« Je ne suis complice de rien » tels ont été les premiers et seuls mots, quasi inaudibles, de Vanessa Lemerle en début d’après-midi, le lundi 25 octobre.
Juste avant que la présidente de l’audience criminelle ne l’interroge afin de connaître sa position concernant les faits pour lesquels [elle encourt une très lourde peine]urlblank:https://www.zinfos974.com/Sequestration-sur-fond-d-heritage-Vanessa-Lemerle-et-son-compagnon-iront-ils-en-prison-pour-30-ans_a174656.html , ses avocats, Mes Jean-Jacques Morel et Yves Monerris, avaient demandé à la cour de prononcer la libération de leur cliente, arguant que « un jour de plus, c’est un jour de trop ».
La cour s’est donc retirée pour délibérer sur cette question, qui a priori ne la concerne pas, mais également sur l’éventuelle déposition de deux nouveaux témoins, visiblement deux amies de l’accusée, citées hors délai. A ces deux questions, les magistrats professionnels ont répondu non, rappelant au passage que Vanessa Lemerle, après un an de détention provisoire et une libération sous contrôle judiciaire, avait retrouvé très vite [le chemin de la geôle]urlblank:https://www.zinfos974.com/Vanessa-Lemerle-retourne-en-prison_a142169.html pour ne pas avoir respecté ses obligations; dont une interdiction d’entrer en contact avec Omar M’Barki.
Elle nie, il reconnait partiellement
Interrogé à son tour, Omar M’Barki, un immense jeune homme barbu, coiffé d’une queue de cheval, a reconnu les violences et les actes de séquestration mais nié avoir extorqué Nicolas Lemerle.
Assis à côté de son avocat, pantalon bleu marine et chemise bleu ciel impeccable, ce dernier est resté impassible tout au long de l’après-midi. La ressemblance avec sa soeur Vanessa, leur blondeur, leur teint et leurs yeux clairs, est frappante.
D’après les éléments de l’enquête, tous deux auraient été en opposition de longue date. Les ressentiments réciproques n’auraient fait que s’aggraver au moment du décès de leur père, [le notaire Paul Lemerle]urlblank:https://www.zinfos974.com/Deces-du-notaire-Paul-Lemerle_a87302.html , un notable de La Réunion. Plusieurs incidents violents, à l’initiative de l’un ou de l’autre, auraient émaillé leur relation au cours des années précédant les faits cauchemardesques de ce 10 avril 2018.
Vanessa Lemerle se serait notamment senti spoliée au moment de l’héritage paternel mais les investigations menées par le juge d’instruction tendraient à démontrer que la succession s’était déroulée sans heurt et que chaque enfant avait financièrement été mis à l’abri par le réputé notaire.
Du sang partout dans la maison
En couple depuis quelques mois avec Omar M’Barki, rencontré en métropole, Vanessa Lemerle l’avait convaincu de venir passer des vacances sur l’île intense. Souvent, elle évoquait avec lui la détestation qu’elle éprouvait pour son frère à cause de l’héritage. La quinquagénaire aurait fait miroiter à son amant une récompense pour aller la venger, comme l’achat d’un restaurant par exemple.
Ce 10 avril, le couple, parti faire des courses dans un supermarché de l’Ermitage, avait croisé fortuitement Nicolas Lemerle. Une rencontre qui a peut-être réveillé des instincts de vengeance. Entre minuit et 4 heures du matin, le frère de l’accusée a été passé à tabac, trainé dans toute sa maison, douché de force, bâillonné avec un tuyau d’arrosage puis attaché à un arbre. Là, il aurait été menacé avec une tronçonneuse, les propos de son agresseur, encagoulé et ganté, mentionnant régulièrement sa soeur Vanessa ainsi que l’héritage. « Il y avait du sang partout dans la maison », a témoigné la directrice chargée de l’enquête, l’une des premières personnes dépêchées sur les lieux de l’agression.
Expédition punitive ?
Lors de ses interrogatoires, Vanessa Lemerle a livré à chaque fois une version différente, indiquant tout d’abord qu’elle s’était couchée alors que M’Barki était allé jouer au Casino. Puis, elle avait évolué, impliquant peu à peu ce dernier, qu’elle aurait convaincu de retourner chez son frère afin de lui rendre le portefeuille qu’il venait de dérober ainsi que les cartes bancaires.
Omar M’Barki avait commencé par raconter une histoire à dormir debout selon laquelle deux hommes s’étaient introduit au domicile de sa compagne, situé à Trou-d’Eau, dont un lui ressemblant étrangement, qu’ils l’avaient attachée à un cocotier avant de la frapper. Ces mêmes individus auraient ensuite forcé M’Barki à toucher la tronçonneuse et différents objets afin qu’il y laisse ses empreintes. Les confrontations entre les deux suspects n’avaient fait qu’ajouter de la confusion à des propos peu crédibles.
Les dépositions respectives des deux accusés, à la barre de la cour d’Assises, sont attendues dans la journée. Omar M’Barki, qui a déjà reconnu son implication va-t-il désigner sa compagne comme étant l’instigatrice d’une expédition punitive ou bien va-t-il tenter de la disculper? Quant à Vanessa Lemerle, va-t-elle jouer la carte de la crédulité et rejeter toute la faute sur M’Barki?