Le signalement est parti d’une vidéo du vol prise par l’un des passagers. Ce jour-là, le pilote expérimenté de 60 ans part de Pierrefonds en fin d’après-midi avec à son bord trois passagers. Pour pouvoir atterrir sur la plateforme d’aéromodélisme située dans le quartier de Bois d’Olives, Sully M. réalise des manoeuvres en forme de huit, lentement et à très basse altitude, ce qui a pour effet de déclencher à plusieurs reprises des alarmes.
Une fois l’hélicoptère posé, un des passagers descend et filme le décollage. Pour repartir à Pierrefonds, Sully réalise une marche arrière. Une manoeuvre destinée au décollage en zone inhospitalière « pour pouvoir avoir la zone d’atterrissage en face au cas où il y aurait un problème moteur », explique-t-il ce jeudi au tribunal correctionnel de Saint-Pierre. Les bandes audio saisies semblent pourtant démontrer qu’un pilote d’ULM se trouvant dans le secteur au même moment s’étonne de cette marche arrière, lui renvoie la présidente du tribunal.
Un rapport de la DGAC
En tentant également de s’appuyer sur l’avis de deux gendarmes de la brigade des transports aériens venus depuis Saint-Denis, le tribunal souligne un « vol acrobatique prohibé » lors du transport de passagers, le survol d’une partie du quartier de Bois d’Olives mais aussi des défauts dans la tenue du carnet de vol.
A la suite de cette sortie, Sully a fait l’objet d’un rapport du pilote contrôleur de la direction générale de l’aviation civile (DGAC). En revanche, aucune suite disciplinaire n’a été prise dans le cadre de cette affaire, rétorque le pilote, mécanicien diplômé en maintenance d’aéronefs. Si un conseil de discipline s’est réuni, c’est dans l’affaire du détournement de la règle des frais partagés, reconnait-il toutefois.
« Epater la galerie »
Les trois passagers, amis du pilote présents à l’audience hier, n’ont pas souhaité se porter partie civile. « J’estime avoir bénéficié d’un vol gratuit », déclare l’un d’entre eux.
« Peut-être que ce jour-là il a voulu épater la galerie », note la vice-procureure Carole Pantalacci qui requiert deux mois de sursis simple et 250 euros d’amende pour le survol de l’agglomération mais aussi pour le défaut de tenue du carnet de vol.
Partir en marche arrière, « c’est prévu, ils sont formés pour », fait valoir Me Massimo Bianchi pour la défense du pilote d’hélicoptère. L’avocat venu de Marseille déplore que les deux affaires concernant son client ne soient pas audiencées en même temps. « Si vous le condamnez, il y aura des conséquences sur l’autre dossier ». L’affaire de tromperie et travail dissimulé est en effet renvoyée à l’année prochaine et son client bénéficie jusqu’à présent d’un casier judiciaire vierge. Pointant un « dossier mal ficelé » alors qu’il n’y a pas de mise en danger, estime le conseil, il demande la relaxe. « Ce n’est pas un homme dangereux, un psychopathe du vol », lance-t-il en concluant sa plaidoirie.
Le délibéré est attendu pour le 25 novembre.