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Pénurie des engrais : La Chambre d’agriculture pousse auprès des autorités pour l’utilisation des engrais organiques

La Chambre d'agriculture ne cache pas son inquiétude concernant l'évolution de la guerre en Ukraine. Après avoir déjà tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière sur une pénurie déjà constatée sur certains intrants lors de son assemblée plénière, la chambre verte faisait cette fois-ci un point sur l'impact de ce conflit sur les filières de production végétales et animales locales avec la DAAF Réunion, les différentes représentations syndicales, les interprofessions animales et végétales, la coopération, sans oublier les représentants de l'approvisionnement local.

Ecrit par Samuel Irlepenne – le lundi 21 mars 2022 à 18H49

Comme l’a rappelé Frédéric Vienne : « Même si nous sommes loin du continent européen, nous sommes européen et français et ce qui se passe en Europe a un impact sur notre économie. On l’a vu ces dernières années via le soutien de l’UE sur notre agriculture. On essaie d’atténuer ces difficultés en trouvant des solutions, c’est ce à quoi on s’attelle« , assure le président de la Chambre d’agriculture. 

Et urgence il y a : si une tonne d’engrais valait 675 euros l’an dernier, ils vaudront désormais 1050 euros en avril 2022. Par ailleurs, la Chambre ne fait même plus de mystères sur leur disponibilité :  « On n’est même pas sûrs d’en avoir« , reconnaît Charles Adrien, de la Sicalait. L’île importe pour plus de 30.000 tonnes d’engrais chaque année.

Pour remédier à cette pénurie, la chambre verte table sur plusieurs pistes. La plus sérieuse mène à l’utilisation d’engrais organiques. Jusque-là considérés comme « l’or des agriculteurs » et largement utilisés dans nos exploitations agricoles, via l’épandage des fumiers comme le faisaient nos grands-parents, ces engrais organiques ont peu à peu laissé place aux engrais industriels, plus rentables quoi que plus nocifs pour les sols, et surtout, moins contraignants pour la législation.

« La réglementation autour de ces engrais organiques est tellement encadrée que beaucoup d’agriculteurs s’en sont détournés« , a rappelé Frédéric Vienne, qui relève par ailleurs la situation assez paradoxale que connaissent les éleveurs de Grand-Ilet, « saturés de matières organiques mais qui n’arrivent plus à en sortir« .

« Il est temps de s’en occuper sérieusement (…) Il est démontré qu’à La Réunion qu’entre les déchets verts et les déchets d’élevage, il y aurait de quoi compenser près de 80% des besoins en matière organiques. À nous de le mettre en pratique aujourd’hui« , martèle le patron de la chambre verte. 

Un avis partagé par le président de la Fédération régionale des coopératives agricoles de La Réunion (FRAC), Alain Dambreville. « On est dans un pays où il faut respecter beaucoup de normes et quand vous n’avez pas la norme vous devez jeter la ressource. Ce qui est dommage c’est que avant de nous opposer la législation, l’Etat doit plutôt nous accompagner pour trouver des solutions », explique l’agriculteur, par ailleurs président de l’ARMEFLHOR (Association réunionnaise pour la modernisation de l’économie fruitière, légumière et horticole).

Il ajoute : « On doit pouvoir trouver des substrats différents. On a eu des essais dans les scories rouges du volcan, ça fonctionne, même s’il y a une petite baisse de production. Mais si une petite baisse de production permet d’utiliser de la ressource locale et de ne pas avoir à importer, de temps en temps il faut savoir sacrifier un peu de productivité ».

Au niveau des cultures et sur le très court terme, ce sont la fraise et la pomme de terre péï qui risquent de faire les frais aussi bien de la raréfaction du fret maritime mais aussi des engrais nécessaires à leur production. « On produit à La Réunion 10.000 tonnes de pomme de terre. Nous risquons avec ces pénuries de voir d’ici les prochaines semaines des importations massives de pomme de terre« , s’inquiète Frédéric Vienne.

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