sont déjà atteints.

Je n’ai pas le pouvoir de leur octroyer des primes et encore moins des médailles. D’autant que je sais pertinemment que ce n’est pas ce qu’ils recherchent.

Ce qu’ils attendent, comme me l’ont dit plusieurs, c’est un peu plus de considération de leur hiérarchie. De ne pas avoir l’impression qu’on les envoie risquer leur vie en leur cachant la vérité.

Et surtout en essayant de dissimuler les carences des autres derrière des ordres aboyés plutôt que donnés avec compassion.

 

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