Cette mère de famille de 38 ans accumulait les animaux dans de mauvaises conditions. Certains étaient complètement rachitiques et attachés au bout d’une corde de moins d’un mètre, sans eau ni nourriture à proximité. La trentenaire se procurait les animaux sur les réseaux sociaux. Les alertes lancées par la SPA du Sud et l’association PA d’AC à la DAAF restaient sans suite. L’appel aux gendarmes et à la fourrière ont mis fin à cette situation de maltraitance. Une plainte avait été déposée.
Ce vendredi 28 janvier 2022, soit quasiment deux ans après les faits, la mère de famille et son gendre ont finalement été jugés dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.
La femme apparaît fébrile à la barre du tribunal de Saint-Pierre. Son avocate Me Amel Khlifi Etheve expose au juge, avant homologation de la peine proposée par le parquet, la situation sociale et surtout la santé mentale fragile de sa cliente. Cette mère de trois enfants au casier judiciaire vierge est en effet suivie depuis de nombreuses années. Un état dépressif et une anorexie mentale lui ont été diagnostiqués. « Elle s’est enfermée dans un système pensant pouvoir récupérer un certain nombre de chiens et de chats sur Facebook et sortir de sa dépression », indique la robe noire. Au moment des faits, la trentenaire dépassée avait également à sa charge sa mère atteinte d’Alzeihmer.
Constituée partie civile, l’association PA d’AC représentée par Laurie Carlotti est « tout à fait d’accord » sur le constat établi par la défense d’un état psychologique fragile. « Souvent les problématiques impliquant des animaux sous-tendent d’autres problématiques ». L’association s’inquiète ainsi du climat dans lequel évolue les enfants de cette famille.
Prendre en compte l’humain également
Le gendre, absent durant l’audience, est lui accusé de violences. Sa belle-mère l’avait chargé de s’occuper des chiens. Durant son audition, il n’a reconnu qu’un coup de balai une seule fois.
Pour ces faits de sévices graves commis envers des animaux domestiques, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, la mère de famille écope d’une peine de 3 mois de prison avec sursis, la confiscation des animaux et l’interdiction de détention d’animaux durant 5 ans. Son gendre est quant à lui condamné à 4 mois avec sursis et échappe à l’interdiction de détenir des animaux.
L’association Pa d’Ac qui a porté plainte souhaite oeuvrer pour que ces lignes ajoutées aux casiers judiciaires des deux mis en cause permettent d’une part une application dans les faits de l’interdiction de détenir des animaux mais surtout que dans un avenir proche, « il y ait un vrai suivi derrière ».
Pa d’Ac travaille ainsi à une meilleure prise en compte des situations humaines et sociales dans lesquelles s’insèrent les faits de maltraitance animale.« L’expérience nous montre que lorsqu’il y a de la maltraitance animale, il y a des situations de violences intra familiales, violences conjugales ou des troubles psychologiques« , souligne Laurie Carlotti.
A partir de ce constat, Pa d’Ac et l’association familiale de prévention, développement et santé (AFPDS) ont décidé de travailler dans cette démarche qui prend en compte les logiques familiales ou mentales dans le suivi socio-judiciaire des cas de maltraitance animales. « L’ AFPDS met déjà en oeuvre un programme de lutte contre la récidive pour les personnes condamnées pour violences conjugales et éducatives. Elle se chargera donc d’accueillir les personnes condamnées pour mauvais traitement sur animaux au sein du foyer », explique Laurie Carlotti. Le programme préparé par les deux associations a été proposé lors d’une consultation à la préfecture.