Si cette tragique affaire a duré si longtemps, c’est parce que la jeune femme, involontairement responsable de la mort de trois de ses jeunes amis, n’a aucun souvenir de l’accident. En creux, la question qui s’est posée lorsque le dossier est arrivé devant le tribunal était de savoir qui conduisait lorsque le véhicule avait percuté un mur en béton avant de traverser la chaussée et être propulsé dans un champ en contrebas.
Le SMUR et les pompiers avaient constaté sur place le décès de Jérémy Acadine, 23 ans, de Nelly Perrot, tout juste 20 ans. Le pronostic de Giovanny Fetisoi Miha était très engagé et le jeune homme de 18 ans avait succombé à ses blessures à la fin de la journée.
Sarah N., 24 ans, blessée au bassin et aux jambes était la seule survivante. Selon nos informations, elle participait à une soirée organisée chez Giovanny Fetisoi qui fêtait sa réussite au baccalauréat.
Plusieurs témoins ont affirmé l’avoir vue consommer de l’alcool à plusieurs reprises : champagne, tequila, bières. Certains ont même affirmé l’avoir vue tituber et prendre le volant dans un état d’alcoolisation évident. Le véhicule avait été emprunté à son père. Sarah N. venait d’obtenir son permis de conduire un mois auparavant après sept tentatives et cinq pour obtenir le code. La 406 était généralement utilisée par son frère mais ce soir là, il n’était pas en état de conduire et c’est elle qui l’avait raccompagné avant de retourner chez Giovanny.
Placée en garde à vue à de multiples reprises, Sarah N. s’était montrée peu coopérante et avait indiqué ne pas comprendre la démarche des autorités à son égard déclarant : « je ne suis pas une criminelle. Je n’ai tué personne ». Elle n’avait aucun souvenir de la soirée et était dans l’incapacité de déterminer qui conduisait la 406 au moment de l’accident mortel. C’est ainsi qu’elle avait comparu une première fois devant le tribunal correctionnel le 19 février 2019.
Devant le manque de précisions concernant les circonstances de l’accident, le tribunal n’avait pas souhaité juger et l’affaire avait été renvoyée devant le parquet invité à mieux se pourvoir. Les avocats des victimes, dont le bâtonnier Georges-André Hoarau, s’était félicité de cette décision impliquant cependant pour les familles endeuillées d’attendre encore avant de connaitre la vérité.
Une information judiciaire avait été ouverte et une expertise diligentée. Les résultats de celle-ci montrent qu’un bref endormissement, la vitesse excessive et l’alcool sont à l’origine d’une perte de contrôle suivie d’une sortie de route. Sur cette portion limitée à 30km/h, Sarah N, considérée comme la conductrice à l’issue des nouvelles investigations, roulait à une vitesse comprise entre 80 et 100km/h. Huit heures après les faits, son taux d’alcoolémie avait été relevé à 0.70gr/l.
Prochainement convoquée à comparaitre la prévenue installée désormais en métropole sera t’elle présente à son procès? Les victimes, quant à elles, attendent des réponses.