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Tresta Star : « Il serait naïf de notre part de croire que le propriétaire va tout faire pour démanteler ce navire »

Après trois semaines l’échouement du Tresta Star sur la côte de Saint-Philippe, aucune action concrète n’a été réalisée, déplore Olivier Rivière. Le premier magistrat de la ville a déposé un "référé constat" devant le tribunal administratif de Saint-Denis.

Ecrit par Prisca Bigot – le mercredi 23 février 2022 à 19H29

« Je regrette encore ce matin qu’il n’y ait aucune action entreprise sur le site, qu’il n’y ait plus personne si ce n’est les journalistes et les badauds qui viennent observer le bateau se faire fracasser par une houle relativement forte », constate amer Olivier Rivière. Le Tresta Star échoué dans la nuit du 3 au 4 février dernier sur la pointe du Tremblet se fait malmener par la houle – et ce après deux épisodes cycloniques- mais ne se rompt pas. Plus de 30m de coques ont été arrachés et la mer a lavé l’intérieur du bateau.

« La pollution est avérée quoiqu’on en dise », déplore le maire de Saint-Philippe. « Dans les semaines ou mois à venir, on risque de retrouver sur des plages à Saint-Pierre ou même ailleurs des galettes de fuel, parce qu’il y a une diligence qui n’a pas été respectée par l’armateur ». Le premier magistrat de la ville ne compte pas « laisser le démantèlement se faire au frais de la nature ».

Deux juristes spécialisés dans le droit de l’environnement ont été mandatés pour la mise en œuvre d’une procédure d’urgence. Un « référé constat » a déjà été déposé devant le tribunal administratif de Saint-Denis. Il permettra de faire constater les faits et de conserver les preuves. Dans un deuxième temps, une plainte auprès de la juridiction du littoral au tribunal judiciaire de Saint-Denis (JULIS) sera portée afin d’enclencher une instruction et de constituer la commune de Saint-Philippe partie civile dans un procès correctionnel. 
 

« L’armateur doit faire le nécessaire et rien n’a été fait. Les nappes de fuel se déplacent au gré du vent et des courants. Je ne peux que le dénoncer « , s’agace l’édile qui entend faire toute la lumière sur les circonstances de ce naufrage. Saint-Philippe et d’autres communes risquent d’être concernées par la pollution. Le maire de Saint-Rose, le Parc National mais aussi le président de l’Association des maires de La Réunion ont été contactés pour s’associer à la démarche. Une action commune qui pourrait déboucher sur une indemnisation.  

« L’armateur ne peut pas se dédouaner. Sa responsabilité est pleine et entière. Des accidents de la mer, c’est comme les accidents de la route, ça peut arriver à n’importe quel moment mais il n’empêche que le propriétaire doit faire diligence pour ensuite circonscrire la pollution. Cela n’a pas été fait malgré les mises en demeure du préfet », tance Olivier Rivière. 

Ce mercredi après-midi, Olivier Rivière a également demandé au préfet à ce que le poste de commandement avancé se réunisse très rapidement avec le sous-préfet de Saint-Pierre et le directeur de la Mer Sud Océan Indien (DMSOI) pour la mise en place d’un calendrier et la définition des modalités du démantèlement du navire qui ne peut être remorqué. « Il serait naïf de notre part de croire que le propriétaire va tout faire pour démanteler ce navire. Si ce n’est pas la puissance publique, à savoir l’Etat, qui à un moment donné prend le relais et définit un rythme de démantèlement, il ne se passera rien ».  

D’autant que la firme chinoise chargée des opérations antipollutions a indiqué quitter La Réunion alors que stationnée au large de Saint-Leu. La société Lianyungang Dali Underwater Engineering, chargée de renflouer le vraquier Wakashio il y a quelques mois n’a pas été payée par le propriétaire indien du navire, la firme Amba Shipping & Logistics.

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