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Tribunal sud : le profil des 7 prévenus reconnus coupables de détention d’images pédopornographiques

Ce mercredi, 7 personnes ont été présentées à un juge dans le cadre d’une comparution immédiate au tribunal de Saint-Pierre. Elles ont toutes été condamnées à des peines de 18 à 24 mois de prison.

Ecrit par P.Bigot - G.Dumuids – le mercredi 10 novembre 2021 à 19H35

A Saint-Pierre, à Saint-Joseph, au Tampon ou encore à Saint-Louis, les 7 prévenus dans le sud sont arrivés menottés dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Saint-Pierre.

Certains en chemise et chaussures de ville, d’autres en t-shirt et savates. Les profils des prévenus, qui ne se connaissent pas, diffèrent. 

Agés entre 31 et 60 ans, tous comparaissent cependant pour détention et diffusion d’images à caractère pedo-pornographique dans le cadre [d’une vaste opération menée par le centre de lutte contre les criminalités numériques]urlblank:https://www.zinfos974.com/Pedopornographie-17-personnes-interpellees-et-placees-en-garde-a-vue_a175338.html situé à Pontoise mais aussi la section de recherches de Saint-Denis sur toute l’île. 

Dans le nord, trois personnes ont été jugées et condamnées à des peines avec sursis. Au total, 17 personnes ont été inquiétées dans cette affaire avec pour certains plus de 5000 fichiers téléchargés via la plateforme e-mule, un réseau peer to peer d’échange et de partage de fichiers. 

Le tribunal correctionnel de Saint-Pierre s’est, lui, penché sur des profils pour lesquels les expertises psychologiques ont démontré des niveaux de dangerosité modérée ayant développé « une fantasmatique pédopornographique » pour la plupart plus ou moins ancienne. 

« Je pense que j’ai une certaine perversité »

Thomas*, 46 ans, casier judiciaire vierge, est célibataire. Ce père d’un enfant de 22 ans, sans emploi, a téléchargé 353 fichiers pédopornographiques sur son ordinateur dont des vidéos particulièrement choquantes de viol d’enfants et de bébés. L’homme apparait très peu inséré dans une vie sociale et depuis 2017 visionne régulièrement du contenu pornographique. 

Damien*, 53 ans, célibataire, a un enfant avec qui il n’a pas de contact. Cet électricien a quatre mentions à son casier judiciaire pour des délits routiers. L’homme, ancien alcoolique sevré depuis plus de 2 ans, a téléchargé 474 fichiers. Il reconnaît une addiction au sexe.  » Je suis accro au cyber sexe en tout genre sauf ce qui concerne la zoophilie. Je pense que j’ai une certaine perversité », admet-il face au tribunal.

Autre profil: celui de Fréderic*, 31 ans, qui vit en concubinage et est père de deux enfants. Sans emploi, allocataire de l’AAH, il a téléchargé 191 fichiers et tente d’expliquer au tribunal qu’il a commencé « par curiosité et c’est devenu ensuite une addiction ». 

Paul*, 50 ans, père de famille, marié, est cadre dans un supermarché. L’homme est le seul à nier les faits. 597 images ont été téléchargées sur son ordinateur. Le quinquagénaire assure ne pas savoir d’où proviennent les fichiers. Pourtant Paul a utilisé « teen » (« jeune », ndlr) ou encore « petite » comme mots clés dans le moteur de recherche de la plateforme. 

Des « vidéos et des images qui soulèvent le coeur »

Durant l’audience, la vice-procureure est déterminée à faire prendre conscience à chacun des prévenus la gravité de leurs actes. Une gravité qui nécessite certes des soins et de les ficher surtout en tant que délinquants sexuels. Pour leur en faire prendre conscience, la représentante de la société n’hésite pas à décrire le contenu des images voire même à montrer les photos. Des « vidéos et des images qui soulèvent le coeur », qui ne relèvent pas « du fantasme et du virtuel »,  face à des « personnes qui trouvent du plaisir en visionnant des viols », fustige-t-elle. 

« Internet n’a jamais autant permis d’accéder à ce genre de contenus illicites », souligne Me Emeline K’Bidy. Reste la violence des images téléchargées qui mettent en scène des enfants en pleurs.  A la question de savoir comment peut-on regarder, la robe noire en soutien de Thomas avance l’explication de « l’ambivalence », ressentir à la fois du dégoût, du désir mais aussi de la honte et de la souffrance. Aussi « il faut certaines capacités d’introspection pour voir que derrière ces vidéos il y a des enfants qui souffrent ». 

Le bâtonnier Normane Omarjee s’est appuyé sur un sondage réalisé sur un site légal de contenu pornographique pour expliquer que le mot « teen » fait partie des mots-clés les plus recherchés sans pour autant tomber sur de la pédopornographie. Pour la défense de Paul, il pointe également l’imprécision de la citation. En vain.

Les 7 prévenus ont tous été reconnus coupables de l’ensemble des faits reprochés. Un a été condamné à 2 ans avec sursis probatoire durant 24 mois. Les 6 autres ont été condamnés à 18 mois assortis d’un sursis probatoire de 24 mois.

Ils ont tous reçu une obligation de soins, une interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs. Ils sont également inscrits au Fijais, le Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. La confiscation des scellés, autrement dit des ordinateurs sur lesquels ils se connectaient et collectaient des images, a également été prononcée.

 

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